De passage dans le Nord-du-Québec, le premier ministre Legault a définitivement fermé la porte à la mise en oeuvre intégrale de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, appuyée par Ottawa en 2010, puis par le gouvernement caquiste en 2019. 

Sa mise en oeuvre est l’une des principales recommandations du rapport de la commission Viens qui concluait, en septembre 2019, que l’État perpétue des pratiques discriminatoires envers les Autochtones.

Questionné sur les suites qu’il entend donner à cette recommandation, à l’issue d’un sondage sur le racisme dévoilé plus tôt cette semaine par l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), le premier ministre a opposé une fin de non-recevoir en ce qui a trait à son application intégrale.

Oui pour travailler ensemble [avec les Premières Nations et les Inuit], non pour donner un droit de veto, a-t-il affirmé.

Après avoir d’abord refusé d’y adhérer en 2019, le gouvernement de la CAQ avait finalement appuyé une motion de Québec solidaire reconnaissant les principes de cette déclaration et visant à négocier sa mise en oeuvre.

Il faut être très prudent avec la Déclaration des Nations unies. Oui sur les principes, mais il ne faut pas qu’il y ait d’impact sur l’intégrité du territoire québécois et, pour avoir joué dans ce film-là dans une vie précédente, quand j’étais dans un autre parti, faut être très prudent avec cette reconnaissance-là, a indiqué François Legault à Chibougamau.

Oui les nations autochtones doivent être reconnues, elles étaient ici avant nous, on doit travailler avec elles, […] mais on ne voudrait pas non plus qu’on se retrouve dans une situation où on donnerait un droit de veto sur tous les projets économiques au Québec ou sur plusieurs projets économiques au Québec, a ajouté le premier ministre.

Ce que dit la déclaration de l’ONU

Les articles 10 et 11 de la Déclaration de l’ONU adoptée par 143 pays contre 4 en 2007 ( le Canada était parmi les pays dissidents à l’origine) soulignent l’obligation pour les États d’obtenir un consentement préalable des communautés autochtones pour tout projet qui les touchent.

L’article 26.2 stipule également que les peuples autochtones ont le droit de posséder, d’utiliser, de mettre en valeur et de contrôler les terres, territoires et ressources.

La route de la Baie-James, Legault se dit ouvert

Le premier ministre n’écarte pas l’idée de renommer la route de la Baie-James en l’honneur de Billy Diamond, comme le demandent les Cris, mais il estime qu’il s’agit d’un dossier délicat.

La semaine dernière, le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee), dans le nord du Québec, a adopté une résolution en ce sens, afin d’honorer Billy Diamond, l’un des principaux négociateurs et signataires de la Convention de la Baie-James de 1975.

Il faut comprendre que la route de la Baie-James, pour les Jamésiens, c’est associé à un grand projet, un grand succès, […] donc il y a une partie qui est presque émotive, a déclaré François Legault.

Rappelant que certaines infrastructures ont été nommées en l’honneur des ex-premiers ministres Bernard Landry et Robert Bourassa, François Legault estime toutefois que ces honneurs doivent être réciproques.

Oui Robert Bourassa, oui Bernard Landry, mais oui aussi à Billy Diamond, a-t-il indiqué.

Je pense que c’est un dossier qui est délicat. Il faut le travailler avec les maires, entre autres les maires qui représentent aussi les Jamésiens. Donc on n’est pas fermés à l’idée, mais on veut travailler ce dossier-là ensemble, a conclut le premier ministre, juste avant d’ajouter : On pourrait parler par exemple d’une route Baie-James-Billy Diamond, quelque chose comme ça…

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