Le gouvernement provincial doit publier sa mise à jour économique pour le premier trimestre fiscal jeudi, et la question n’est pas à savoir si les chiffres seront bons, mais à quel point ils seront mauvais.

Le premier ministre Jason Kenney a déjà prévenu la population de l’Alberta que l’étendue du déficit et de la dette sera énorme.

Cela va être le pire déficit de l’histoire de l’Alberta, et de loin.

Selon le premier ministre, le déficit pour 2020 sera revu à la hausse et atteindra plus de 20 milliards de dollars, alors que le budget déposé fin février le prévoyait en dessous de 7 milliards.

Les revenus ont eux baissé de plus de 10 milliards de dollars, a indiqué M. Kenney mardi, lors de l’annonce de

son petit remaniement ministériel.

Travis Toews parle à l'Assemblée législative de l'Alberta.

Le ministre des Finances, Travis Toews, dévoilera la mise à jour économique de l’Alberta lors d’une séance spéciale de l’Assemblée législative.

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

Cette chute des revenus est imputable à la pandémie, mais aussi à la chute des prix du pétrole. Le premier trimestre fiscal couvre les mois d’avril, de mai et de juin, une période pendant laquelle les prix du brut sont passés dans le négatif.

La dette augmentera de manière importante , et le gouvernement devra s’en préoccuper, a ajouté le premier ministre.

Mettre les comptes à zéro

Selon l’économiste en chef de l’établissement financier Alberta Central, Charles St-Arnaud, la mise à jour économique est un bon moyen de remettre les pendules à l’heure et de prendre la mesure de la tâche à accomplir, d’autant plus que le budget a été déposé juste avant la pandémie et semble maintenant caduc.

On sait que le déficit va être très élevé pour cette année. La grande question pour la plupart des gens est : comment va-t-on réduire le déficit dans les années qui viennent, affirme-t-il. 

Quel va être le plan pour ramener un équilibre budgétaire à moyen long terme?

Des indications d’une vision à plus long terme seraient bienvenues pour rassurer le monde économique, selon lui, mais il ne s’attend pas à ce qu’elle soit présentée lors de la mise à jour de jeudi.

Selon le politologue du campus Saint-Jean Frédéric Boily, cette vision doit cependant se dessiner bientôt. Il rappelle en effet que l’Alberta doit gérer trois niveaux d’incertitude : l’évolution de la pandémie, l’avenir de son industrie pétrolière névralgique et la relation difficile avec le gouvernement fédéral.

Un gouvernement conservateur qui dépense

Le professeur ajoute que le miniremaniement, avec la création d’un ministère de l’Emploi, de l’Économie et de l’Innovation, a semblé faire allusion à une diversification de l’économie, mais que le signal a été bien faible. La grande question qui va se poser pour le gouvernement Kenney, c’est à quel point encore on veut appuyer l’industrie pétrolière, dit-il. 

L’autre dilemme que doivent résoudre les conservateurs unis est de déterminer à quel point le gouvernement provincial peut continuer ses programmes de dépenses alors qu’il a été élu sur la promesse d‘un retour à l’équilibre plus rapide.

On voit bien la période actuelle comme étant difficilement une période de restriction fiscale et de lutte contre le déficit. Donc, mettre ça sur pause pour un moment et prévoir éventuellement un retour à l’équilibre budgétaire, mais pas comme on l’avait prévu… Là, la question qui se pose, c’est jusqu’à quel point Jason Kenney et les siens sont prêts à élargir l’horizon temporel, ajoute-t-il.

L’opposition officielle a déjà renvoyé le gouvernement faire ses devoirs. Selon la porte-parole en matière de Finances, Shannon Phillips, les circonstances sont certes exceptionnelles, mais la philosophie du gouvernement en est responsable.

Elle a ainsi insisté sur le fait que, même avant la pandémie, les politiques gouvernementales n’arrivaient pas à créer de l’emploi.

J’ai plus entendu parler d’ordre du jour séparatiste que de crise économique, a-t-elle dit en référence au point de presse de M. Kenney mardi.

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