Annamie Paul, la nouvelle cheffe du Parti vert du Canada, cite des problèmes de sécurité liés à la pandémie pour demander une fois de plus le report des élections partielles qui doivent se tenir dans deux circonscriptions de Toronto le 26 octobre prochain.

Mme Paul avait demandé une première fois vendredi au premier ministre Justin Trudeau de reporter les élections, après que celui-ci ait annoncé qu’elles auraient lieu comme prévu le 26 octobre, malgré la hausse des cas dans la métropole canadienne.

Elle a fait une nouvelle sortie sur Twitter dimanche.

Selon les plus récentes mises à jour des bureaux de santé publique locaux, il y a près de 2400 cas actifs de COVID-19 à Toronto et 555 dans la région de York.

C’est une circonscription où beaucoup de gens vivent dans la pauvreté, affirme Mme Paul au sujet de Toronto-Centre, où elle se présente. [Plusieurs] font un type de travail où ils sont à risque d’être infectés.

Selon Statistique Canada, la circonscription de Toronto-Centre est la plus densément peuplée au pays, avec 17 784 habitants par kilomètre carré. York-Centre se trouve au 52e rang parmi les 338 circonscriptions au pays, avec 2963 habitants par kilomètre carré.

La cheffe du Parti vert craint que certaines personnes ne puissent pas exercer leur droit de vote sans mettre leur vie en danger.

C’est le pire endroit où avoir une élection en ce moment. Ça va contre les recommandations des services de santé.

Le directeur général des élections a indiqué dans une lettre envoyée à la Chambre de communes qu’il faudra quatre mois pour mettre en place toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des électeurs, rapporte Mme Paul.

C’est la responsabilité du premier ministre et du directeur des élections de suspendre ces élections , ajoute la cheffe du Parti vert. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question de protéger les gens.

Annamie Paul espère que les autres candidats partagent son opinion. Lundi après-midi, elle n’avait toutefois pas reçu d’échos de leur part.

Impact politique

Du point de vue politique, ça pourrait être gagnant, s’il y a plusieurs électeurs qui ne sont pas heureux du fait qu’ils doivent aller voter pendant une pandémie , affirme le politicologue Peter Graefe, professeur à l’Université McMaster, au sujet de la demande d’Annamie Paul.

D’un autre côté, depuis son élection [à la chefferie du Parti vert], Mme Paul a demandé aux autres partis de ne pas se présenter contre elle à l’élection partielle. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne au Canada, alors ils ont dit non.

Et là elle demande le report de l’élection. Les gens pourraient se demander si ce n’est pas pour éviter un possible échec , remarque M. Graefe.

Il souligne qu’Élections Canada a déjà proposé des ajustements pour augmenter la sécurité des électeurs et du personnel, et que des élections ont été organisées ailleurs au pays dans les dernières semaines.

M. Graefe note que plusieurs parties se tournent plus que jamais vers des moyens technologiques pour joindre les électeurs de façon sécuritaire.

De plus en plus, nos élections n’ont pas cet aspect de contact personnel.

Évidemment, une élection partielle c’est un peu différent, car il y a [moins] de couverture médiatique, admet le politicologue.

Les règles en vigueur

Selon la porte-parole d’élection Canada Natasha Gauthier, le directeur général des élections peut recommander au gouvernement de retarder le jour de scrutin d’un maximum de sept jours, s’il détermine qu’il est impraticable de les tenir, en raison de la pandémie ou pour une autre raison.

Le directeur général des élections, Stéphane Perrault

Le directeur général des élections, Stéphane Perrault

Photo : Radio-Canada

Le gouvernement peut aussi choisir d’annuler l’élection et de fixer une nouvelle date, dans un délai de 3 mois. Ce pouvoir existe depuis 1952, mais n’a jamais été utilisé, selon Mme Gauthier.

Le seuil “d’impraticabilité” est une norme élevée à atteindre, explique la porte-parole d’Élection Canada.

Ce seuil est déterminé notamment en fonction de la sécurité des électeurs et du personnel électoral, le nombre de personnes concernées et de la disponibilité du personnel électoral et des bureaux de vote.

Dans le cas de ces deux élections partielles, nous savons qu’il s’agit d’une situation fluide et évolutive, que nous surveillons, ajoute Mme Gauthier.

Toute décision du directeur général des élections serait fondée sur les informations et les conseils les plus récents des autorités nationales, provinciales et locales, y compris en matière de santé publique, ainsi que des directeurs du scrutin des circonscriptions concernées.

Avec les informations de Colin Côté-Paulette

Add Your Comment