Les propos du premier ministre qualifiant Julie Payette d’« excellente » gouverneure générale irritent certains plaignants qui reprochent à la gouverneure générale d’avoir fait régner un climat de terreur à Rideau Hall. Ils se disent troublés par les « paroles chaleureuses » de Justin Trudeau à l’endroit de Mme Payette.

Un ancien membre du personnel va jusqu’à qualifier les commentaires du premier ministre de coup de pied au ventre. D’autres se disent désormais plus déterminés à parler à l’enquêteur indépendant qui doit se pencher sur les allégations de harcèlement contre Mme Payette.

Mercredi, en entrevue à la station de radio RED FM, à Vancouver, Justin Trudeau a déclaré qu’il n’entendait pas pour l’instant demander à la reine de remplacer la gouverneure générale.

Nous avons une excellente gouverneure générale en ce moment et je pense qu’en plus de la crise de COVID, personne n’envisage de crise constitutionnelle.

Un ancien employé de Rideau Hall se demande si le premier ministre prend les plaintes de harcèlement au sérieux. Cela m’a attristé, dit-il avant d’ajouter : je n’ai pas le sentiment d’être traité équitablement en tant qu’être humain. Il ne se rend pas compte qu’il y a des gens derrière ces allégations qui ont souffert.

En juillet, CBC News faisait état d’une douzaine de fonctionnaires et d’anciens employés de Rideau Hall qui accusaient la gouverneure générale de harcèlement psychologique créant un climat toxique à Rideau Hall.

Mme Payette aurait humilié et rabaissé ses employés publiquement. Sa secrétaire et amie, Assunta Di Lorenzo, est visée par les mêmes allégations. Elle insulterait les employés et exploserait de colère à la moindre contrariété.

Une enquête externe

Le Bureau du Conseil privé a confié à Quintet Consulting le mandat d’examiner les allégations visant Mme Payette et son bras droit.

La firme doit rédiger un rapport d’ici la fin de l’automne. Les employés actuels et anciens de Rideau Hall sont appelés à participer à l’enquête.

Plus que jamais décidés à témoigner

Les récentes déclarations du premier ministre auraient amené au moins neuf personnes, dont des fonctionnaires et d’anciens employés de Rideau Hall, à vouloir prendre part à l’enquête, même celles qui ne semblaient pas chaudes à l’idée de témoigner.

Un ancien employé de Rideau Hall se demande si les commentaires du premier ministre ne viennent pas interférer dans le processus d’enquête.

Pour une autre source, même si une entreprise crédible mène l’examen, si le gouvernement ne fait rien une fois qu’il a reçu le rapport, rien ne changera.

Le temps pris par le premier ministre avant de se prononcer suscite également des interrogations parmi les plaignants.

L’un d’entre eux pense que si le premier ministre avait vraiment le sentiment que Mme Payette faisait du bon travail, il l’aurait dit en juillet lorsque l’histoire originale a éclaté. Il trouve bizarre qu’il ait attendu un mois avant d’apporter son soutien à Mme Payette. Je pense qu’il y a un jeu politique en cours, dit-il.

Selon la même source, M. Trudeau craint peut-être que Mme Payette ajoute quelque chose d’inattendu à son discours du trône du 23 septembre, ou de ce qui pourrait se passer en cas d’élection soudaine.

D’après le reportage d‘Ashley Burke (Nouvelle fenêtre) de CBC News

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