Le premier ministre du Québec, François Legault, s’est positionné mardi en faveur d’un projet controversé à Saint-Hyacinthe, où la coopérative agricole Exceldor aimerait construire un nouvel abattoir de poulets.

De passage en Montérégie dans le cadre de sa tournée estivale, M. Legault a qualifié de malheureuse la décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), qui a refusé en décembre la demande de dézonage agricole déposée par la Ville de Saint-Hyacinthe pour permettre à Exceldor de s’établir en bordure de l’avenue Pinard.

Le premier ministre a appelé de tous ses vœux les parties prenantes – Exceldor, la CPTAQ, mais aussi l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui s’oppose au projet – de conclure une entente qui pourrait permettre à la coopérative de réaliser son projet, évalué à 175 millions de dollars.

D’autant plus que celui-ci pourrait permettre la création de emplois à court terme”,”text”:”600emplois à court terme”}}” lang=”fr”>600 emplois à court terme, et d’encore emplois dans 10ans”,”text”:”600emplois dans 10ans”}}” lang=”fr”>600 emplois dans 10 ans, a souligné M. Legault.

J’invite l’UPA, les agriculteurs, à travailler avec les autres agriculteurs, parce qu’Exceldor, c’est une coopérative de producteurs. Donc, je les invite à travailler ensemble pour trouver une solution.

Irait-il jusqu’à demander au ministre de l’Agriculture André Lamontagne de signer un décret – ce qu’il a justement refusé de faire, la semaine dernière, dans le dossier PAIR, à Saint-Jean-sur-Richelieu? Moi, mon premier choix, c’est vraiment de faire une entente avec l’UPA et avec la CPTAQ, a-t-il répliqué, sans répondre directement à la question.

M. Legault a toutefois laissé entendre que le dézonage agricole était un enjeu plus politique que juridique.

En fin de compte, ça devrait être les citoyens qui décident, a-t-il plaidé. Et quand je vois l’appui des maires et de la préfète [Francine Morin], eh bien je me dis qu’ils sont là pour représenter les citoyens.

Les électeurs mécontents du travail de ces élus pourront toujours les sanctionner lors du scrutin municipal de l’an prochain, a suggéré le premier ministre.

Selon la décision de la CPTAQ, la demande de dézonage agricole déposée par la Ville de Saint-Hyacinthe concerne deux lots acquis par la Municipalité en 2006 et 2009, dont la superficie totale est de 23,64 hectares. Ces terrains se trouvent à la limite du parc industriel Olivier-Chalifoux.

Au lendemain du verdict, Exceldor avait déclaré par communiqué qu’elle n’entendait pas laisser tomber le projet pour autant. Il est toujours de notre intention d’implanter notre future usine de transformation à l’endroit visé par la demande de la Ville de Saint-Hyacinthe, écrivait-elle, en ajoutant qu’elle évaluait tous les recours possibles afin d’y arriver.

Depuis, la MRC des Maskoutains a déposé une autre demande de dézonage à la CPTAQ. Mais elle aussi a été refusée.

Ni la Ville ni la MRC n’a réussi à convaincre la Commission de l’importance de détruire le territoire agricole pour agrandir le parc industriel de la Ville de Saint-Hyacinthe, a souligné mardi soir Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Et pour cause, d’autres terrains sont disponibles dans la région maskoutaine.

M. St-Jacques cite entre autres les municipalités de Saint-Damase et de Saint-Pie, qui seraient toutes deux disposées à accueillir une nouvelle usine d’Exceldor, selon un article publié dimanche dernier dans le Courrier de Saint-Hyacinthe.

Une pression « insoutenable »

Plus largement, l’UPA demeure préoccupée que les sols cultivables demeurent menacés par la pression liée à l’étalement urbain. Particulièrement en Montérégie.

terrains de football pour assouvir leurs besoins en développement”,”text”:”Les deux dernières années seulement, les municipalités de la Montérégie ont réclamé à la CPTAQ l’équivalent de 1000terrains de football pour assouvir leurs besoins en développement”}}” lang=”fr”>Les deux dernières années seulement, les municipalités de la Montérégie ont réclamé à la CPTAQ l’équivalent de 1000 terrains de football pour assouvir leurs besoins en développement, a fait savoir M. St-Jacques dans un courriel transmis à Radio-Canada mardi soir. La pression exercée sur le territoire agricole est devenue insoutenable.

Selon lui, les pouvoirs et les compétences conférés à la CPTAQ doivent non seulement être respectés par les villes, mais aussi bonifiés par le gouvernement.

Nous demandons au premier ministre François Legault un engagement de son gouvernement afin de mieux protéger le garde-manger collectif de la population québécoise.

Exceldor exploite à l’heure actuelle six usines de transformation de poulet au Canada : quatre au Québec (à Saint-Anselme, Saint-Damase, Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Agapit); une à Hanover, en Ontario; et une à Winnipeg, au Manitoba. Elle a également procédé récemment à l’ouverture d’un centre de distribution à Beloeil, sur la Rive-Sud.

La coopérative commercialise des produits sous plusieurs marques, dont Exceldor, Butterball et Granny’s.

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