Des militaires canadiens déployés dans des foyers pour aînés de l’Ontario pour combattre des éclosions de COVID-19 y ont fait des constats « extrêmement dérangeants », a révélé mardi Justin Trudeau.

Le premier ministre canadien n’a pas révélé la nature de ces faits, observés dans plusieurs établissements, en évoquant la situation lors de son point de presse quotidien devant sa résidence officielle de Rideau Cottage.

Le rapport, dévoilé en début d’après-midi par Queen’s Park, évoque la présence de nourriture avariée et de coquerelles dans des résidences, de médicaments expirés et de bénéficiaires laissés dans des culottes d’incontinence souillées.

J’ai lu hier [lundi] le rapport des Forces armées canadiennes, et je peux dire que c’était effectivement extrêmement dérangeant.

Nous allons être là pour aider, mais c’est certain que nous devons faire beaucoup mieux pour protéger nos aînés dans nos CHSLD, nos centres [de soins] à long terme à travers le pays, a-t-il ajouté.

Justin Trudeau a précisé qu’il avait appris l’existence du rapport vendredi après-midi et qu’il l’a lu lundi

Le document a toutefois été envoyé à Queen’s Park en fin de semaine, et le premier ministre canadien dit en avoir discuté avec son homologue Doug Ford mardi matin.

J’ai eu de la tristesse. J’ai été choqué, j’ai été déçu, j’ai été fâché. Je pense qu’on voit une situation qui, évidemment, est une réalité liée actuellement à la COVID, mais qui est là depuis longtemps.

Le bureau du ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, a fait savoir peu après qu’un second rapport sur les enjeux que les militaires ont rencontrés au cours de leur mission au Québec est en préparation. On ne sait pas quand ce rapport sera remis.

La façade et l'enseigne d'un immeuble

Orchard Villa est l’un des établissements de soins de longue durée de l’Ontario où des militaires ont été déployés.

Photo : Radio-Canada / Angelina King/CBC News

Le premier ministre Trudeau a aussi fait savoir en conférence de presse que les gouvernements du Québec et de l’Ontario ont demandé à ce que la mission des Forces armées canadiennes dans les foyers pour aînés soit prolongée.

À Québec, le cabinet de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, dit souhaiter que la mission soit prolongée jusqu’à ce que la situation dans les CHSLD soit sous contrôle, selon les critères établis par la santé publique.

Le premier ministre Doug Ford a indiqué pour sa part qu’il avait demandé une prolongation de la mission de 30 jours dans sa province.

Ottawa souhaite régulariser la situation de certains demandeurs d’asile

Justin Trudeau s’est aussi montré intéressé à régulariser le statut des demandeurs d’asile qui travaillent actuellement dans des CHSLD après être entrés de manière irrégulière au Canada.

Lundi, le premier ministre du Québec François Legault a annoncé que son gouvernement étudiera le cas de ces personnes pour voir si elles peuvent être considérées comme des immigrants.

Cela nécessite cependant l’approbation d’Ottawa.

Ces gens font un travail héroïque pour protéger les Canadiens, a commenté le premier ministre canadien, et nous sommes en train regarder comment on peut reconnaître ce travail et peut-être accélérer le processus.

Le ministre de l’Immigration est en train de travailler justement là-dessus, a ajouté M. Trudeau, confirmant la volte-face du gouvernement canadien dans ce dossier.

Un homme masqué portant des gants et une blouse jaune lave une civière.

Le travail des préposés aux bénéficiaires est essentiel à la bonne marche des opérations, tant dans les hôpitaux que dans les centres d’hébergement pour aînés.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Au début du mois, la vice-première ministre du Canada Chrystia Freeland avait plutôt défendu le système canadien. C’est important pour nous d’être un pays de droit et on va continuer d’être ça, avait-elle déclaré.

C’est sûr que notre système d’immigration est ancré dans le respect des processus, [dans] l’équité et l’égalité pour tout le monde, a commenté le premier ministre canadien à ce sujet.

C’est important de suivre ces processus, mais dans une situation exceptionnelle, on peut évidemment considérer des exceptions.

On comprend qu’il y a un désir dans la population de reconnaître et remercier ces gens-là, mais nous devons nous assurer que c’est fait de la bonne façon et en bonne et due forme, a-t-il aussi dit.

10 millions de masques fabriqués par GM

M. Trudeau a par ailleurs profité de sa conférence de presse pour faire le point sur l’approvisionnement en équipements de protection individuelle de son gouvernement.

Il a notamment annoncé qu’un contrat a été conclu avec le fabricant automobile GM pour la fabrication de 10 millions de masques. La production est en cours, a-t-il dit, sans dévoiler la durée ou la valeur de ce contrat.

Ottawa a aussi conclu un contrat pour la fabrication de 10 000 respirateurs artificiels par l’entreprise Vexos, en collaboration avec l’équipe du Dr Art McDonald, lauréat du prix Nobel de physique en 2015.

Sur une note personnelle, le premier ministre a indiqué qu’il a l’intention de subir un test sérologique dans le cadre de l’étude visant à vérifier si les porteurs du virus développent des anticorps.

L’étude sera importante pour déterminer à quel point la maladie s’est répandue dans la population canadienne, y compris chez les gens qui n’ont pas développé de symptômes, comme possiblement moi, a-t-il dit.

La femme du premier ministre, Sophie Grégoire Trudeau, a contracté la COVID-19, mais s’est depuis rétablie. M. Trudeau n’a lui-même jamais fait état de symptômes de la maladie.

Le premier ministre a aussi annoncé qu’il s’entretiendra jeudi avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness.

L’objectif de la rencontre sera d’examiner les défis économiques auxquels le monde fait face et trouver différentes façons d’aider les pays en développement.

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