Racisme systémique, étatique, institutionnel, structurel… Le débat sémantique se poursuit pour tenter de circonscrire la situation des Autochtones et des autres minorités culturelles au Québec.

En conférence de presse mardi, à Montréal, le premier ministre du Québec, François Legault, a déclaré qu’il ne s’attendait pas à ce que le rapport du groupe d’action sur le racisme constitué en juin dernier – aussi connu sous le nom de « Groupe des sept » – en arrive à la conclusion qu’il y a du racisme systémique au Québec.

Je ne m’attends pas à ce que le groupe, pour avoir discuté avec eux autres, en arrive à cette conclusion-là, a-t-il répondu à la question d’un journaliste.

Dirigé par les ministres Lionel Carmant et Nadine Girault, le groupe d’action contre le racisme a été formé par le gouvernement Legault dans la foulée de la mort de l’Américain George Floyd.

Il est composé uniquement d’élus caquistes – dont le nouveau ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière – qui ont reçu le mandat de réfléchir à des façons concrètes d’enrayer le racisme. Leur rapport est attendu plus tard cet automne.

Une expression controversée

Contrairement à plusieurs autres politiciens, comme les maires de Montréal et de Québec, François Legault a toujours refusé d’utiliser les termes « racisme systémique », car, selon lui, une bonne partie de la population québécoise est mal à l’aise avec cette expression.

Mon rôle comme premier ministre du Québec, c’est de rassembler les Québécois, de poser des gestes, d’agir enfin […] pour lutter contre le racisme, incluant chez les policiers et dans les hôpitaux, a-t-il expliqué mardi.

Ce serait une erreur, selon lui, de Trudeau”,”text”:”se mettre à dos une bonne partie des Québécois qui pensent qu’il n’y a pas de système de racisme au Québec, comme le propose M.Trudeau”}}” lang=”fr”>se mettre à dos une bonne partie des Québécois qui pensent qu’il n’y a pas de système de racisme au Québec, comme le propose M. Trudeau, a-t-il poursuivi.

Plus tôt, à Ottawa, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait invité toute personne en position d’autorité, dont les chefs d’entreprise et les leaders communautaires, à reconnaître la réalité du racisme systémique et à s’engager à lutter contre cette injustice qui dure depuis trop longtemps dans notre pays.

Au gouvernement fédéral, nous savons que de reconnaître le racisme systémique, c’est la première étape nécessaire pour marcher sur cette voie de réconciliation, pour éliminer ces barrières réelles et cette violence qui est trop souvent [infligée] aux peuples autochtones et aussi à d’autres minorités visibles, a-t-il déclaré.

St-Pierre Plamondon saute dans la mêlée

En entrevue à l’émission En direct avec Patrice Roy, le nouveau chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a indiqué pour sa part qu’il préférait parler de « racisme institutionnel » plutôt que de « racisme systémique ».

La différence, a-t-il expliqué, c’est que, dans le cas du racisme institutionnel, on vérifie dans une institution si, dans ses lois, dans sa structure, dans sa façon de fonctionner, il y a bel et bien des facteurs qui favorisent le racisme, alors que dans le cas du racisme systémique, on ne se pose pas la question d’où il vient; on regarde s’il y a des inégalités et on en déduit qu’il y a du racisme.

Justin Trudeau dit que le racisme systémique est partout, en tout temps… Il y a un manque de rigueur là-dedans […]. Je trouve que le terme “systémique”, des fois, on en profite un peu pour faire des raccourcis. Or, je pense que c’est un sujet très sérieux, qui doit être traité avec sérieux.

Interrogé sur le décès de Joyce Echaquan, une Atikamekw morte sous les insultes du personnel de l’hôpital de Joliette, M. St-Pierre Plamondon répond qu’il s’agit incontestablement de racisme, mais déplore l’empressement de certains groupes militants à mettre le mot ”­­systémique” tout de suite après.

Ça se peut qu’il y ait un enjeu de racisme institutionnel dans le système de santé – allons chercher les faits –, mais ce sur quoi j’insiste, c’est qu’on doit tous reconnaître […] qu’il y a un racisme d’État, une ségrégation inacceptable venant de la Loi sur les Indiens [et que] jamais, de la part du Canada, on a vu une volonté d’abolir cette loi-là, a-t-il plaidé.

Et moi, je prétends que la façon la plus claire et la plus simple d’abolir ce régime colonial d’origine britannique, c’est de faire l’indépendance du Québec et ensuite de négocier de nation à nation pour qu’on mette fin à cet apartheid et à ce régime complètement inacceptable.

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À la même émission, le ministre Lionel Carmant a indiqué de son côté que le groupe de travail contre le racisme en était à terminer ses entrevues en vue du rapport qu’il doit remettre au premier ministre.

Au cours des derniers mois, on a entendu des experts nous parler de racisme étatique, d’autres ont parlé de racisme structurel, d’autres ont parlé de racisme systémique, a-t-il exposé.

Nous, le but, c’est de trouver des solutions pour contrer le racisme, faire avancer le Québec, et je crois que tout le monde va être fier des propositions que l’on va faire au premier ministre, a résumé le ministre Carmant.

Cela dit, notre gouvernement ne cautionne pas les termes ”racisme systémique”, a-t-il rappelé.

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Lionel Carmant assis à la table de presse devant un drapeau du Québec affiche un air sérieux.

Drame à Wendake : entrevue avec Lionel Carmant

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

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