Le Bureau de santé publique de Toronto a voté à l’unanimité lundi en faveur d’une résolution qui fait du racisme contre les personnes noires un enjeu de premier plan en termes de crise sanitaire.

Un tel vote signifie que le Bureau de santé publique de Toronto souhaite rediriger des ressources pour combattre le racisme durant la période de déconfinement et dans la planification du prochain budget municipal.

Joe Cressy répond aux questions d'un journaliste

Le conseiller municipal Joe Cressy préside le conseil d’administration du Bureau de santé publique de Toronto.

Photo : Radio-Canada / CBC News

Selon la santé publique, cet enjeu doit redevenir prioritaire. Son conseil d’administration espère ainsi que la Ville réitère son engagement à consolider des politiques et des programmes contre la discrimination et les inégalités sociales, en mettant l’accent sur les Noirs de Toronto.

La résolution porte notamment sur le système de justice criminel, l’emploi, le logement et l’éducation, parce que certaines inégalités ont été relevées dans ces secteurs.

Un sans-abri sur le trottoir la nuit à Toronto

Un sans-abri sur le trottoir la nuit à Toronto.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Le conseiller municipal Joe Cressy, qui est à l’origine de la résolution, soutient que de nombreux Afro-Canadiens et autres citoyens de couleur doivent endurer la douleur, la souffrance et le racisme.

Cet enjeu ne peut être discuté en période de protestations populaires, il doit plutôt figurer à l’ordre du jour de nos priorités, de façon à ce que nous puissions lutter contre le racisme systémique et les inégalités raciales une bonne fois pour toutes.

M. Cressy a notamment fait référence aux manifestations contre la brutalité policière qui secouent les États-Unis et le monde depuis la mort de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis le 25 mai.

Un égoportrait d'une jeune femme souriante qui porte des écouteurs.

Regis Korchinski-Paquet était fière de ses origines, une gymnaste accomplie et une bénévole engagée au sein de sa paroisse, selon sa famille.

Photo : Facebook/Regis Korchinski-Paquet

Plusieurs appels en ce sens ont été formulés à Toronto après la mort de Regis Korchinski-Paquet au sujet de l’imputabilité et la transparence de la police relativement aux interactions entre les forces de l’ordre et des membres de la communauté noire.

La femme noire est tombée du balcon de son appartement au moment d’une intervention policière, il y a deux semaines. L’affaire est maintenant entre les mains de l’Unité des enquêtes spéciales.

Des militants avaient notamment demandé à la Ville de Toronto plus de services en santé mentale à la suite de sa mort.

Une femme avec un foulard orange devant un podium.

La médecin hygiéniste de Toronto, Eileen de Villa.

Photo : Radio-Canada / Rozenn Nicolle

Des statistiques de la Ville montrent que les Noirs de la métropole courent plus de deux fois plus de risques de vivre dans des familles à faibles revenus comparativement aux résidants qui ne sont pas issus des minorités visibles.

Autre fait troublant: 44 % des enfants noirs vivent dans la pauvreté contre 15 % pour les enfants blancs.

L’indignation croissante entourant le traitement des Noirs de la métropole a mené à de nombreux appels visant à revoir de fond en comble la gestion du Service de police de Toronto.

Le conseiller municipal Josh Matlow

Le conseiller municipal Josh Matlow

Photo : Radio-Canada / Lyne-Françoise Pelletier

Le même jour, les conseillers municipaux Josh Matlow et Kristyn Wong-Tam ont publié une résolution, qui demande à la Ville de réduire de 10 % le budget annuel de la police de Toronto, qui s’élève à 1,22 milliard de dollars.

Leur proposition sera soumise au conseil municipal lors de sa prochaine rencontre.

Décriminalisation des opioïdes

Le Bureau de la santé publique a par ailleurs approuvé une série de recommandations au sujet du plan d’action de la Ville concernant la prévention des surdoses d’opioïdes sur son territoire.

Une d’entre elles porte sur la décriminalisation efficace de la possession de drogue durant la pandémie.

Il y est écrit que la Ville doit presser Ottawa d’autoriser la possession de toutes les drogues à usage personnel pour tous les Canadiens, du moins durant la durée de la pandémie de COVID-19.

Photo de dizaines de croix blanches en bois plantées dans le gazon

Des croix plantées devant l’Assemblée législative à Toronto le 1er octobre, à la mémoire des victimes de surdoses d’opioïdes.

Photo : CBC/Paul Smith

Le rapport à ce sujet a été préparé par la médecin-hygiéniste en chef de Toronto, la Dre Eileen de Villa. Il propose comme mesures à la province d’augmenter le financement des programmes de réduction des méfaits destinés aux toxicomanes et d’élever le plafond sur le nombre de sites d’injection sécuritaires en Ontario.

La Dre de Villa soutient que la pandémie a causé un impact de taille sur la consommation de drogue dans la ville, puisque les services qui permettaient de venir en aide aux toxicomanes ont été suspendus à cause des risques de contagion.

Cette crise sanitaire duale a eu des conséquences significatives sur les toxicomanes de notre communauté, mais aussi sur leurs proches et leurs familles, écrit-elle.

En avril seulement, les ambulanciers de Toronto ont répondu à des appels concernant 25 cas de présumées surdoses mortelles, soit le taux le plus élevé depuis septembre 2017.

Selon les informations de CBC News

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