Estimant que le communiqué publié par la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie d’Amours, est une « véritable insulte » après la mort de Joyce Echaquan, la chef de l’opposition, Dominique Anglade, met en doute la capacité de la ministre à assumer ses fonctions.

En point de presse ce matin, Dominique Anglade a exprimé son indignation face à la froideur du communiqué publié par la ministre D’Amours sur le traitement dégradant subi par une mère de famille atikamekw de 37 ans qui est morte lundi soir à l’hôpital de Joliette.

Je pense qu’avec ce communiqué elle a déjà écrit sa lettre de démission. Je ne pense pas qu’elle ait la confiance du milieu du tout pour exercer ses fonctions aujourd’hui.

Honnêtement, le communiqué qui a été émis est une véritable insulte, s’est exclamée la chef de l’opposition un an jour pour jour après la publication du rapport de la commission Viens qui concluait à l’existence de discrimination systémique au Québec envers les Autochtones.

Communiqué

Dans un communiqué plutôt jovialiste publié en matinée, la ministre D’Amours souligne le premier anniversaire du rapport de la commission Viens tout en vantant les progrès faits par son gouvernement en matière de relations avec les Autochtones au cours de la dernière année.

Estimant que 51 des 142 recommandations du rapport Viens sont appliquées ou en voie de l’être, la ministre se dit fière de cet accomplissement en reconnaissant toutefois que la pandémie n’a pas permis de réaliser tous les objectifs que le gouvernement s’était fixés.

Sylvie D'Amours assise à une table devant un drapeau du Québec.

Sylvie d’Amours, ministre responsable des Affaires autochtones, estime qu’une cinquantaine des 142 recommandations de la commission Viens sont mises en oeuvre ou en voie de l’être.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

2019 et de janvier2020, mais la pandémie est venue bouleverser nos plans, à nous aussi”,”text”:”Bien sûr, nous aurions aimé agir plus rapidement pour les autres appels à l’action et nous étions bien partis, avec les rencontres d’octobre2019 et de janvier2020, mais la pandémie est venue bouleverser nos plans, à nous aussi”}}” lang=”fr”>Bien sûr, nous aurions aimé agir plus rapidement pour les autres appels à l’action et nous étions bien partis, avec les rencontres d’octobre 2019 et de janvier 2020, mais la pandémie est venue bouleverser nos plans, à nous aussi, explique Sylvie D’Amours dans son communiqué.

Des propos qui ont fait bondir la chef du Parti libéral qui a par ailleurs déploré l’absence de la ministre D’Amours à la période des questions ce matin à l’Assemblée nationale.

Quand on nous soumet un communiqué dans lequel on nous dit qu’il y a quelques mesures qui sont en voie d’être terminées et que parmi les quatre qu’on met de l’avant il y en a deux qui sont des adoptions de motions d’il y a un an, je pense que c’est sérieusement rire des gens.

Pour Mme Anglade, les relations avec les peuples autochtones et la lutte contre le racisme systémique ne sont pas des priorités pour le gouvernement Legault.

Ce que je demande aujourd’hui au premier ministre du Québec c’est d’assumer un véritable leadership dans la question autochtone, a-t-elle renchéri.

Pour Mme Anglade, la ministre D’Amours ne peut plus se contenter de faire des relations publiques avec les peuples autochtones. Elle doit reconnaître les défis importants que doivent surmonter ces communautés et y faire face.

Il est évident que la ministre n’est plus apte à occuper ses fonctions et que conséquemment on se retrouve dans une situation où après un an il n’y a rien qui a été fait. Si c’était une priorité, on verrait des résultats.

Pour Gregory Kelley, porte-parole libéral en matière d’affaires autochtones, il est par ailleurs choquant de constater que ni le ministre de l’Éducation ni même celui de la Santé n’ont daigné accorder leur attention au suivi du rapport de la commission Viens.

Dans le rapport qu’il a déposé le 30 septembre 2019, le commissaire Jacques Viens, qui dirigeait la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), livrait un constat troublant du racisme auquel sont confrontés les Autochtones et Inuit dans les services publics québécois.

Que ce soit en matière de santé physique, de santé mentale, de justice, d’espérance de vie, de parentalité, de logement ou encore de revenus, les difficultés vécues par les peuples autochtones du Québec font, selon la commission, la démonstration de la faillite du système public à répondre aux besoins des peuples autochtones. Le rapport contenait 142 recommandations au gouvernement pour améliorer la situation.

Rien n’a été fait, déplore QS

C’est inadmissible qu’un an jour pour jour après le rapport de la commission Viens rien n’a été fait. Encore plus inadmissible que le gouvernement fasse porter l’odieux de ces délais-là sur les peuples autochtones, a pour sa part déploré le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon M. Nadeau-Dubois, l’incapacité du gouvernement Legault à reconnaître l’existence du racisme systémique démontre son énorme malaise sur la question.

Gabriel Nadeau-Dubois s'adresse aux journalistes.

« Ça fait des siècles que les peuples autochtones attendent », a déclaré le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

C’est facile de renvoyer une infirmière. C’était la chose à faire d’ailleurs. C’est beaucoup plus difficile de reconnaître les défis collectifs qui sont les nôtres.

C’est regrettable que le premier ministre n’ait pas le courage de reconnaître les défis qui sont ceux du Québec d’aujourd’hui, a souligné le député.

Le député péquiste Joël Arseneau, porte-parole en matière de santé, estime pour sa part que le gouvernement n’en a visiblement pas assez fait pour améliorer la situation.

Il [le gouvernement] a nommé un comité de parlementaires caquistes qui travaillent actuellement sur le dossier. On a voulu créer ce comité probablement pour faire diversion, a estimé M. Arsenau

Le gouvernement doit faire face à ses responsabilités. […] Qu’on cesse le débat sémantique et qu’on passe à l’action.

Les critiques se multiplient

La ministre D’Amours a essuyé des critiques à plusieurs reprises ces derniers mois notamment pour son silence lors des barricades érigées sur des voies ferroviaires à Kahnawake et Listuguj.

Le 25 septembre dernier, elle avait également justifié son absence d’intervention dans les tensions entre des chasseurs et la communauté anichinabée qui leur bloquait l’accès à la réserve faunique La Vérendrye en déclarant que la responsabilité de piloter les pourparlers dans cette affaire incombait au ministère de la Faune.

Elle s’était aussi attiré des critiques à la mi-août en accusant des groupes autochtones de freiner les efforts de son gouvernement en se comportant comme le quatrième groupe d’opposition plutôt que comme des partenaires.

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