Les manifestants mohawks de Tyendinaga et le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, poursuivent leur rencontre à huis clos dans le centre communautaire mohawk près de Belleville, en Ontario, pour tenter de débloquer les blocages ferroviaires qui touchent le pays.

Le ministre s’est rendu sur les lieux où les manifestants protestent depuis une dizaine de jours autour des voies ferrées du Canadien National (CN) au passage à niveau de la route Wyman.

À son arrivée sur place, le ministre s’est adressé aux journalistes, exprimant son espoir […] d’ouvrir un dialogue entre personnes et entre peuples qui se sont arrêtés de dialoguer et de parler.

Le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller

Le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller s’est adressé aux médias avant la rencontre avec les manifestants.

Photo : Radio-Canada

On le voit partout au pays il faut entretenir un dialogue à la fois ouvert et respectueux sans se cacher les vraies affaires. Donc c’est la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui, c’est pour rentrer dans un dialogue honnête, difficile, pénible parfois, et les écouter.

Si on ne règle pas nos affaires de la bonne façon, ça va continuer, a ajouté Marc Miller estimant que la rencontre avec les manifestants pourrait durer plusieurs heures.

Un premier échange tinté de scepticisme

Lors d’un premier échange entre les Mohawks et le ministre, avant de se réunir à huis clos, le leader Seth LeFort, qui répond au nom mohawk Kanenhariyo, n’a pas caché sa méfiance, craignant que le gouvernement vienne démanteler les barricades sous le couvert du dialogue.

On craint peut-être qu’il s’agisse d’un stratagème, qu’il y ait peut-être un désir de venir ici et de parler, mais qu’il y ait un autre objectif. J’espère que ce n’est pas le cas.

Un Autochtone parle au ministre derrière une table.

« Il y a beaucoup de peur chez mon peuple parce que votre pays ne nous a pas très bien traités », a déclaré le leader mohawk Kanenhariyo au ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller.

Photo : APTN

Le leader a rappelé les sombres pages de l’histoire canadienne avec les Autochtones. Ils sont blessés. On leur a manqué de respect et ils ont peur, peur que vous n’en ayez pas fini avec nous, que vous complotez pour nous ramener votre armée. On a vu ça avant à Caledonia et en 1990 avant ça, a-t-il rappelé, faisant référence à la crise d’Oka.

Les mots sont puissants, mais les actions ont un sens, a-t-il déclaré.

Les manifestants ignorent une injonction

Malgré la prolongation d’une injonction obtenue par le CN, les manifestants continuent de protester contre le projet de gazoduc Coastal GasLink, en solidarité avec certains membres de la Nation Wet’suwet’en en Colombie-Britannique.

Les Mohawks refusent le passage des trains à Tyendinaga jusqu’au départ des agents de la GRC du territoire de Wet’suwet’en, où le gouvernement emploie des policiers militarisés pour escorter les ouvriers de Coastal GasLink qui construisent un nouveau gazoduc, peut-on lire dans un communiqué publié vendredi par les Mohawks.

Des manifestants tiennent un drapeau mohawk.

Les manifestants autochtones refusent de lever leur blocus, malgré une rencontre le 11 février avec des représentants de la Police provinciale.

Photo : Radio-Canada / Rozenn Nicolle

La Police provinciale de l’Ontario (PPO) n’a pas entrepris de faire appliquer l’injonction pour l’instant, et dit qu’elle continue à souhaiter un dénouement pacifique.

Jeudi, le ministre Marc Miller avait prié les manifestants de mettre fin à la protestation et aux barricades sur les voies ferrées dès que possible et avait proposé à la Nation mohawk de le rencontrer samedi, ce que les Mohawks avaient accepté vendredi.

Un manifestant le poing en l'air.

Les manifestants bloquent les voies ferrées par solidarité avec les chefs héréditaires des Wet’suwet’en qui s’opposent au projet de gazoduc Coastal GasLink, en construction en Colombie-Britannique.

Photo : Radio-Canada / Rozenn Nicolle

La manifestation, qui dure depuis 10 jours, bloque le trafic des trains VIA Rail partout au pays et celui de marchandises opérées par le CN dans l’Est du Canada. VIA Rail a indiqué vendredi soir que 299 trains avaient été annulés depuis le début des manifestations et plus de 63 000 passagers avaient été touchés par les perturbations ferroviaires. Le CN a déclaré de son côté qu’en date du 10 février, des marchandises d’une valeur de 1,7 milliard de dollars avaient été retardées. Le CN a déploré l’impact des perturbations sur ses revenus et ses activités et a averti qu’il pourrait y avoir des mises à pied d’employés.

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