Le premier ministre a annoncé dimanche qu’il annulait son séjour officiel dans les Caraïbes en raison de la crise qui paralyse le système ferroviaire dans l’est du pays depuis plusieurs jours.

De retour vendredi de sa tournée en Afrique visant à faire élire le Canada au Conseil de sécurité de l’ONU, Justin Trudeau a été lourdement critiqué pour son absence durant les premiers jours de cette crise, qui prend de plus en plus d’ampleur au pays.

Le premier ministre, qui devait voyager lundi pour se rendre à la Barbade, – toujours dans le cadre de sa campagne de séduction afin d’obtenir un siège au Conseil de sécurité –, a finalement annulé sa mission pour tenter de trouver des solutions aux barrages ferroviaires.

C’est le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne qui le représentera au cours de cette rencontre internationale.

Justin Trudeau, qui a consulté ses ministres tout au long de cette fin de semaine, a mentionné dans un message Twitter qu’il a convoqué plusieurs d’entre eux à une réunion lundi matin.

Durant l’absence du premier ministre, Ottawa a fait l’objet de critiques pour ne pas avoir pris des mesures visant à déloger les manifestants. Le chef conservateur Andrew Scheer avait notamment reproché à Justin Trudeau de vouloir fuir ses responsabilités.

Au cours des derniers jours, les contestataires ont installé des barrages sur d’importantes voies ferroviaires afin de protester contre un projet de gazoduc, qui traverserait le territoire ancestral des Wet’suwet’en, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique.

Les trains étaient toujours immobilisés dimanche après-midi en Gaspésie, où les Micmacs de Listuguj manifestent depuis lundi en appui à la nation britanno-colombienne.

Le barrage ferroviaire installé il y a 10 jours sur le territoire mohawk de Tyendinaga, à l’est de Belleville, en Ontario, a quant à lui entraîné l’interruption du service la compagnie de chemins de fer du Canadien National (CN), et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Le premier ministre de l’Ontario Doug Ford a déclaré dimanche s’être entretenu avec M. Trudeau au sujet de ces barrages, lui demandant une action immédiate et un plan clair pour mettre fin aux blocages des chemins de fer du CN.

J’invite le gouvernement fédéral à travailler avec les communautés touchées pour trouver une solution.

Selon M. Ford, il s’agit d’un problème national de grande ampleur qui a un impact sur tous les Canadiens et nécessite un leadership fédéral.

Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a de son côté salué la décision, bien que « tardive  », de Justin Trudeau de suspendre son voyage, tandis que le chef du Nouveau parti démocratique (NPD) a évoqué « un échec flagrant de leadership ». Dans des messages publiés sur Twitter, les chefs de l’opposition ont tous deux exhorté le premier ministre à traduire les discussions en actions concrètes.

S’assurer d’une « solution pacifique »

Le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, a rencontré samedi des représentants de la nation mohawk, près de Belleville.

À l’émission Question Period du réseau CTV, M. Miller a évoqué les crises d’Oka et d’Ipperwash pour rappeler que le dialogue était préférable à l’intervention policière.

Il y a trente ans, la police a foncé dans le tas à Kanhesatake et quelqu’un a été tué. Qu’avons-nous appris de tout cela? Qu’avez-vous appris d’Ipperwash?

M. Miller a reconnu que les barrages ferroviaires nuisaient à l’économie, mais que le gouvernement était résolu à trouver une solution pacifique pour régler de telles disputes.

Croyons-nous en la paix? Croyons-nous à un dialogue avec des gens avec lui nous ne partageons pas nécessairement la même opinion?, a-t-il demandé. : assurons-nous d’obtenir une solution pacifique.”,”text”:”Nous continuons de répéter les mêmes erreurs. Mon conseil à mes collègues est le suivant: assurons-nous d’obtenir une solution pacifique.”}}” lang=”fr”>Nous continuons de répéter les mêmes erreurs. Mon conseil à mes collègues est le suivant : assurons-nous d’obtenir une solution pacifique.

Le chef de Tyendinaga, Donald Maracle, a mentionné qu’il n’avait pas participé aux discussions de samedi et a refusé de s’exprimer sur le sujet.

Karen Brant, une résidente non-autochtone de Tyendinaga, a quant à elle souligné que si la population était contre le projet de gazoduc, elle était néanmoins divisée sur le fait d’ériger des barrages sur les voies ferroviaires.

Les gens croient en leur combat, mais ils s’interrogent seulement sur les répercussions sur l’économie, a-t-elle relaté.

Elle a cependant ajouté que l’enjeu avait réuni des Autochtones et des non-Autochtones venus apporter des couvertures, des articles de toilette et des repas chauds aux manifestants.

Cela a rassemblé la communauté. Les manifestants ont reçu le genre d’appui qu’on ne voyait jamais auparavant. Il est dommage qu’il faille se rendre à ce stade pour se faire comprendre.

Un barrage en moins…

Des membres de la Première Nation Gitxsan ont accepté de lever temporairement le barrage établi près de Hazelton, en Colombie-Britannique, jusqu’à une éventuelle rencontre entre les chefs héréditaires des Wet’suwet’se et des représentants des gouvernements fédéral et provincial.

Le cabinet du premier ministre Trudeau a confirmé que la ministre Bennett serait disponible pour commenter dès que les arrangements de la rencontre auront été convenus. Le ministre des Relations avec les Autochtones de la Colombie-Britannique, Scott Fraser, a déjà annoncé qu’il représenterait la province lors de ces discussions.

La rencontre se déroulera lundi à Victoria.

Les chefs de la nation Wet’suwet’en ont l’intention d’accepter l’invitation lancée les Gitxsan.

Nous sommes près à avancer d’un pas de manière positive. Notre réponse demeure la même : ce gazoduc ne traversera pas notre territoire.

Toutefois, l’un des chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en a jeté un froid en indiquant que ses collègues et lui assisteraient à cette rencontre en « qualité de témoins ».

…Et un de plus

Une vingtaine de manifestants bloquent depuis dimanche midi la voie ferrée à Saint-Pascal, dans le Bas-Saint-Laurent, a indiqué la Sûreté du Québec (SQ).

Le corps de police provincial a expliqué en début d’après-midi être sur place pour s’assurer que des infractions ne soient pas commises, ajoutant que la police du CN se dirigeait vers les lieux.

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