Le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, s’engage à augmenter les transferts fédéraux en santé aux provinces s’il devient premier ministre du pays.

C’est ce qu’il a déclaré aux journalistes au terme de sa rencontre avec le premier ministre du Québec, François Legault, lundi, à Montréal.

Je donnerai plus de financement pour la santé, d’une manière stable, prévisible et sans condition. C’est important de respecter les champs de compétence des provinces, incluant la santé.

Moi, je vais avoir une approche de collaboration, pas de confrontation, avec les provinces, a-t-il ajouté.

M. Legault et son homologue ontarien, Doug Ford, ont convenu la semaine dernière de faire front commun pour obtenir une augmentation de ces transferts, un enjeu de plusieurs milliards de dollars.

L’enjeu pour les provinces est que le fédéral paie une plus grande part de leur facture en santé qu’à l’heure actuelle.

M. O’Toole n’a pas indiqué ce qu’il entendait par plus de financement pour la santé. Une hausse des sommes versées ne signifie pas nécessairement une augmentation de la proportion des dépenses couvertes.

M. Legault est d’ailleurs demeuré prudent, en tweetant après la rencontre que M. O’Toole était ouvert à augmenter les transferts en santé.

Le nouveau chef conservateur a toutefois assuré qu’il ne décréterait pas la hausse des sommes versées aux provinces de façon unilatérale, comme l’avait décidé l’ex-premier ministre conservateur Stephen Harper en 2012.

Je vais avoir une approche différente, parce qu’après la pandémie, on doit travailler en étroite collaboration pour le bien-être des Canadiens et des Canadiennes, a-t-il assuré.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est pour sa part engagé à discuter des transferts en santé avec les premiers ministres des provinces et des territoires la semaine dernière.

Erin O'Toole et François Legault debout avec un drapeau du Canada et du Québec en arrière-plan.

Le premier ministre du Québec, François Legault (à droite), s’entretient avec le chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, lundi 14 septembre 2020.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

En faveur de la loi 101 pour les entreprises de compétence fédérale

M. O’Toole s’est aussi montré ouvert à ce que la loi 101 puisse s’appliquer aux entreprises de compétence fédérale, plutôt assujetties en ce moment à la Loi sur les langues officielles.

Personnellement, je pense que les grandes institutions fédérales devraient respecter les clauses sur la langue française au Québec, a-t-il déclaré à ce sujet.

Pourquoi les banques et les aéroports n’auraient-ils pas à le faire? Je crois que c’est une question de respect, et je comprends que la protection de la langue, de la culture et de l’identité est une priorité.

M. O’Toole a aussi réitéré qu’il n’est pas question pour lui de contester la Loi sur la laïcité de l’État québécois s’il prend le pouvoir, comme l’avait fait son prédécesseur Andrew Scheer avant lui.

Non, a-t-il répondu à un journaliste lui demandant s’il comptait intervenir, avant de souligner qu’il y avait déjà une crise de l’unité nationale, particulièrement dans l’Ouest canadien.

Nous avons besoin d’un gouvernement à Ottawa qui respecte l’autonomie des provinces, les législatures des provinces, et l’Assemblée nationale. Je vais avoir cette approche, a-t-il déclaré.

L’épineuse question des pipelines

Si Erin O’Toole s’est montré au diapason de François Legault sur ces enjeux, il est demeuré beaucoup plus circonspect sur la question des pipelines que souhaitent des provinces de l’Ouest, dont l’Alberta, pour écouler du pétrole plus facilement et à meilleur prix sur les marchés internationaux.

Au cours de sa campagne, M. O’Toole a promis de désigner des projets d’oléoducs comme étant stratégiques pour le Canada, afin d’en accélérer l’approbation.

M. Legault a plutôt fait savoir dans le passé qu’il est d’avis qu’une province a le droit d’accepter ou de refuser des projets énergétiques qui passent sur son territoire.

Interrogé deux fois plutôt qu’une à savoir s’il était en faveur d’un oléoduc transportant du pétrole de l’Ouest vers la côte est du pays, M. O’Toole a plutôt parlé de l’importance d’obtenir des débouchés en Colombie-Britannique, sans exclure pour autant un pipeline qui passerait par le Québec.

Je suis en faveur de nos richesses naturelles. Maintenant, il y a des oléoducs et des gazoducs dans l’Ouest; Trans Mountain et Northern Gateway, c’est important pour Alberta et pour notre intérêt national, a-t-il répondu à la première occasion.

Il n’y a pas de projet ici dans l’est [du Canada] maintenant. Ma priorité, ce serait des oléoducs et des gazoducs en Colombie-Britannique, parce qu’on doit avoir un avoir prix [plus] élevé pour nos ressources naturelles. Et Trans Mountain, c’est important.

Il y a quelques années, le projet d’oléoduc Énergie Est avait soulevé un tollé au Québec, avant d’être abandonné par son promoteur.

M. O’Toole ne s’est en outre pas prononcé directement sur l’idée d’une déclaration unique d’impôt gérée par le Québec, comme le préconise le gouvernement Legault. Il dit être ouvert à discuter d’une formule commune.

On doit protéger les emplois. Je vais parler avec mes collègues, les syndicats, avec les gens [du Centre national de vérification et de recouvrement de l’Agence du revenu du Canada] à Shawinigan, et je vais prendre une décision après les discussions. Je vais examiner tous les enjeux, a-t-il dit.

J’ai appris beaucoup de choses après une discussion franche […] Je suis ici pour bien comprendre les enjeux pour les Québécois et les Québécoises avant la prochaine élection.

M. Legault n’a pas encore commenté la rencontre. Il s’est contenté pour l’instant de souligner certains éléments qui en sont ressortis dans un tweet.

Bonne rencontre avec le nouveau chef du @PCC_HQ, @erinotoole.

1. Il s’engage à ne pas contester le loi 21 sur la laïcité

2. Il est ouvert à donner plus de pouvoirs au Québec en matière d’immigration

3. Il est ouvert à augmenter les transferts en santé aux provinces pic.twitter.com/jQmwnPkZ21

— François Legault (@francoislegault) September 14, 2020

Dès son élection, il y a trois semaines, M. O’Toole avait déclaré que M. Legault serait le premier chef de gouvernement provincial qu’il allait rencontrer. L’objectif est de « connecter » avec lui, avait-il affirmé.

C’est parce qu’il a une ouverture pour le Québec. […] Il l’a à cœur, alors il a décidé de commencer avec le Québec, a fait valoir le nouveau lieutenant du chef conservateur pour le Québec, Richard Martel, en entrevue à Tout un matin

Il a sorti une plateforme pour le Québec déjà dans sa course à la chefferie. Alors, c’est le premier ministre du Québec qu’il rencontre en premier. Il y tenait, a-t-il expliqué.

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