Alors qu’Erin O’Toole est devenu, dans la nuit de dimanche à lundi, le nouveau chef du Parti conservateur du Canada (PCC), les membres saskatchewanais du parti ont fortement appuyé la candidature de Leslyn Lewis. Comment expliquer la popularité de cette avocate de Toronto, qui a pris le troisième rang de la course à la chefferie du PCC, dans l’Ouest canadien?

Leslyn Lewis était relativement inconnue lorsqu’elle est entrée dans la course à la succession d’Andrew Scheer.

Elle a tout de même réussi à amasser la somme de 300 000 $ requise pour les frais d’inscription et recueilli les signatures nécessaires grâce à des groupes sociaux conservateurs bien organisés.

La détentrice d’une maîtrise en études environnementales était également la première femme issue d’une minorité visible à se présenter à la direction du parti. Elle n’en a toutefois pas fait un atout de sa campagne, préférant mettre l’accent sur ses antécédents professionnels et universitaires.

Pour le professeur de sciences politiques au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta à Edmonton Frédéric Boily, la popularité de Leslyn Lewis en Saskatchewan montre la force du conservatisme social dans les provinces des Prairies.

C’était la même chose lors de la dernière course à la direction où des conservateurs sociaux comme Brad Trost ou Pierre Lemieux avaient créé une certaine surprise. Ce n’est rien de nouveau lorsqu’on se rappelle un peu du passé, explique-t-il.

Frédéric Boily note que le PCC tente pourtant de se détacher quelque peu de cette aile plus conservatrice du parti dans un effort de modernisation. Il rappelle cependant que les conservateurs sociaux ne se laissent pas mettre de côté facilement.

C’est une minorité du parti, mais une minorité très active. C’est ce qui explique leur succès dans les courses à la direction. Ces réseaux-là sont bien organisés en Saskatchewan, en Alberta et même au Québec. Leslyn Lewis a vraiment profité de ça, ajoute le professeur.

Il indique également que les supporteurs de David Sloan, éliminé dès le premier tour du scrutin, se sont ralliés à l’avocate torontoise, puisqu’elle se présentait comme une fervente défenseure des valeurs du conservatisme social.

C’est là qu’on a vu entrer son vote de façon importante dans toutes les provinces de l’Ouest. C’est à cet électorat-là que Leslyn Lewis s’adressait, explique Frédéric Boily.

Plan moyen de Frédéric Boily debout devant une caméra dans un studio de télévision. Tout autour de lui est flou.

Le professeur Frédéric Boily croit que Leslyn Lewis était la candidate qui représentait le mieux les valeurs du conservatisme social (archives).

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Malgré sa popularité au terme de la course à la chefferie, il est encore trop tôt, selon M. Boily, pour qualifier Leslyn Lewis d’étoile montante du Parti conservateur.

Il faut en premier qu’elle se fasse élire. La mécanique d’une course à la direction et la mécanique d’une élection dans une circonscription ne sont pas les mêmes, précise-t-il.

Il ajoute que, si elle a réellement des ambitions de devenir chef du PCC un jour, Leslyn Lewis doit apprendre le français afin de rallier les conservateurs du Québec et les francophones hors Québec.

Avec les informations de Gregory Wilson et d’Aimée Lemieux

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