Ottawa doit répliquer dans les prochains jours à l’imposition par Washington de tarifs douaniers de 10 % sur l’aluminium primaire produit au Canada en imposant, à son tour, des droits sur plusieurs produits américains.

Des responsables à Ottawa et à l’ambassade du Canada à Washington ont déjà confirmé que cette mesure de représailles entrera en vigueur d’ici mercredi prochain.

Le 7 août dernier, la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland avait affirmé que les contre-tarifs canadiens seraient à la hauteur de 3,6 milliards de dollars si Washington ne revient pas sur sa décision. Mme Freeland s’était donné une période de consultation de 30 jours pour déterminer les produits américains qui seront visés.

L’ambassadrice canadienne aux États-Unis, Kirsten Hillman, a affirmé dans une entrevue à CBC que la réplique canadienne est imminente.

En l’absence de changement dans la politique [américaine], les nouvelles mesures entreront en vigueur la semaine prochaine. Et elles resteront en vigueur tant que les États-Unis n’auront pas annulé les tarifs contre le Canada.

La liste des produits américains considérés afin d’être frappés par des droits de douane comprend sans surprise toute une série de biens fabriqués avec de l’aluminium.

Elle inclut notamment diverses pièces industrielles, mais aussi des réfrigérateurs, des machines à laver, des meubles contenant du métal, des bicyclettes et des bâtons de golf.

De la pression avant les élections

Des observateurs soulignent qu’une grande partie de ces produits proviennent d’États clés, alors que les nouvelles mesures interviennent à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine de novembre.

Mais pour Eric Miller, consultant en commerce qui a travaillé pour le compte du gouvernement canadien, les contre-tarifs n’ont pas pour objectif de nuire au président Donald Trump dans ces États clés, mais visent plutôt à attirer l’attention des autres candidats qui cherchent à se faire élire afin qu’ils se mobilisent contre ces tarifs.

Selon lui, la stratégie douanière du Canada est clairement marquée par des calculs politiques.

Il y a plusieurs questions à prendre en considération , affirme M. Miller. Premièrement : comment éviter de nous porter préjudice à nous-mêmes? Deuxièmement : comment convaincre les Américains de reculer?

« Minimiser les répercussions sur les Canadiens »

D’autres observateurs se disent toutefois sceptiques quant à l’éventualité d’un changement de cap de la part de l’administration Trump avant les élections prévues le 3 novembre.

La dernière fois que les États-Unis avaient imposé des tarifs sur le métal canadien, en mai 2018, il a fallu plusieurs mois de pression de la part d’Ottawa pour les abolir, nécessitant l’aide d’alliés au sein du Congrès américain, dont le sénateur républicain Chuck Grassley.

M. Grassley avait notamment publié une tribune dans laquelle il a écrit que l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) ne serait pas ratifié par le Sénat américain tant que les tarifs n’auraient pas disparu.

L’ambassadrice du Canada à Washington affirme pour sa part que l’annonce de cette semaine vise à exercer une certaine pression politique sur les États-Unis, dans l’espoir qu’ils reviendront sur leur décision.

Notre but est d’avoir le plus grand impact possible sur les États-Unis – tout en minimisant les répercussions sur les Canadiens , a dit Mme Hillman. Nous tentons de démontrer aux Américains que ce n’est pas le bon chemin à prendre.

Avec les informations d’Alexander Panetta de CBC

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