Les aspirants à la succession d’Elizabeth May sont d’accord sur plusieurs sujets, mais ils ne s’entendent pas tous sur la direction que devrait prendre leur formation politique.

C’est que le Parti vert du Canada (PVC) est divisé entre une aile modérée et une autre, plus progressiste; ceux qui souhaiteraient rallier un plus grand nombre d’électeurs au centre et ceux qui, au contraire, souhaiteraient jouer davantage dans les plates-bandes du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Cette divergence est apparue particulièrement évidente, vendredi soir, lors du débat en français de la course à la direction PVC.

Alors que certains candidats – comme Meryam Haddad, Amita Kuttner, Dimitri Lascaris ou Annamie Paul – ont exprimé très clairement leur souhait de voir évoluer leur parti plus à gauche, d’autres – comme David Merner ou Glenn Murray – se sont montrés moins enthousiastes à cette idée.

Des visions opposées

Après avoir spécifié qu’elle se trouvait en territoire non cédé de la nation Kanyen’kehà:ka (mohawk), la Montréalaise Meryam Haddad, par exemple, s’est d’entrée de jeu définie comme milléniale, écosocialiste, immigrante, lesbienne et avocate spécialisée en droit du refuge. statu quo ne veut pas voir en politique”,”text”:”Tout ce que le statu quo ne veut pas voir en politique”}}” lang=”fr”>Tout ce que le statu quo ne veut pas voir en politique, a-t-elle résumé.

Mme Haddad – qui a été brièvement exclue de la course cette semaine pour avoir affiché son soutien aux Écosocialistes de Colombie-Britannique plutôt que d’appuyer le Parti vert de la province – s’est dite de gauche et fière de l’être. Elle déplore notamment que le PVC ait choisi un slogan centriste en 2019 : « Ni à droite ni à gauche. Vers l’avant ensemble ».

Selon elle, il n’est pas approprié de dire qu’on doit être prudent avec le fardeau fiscal, au moment où frappe une crise sanitaire doublée d’une crise climatique.

À l’autre bout du spectre, David Merner, avocat lui aussi, pense plutôt qu’il faut garder l’œil sur le fardeau fiscal et revenir à l’équilibre budgétaire dans un délai de 10 ans.

Si on prend une position que ce n’est pas important, le fardeau fiscal […], on va perdre la crédibilité auprès des Canadiens, et les gens vont nous voir comme un parti qui n’est pas sérieux.

Selon lui, le PVC a besoin d’un chef capable de parler à la gauche comme à la droite, capable de parler aux conservateurs, comme aux libéraux et aux néo-démocrates. Reconnaissons la diversité d’opinion partout au Canada!, a-t-il lancé. Pas juste les écosocialistes, pas juste les conservateurs, tout le monde ensemble.

L’ex-maire de Winnipeg Glenn Murray, considéré comme l’un des favoris de la course, a abondé dans le même sens.

Nous avons une large coalition au sein de notre parti, qui appuie le revenu garanti, et cela inclut des anciens conservateurs comme Gord Miller et Jim Harris, et beaucoup de gens identifiés comme d’anciens néo-démocrates, libéraux ou socialistes, a-t-il illustré.

Selon lui, il importe en politique de ne pas se retrouver entouré uniquement d’alliés naturels, car cela devient une chambre d’écho, dans laquelle nous ne sommes jamais mis au défi d’apprendre ou de grandir.

Un absent

Le débat de vendredi soir mettait en scène sept des huit prétendants en titre. Seul Andrew West était absent, incapable de débattre dans la langue de Molière. Dans une vidéo préenregistrée, il s’est dit déçu de ne pas pouvoir présenter son point de vue alliant responsabilité fiscale et progressisme social.

La joute oratoire s’est déroulée sur la plateforme virtuelle Zoom, chaque candidat étant assis confortablement chez soi. Elle a duré deux heures en tout. La soirée était animée par la journalise Anne-Caroline Desplanques, du Journal de Montréal.

Il s’agissait du dernier débat de la course à la chefferie du PVC. La parole est maintenant aux membres, qui pourront voter par voie électronique à compter de samedi matin. Le scrutin – préférentiel – durera huit jours et prendra fin à midi le 3 octobre. Le vainqueur sera annoncé ce soir-là.

Le parti a un tournant de son histoire

Le PVC a fait élire trois députés aux élections fédérales de 2019. Sa chef, Elizabeth May, a quitté la direction deux semaines plus tard, tout en spécifiant qu’elle souhaitait conserver son siège à la Chambre des communes. Depuis, le parti est dirigé de manière intérimaire par l’ex-journaliste Jo-Ann Roberts, candidate malheureuse l’an dernier dans Halifax.

Il s’agit de la première course à la direction du PVC depuis 2006, alors qu’Elizabeth May l’avait remporté dès le premier tour de scrutin. Elle-même succédait à Jim Harris, qui dirigeait la formation depuis 2003.

Le PVC existe depuis 1983. Mais en 37 ans d’existence, il n’a jamais réussi à obtenir plus de 7 % des voix aux élections.

Avec la collaboration de Laurence Martin

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