Le premier ministre Justin Trudeau a encore une fois témoigné de sa confiance envers Bill Morneau mardi, au lendemain de la nomination de Mark Carney – perçu par certains comme un potentiel ministre des Finances – à titre de conseiller spécial sur la façon de gérer la crise de la COVID-19.

Le premier ministre a pleinement confiance en le ministre Morneau et toute déclaration contraire est fausse. Le premier ministre sait que le ministre Morneau et toute l’équipe de ministres au sein du cabinet continueront d’effectuer le travail sur lequel les Canadiens comptent pour les aider à surmonter cette pandémie, peut-on lire dans la déclaration émise par le bureau de Justin Trudeau en après-midi.

La missive insiste sur le fait que Bill Morneau a eu un rôle central dans la construction d’une économie forte avec un taux de chômage historiquement bas, créant plus d’un million de nouveaux emplois au cours du premier mandat du gouvernement libéral.

Il a aussi joué un rôle de premier plan dans la création de la Prestation canadienne d’urgence (PCU), de la Subvention salariale d’urgence du Canada et d’autres mesures de soutien en ces temps difficiles, et il poursuit cet important travail, peut-on encore lire.

Cette sortie publique survient à la suite d’un article publié mardi matin par le Globe and Mail affirmant que les jours de Bill Morneau pourraient être comptés.

Le quotidien écrit aussi que le Bureau du premier ministre aurait été pris de court en apprenant que M. Morneau avait voyagé avec l’organisme UNIS (mieux connu sous son nom en anglais, We Charity) sans rembourser ses dépenses.

Le ministre a par la suite émis un chèque de 41 000 $ pour rembourser ses frais de voyage. Il a procédé à ce paiement tout juste avant de comparaître devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes concernant son rôle dans l’affaire UNIS.

De plus, le journal soutient qu’il y aurait aussi eu des mésententes entre le ministre des Finances et le Bureau du premier ministre quant à direction à prendre dans la gestion de la crise sanitaire.

En plus d’avoir voyagé gratuitement avec l’organisme UNIS, Bill Morneau ne s’est pas récusé des discussions du cabinet sur l’octroi du contrat controversé à UNIS, malgré la collaboration de deux membres de sa famille immédiate avec l’organisation caritative.

Il a présenté ses excuses et s’est défendu en soulignant qu’il n’avait fait que suivre les recommandations formulées par la fonction publique.

Le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique enquête sur le rôle du ministre des Finances dans l’attribution du contrat controversé à l’organisme UNIS.

Un contrat sans appel d’offres

Le gouvernement Trudeau est dans la tourmente depuis l’attribution en avril dernier du contrat sans appel d’offres pour la gestion du programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, d’une valeur de 500 millions de dollars, à l’association caritative UNIS. Celui-ci aurait pu recevoir jusqu’à 43,5 millions de dollars pour la gestion du programme.

Cette décision a provoqué une levée de boucliers en raison de liens apparents entre l’organisme et la famille de Justin Trudeau, qui a lui-même participé à plusieurs événements de l’organisme créé en 1995 par les frères Marc et Craig Kielburger.

La mère de Justin Trudeau, Margaret, et son frère Alexandre ont reçu plus d’un quart de million de dollars pour avoir participé à des événements de l’organisme. La femme du premier ministre Sophie Grégoire Trudeau est ambassadrice de l’organisme et elle anime un balado pour le compte de celui-ci.

Devant la controverse, UNIS a finalement renoncé au contrat le 2 juillet et le programme est maintenant administré par la fonction publique.

Expertise en gestion de crise

Dans les cercles libéraux, certains voient déjà l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney comme un candidat potentiel au poste de ministre des Finances, Bill Morneau étant considéré comme affaibli par l’affaire UNIS.

M. Carney est un habitué de la gestion de crise. Il a été gouverneur de la Banque du Canada pendant la crise financière de 2008 et gouverneur de la Banque d’Angleterre pendant la crise du Brexit.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE), Mark Carney

Mark Carney a été gouverneur de la Banque d’Angleterre.

Photo : Reuters / POOL New

Le chef démissionnaire du Parti conservateur Andrew Scheer a pour sa part exhorté de nouveau le premier ministre à réclamer la démission du ministre Morneau.

On veut que M. Morneau démissionne. Mais c’est clair qu’il ne va pas [le faire]. Parce que Justin Trudeau ne peut pas [avoir] des standards envers ses ministres qu’il ne peut pas atteindre lui-même, a-t-il déclaré.

On ne va pas avoir un grand impact sur l’économie entre Bill Morneau et quelqu’un d’autre quand Justin Trudeau est le premier ministre, a-t-il ajouté.

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