Le député de Vachon Ian Lafrenière remplace Sylvie D’Amours à titre de ministre responsable des Affaires autochtones du Québec, a annoncé vendredi le premier ministre François Legault.

nations autochtones”,”text”:”J’ai pensé que c’était nécessaire de donner un nouvel élan à nos relations avec les 11nations autochtones”}}” lang=”fr”>J’ai pensé que c’était nécessaire de donner un nouvel élan à nos relations avec les 11 nations autochtones du Québec, a-t-il expliqué en conférence de presse.

La sous-ministre aux Affaires autochtones, Marie-José Thomas, perd également son poste pour les mêmes raisons. On pense qu’une nouvelle équipe pourrait aider à relancer les discussions avec ces nations, a dit M. Legault.

Le premier ministre a vanté le leadership et l’humanité du nouveau ministre, en soulignant qu’il a développé d’excellentes relations avec plusieurs nations autochtones lorsqu’il travaillait pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Ça fait un an que le rapport Viens a été déposé. Donc, je lui ai dit que je m’attends à avoir des résultats concrets, qu’on soit capable de dire [qu’il] y a des recommandations qui sont réglées, et que ça se fasse rapidement.

M. Legault a aussi souligné qu’il est important de rebâtir un peu plus de confiance, voire des relations idéalement fraternelles avec les nations autochtones.

Il y a beaucoup de travail à faire, a-t-il réitéré, évoquant le taux de diplomation très bas dans les communautés, mais aussi les enjeux de santé, d’économie, de logement, ainsi que les relations avec les policiers.

Il a invité à plusieurs reprises les chefs des 11 nations autochtones du Québec à venir rencontrer le ministre Lafrenière. Selon lui, certains chefs ne voulaient carrément pas négocier avec la ministre D’Amours.

« Qui de mieux qu’un policier? »

Le fait que M. Lafrenière a longtemps été policier au SPVM soulève des interrogations, dans la mesure où les relations entre les Autochtones et les policiers sont souvent tendues.

Ces questions ont néanmoins été balayées du revers de la main par MM. Legault et Lafrenière, qui ont plutôt dit y voir un atout pour l’avenir.

Au contraire, je pense qu’un des défis, c’est de rebâtir la confiance entre les nations autochtones et les policiers. Qui de mieux qu’on policier qui comprend ce problème-là pour le régler? a commenté le premier ministre.

Au contraire, je connais bien cette situation, a pour sa part affirmé M. Lafrenière, avant d’évoquer que son ancien emploi lui a notamment permis de tisser des liens avec avec la communauté atikamekw de Wemotaci.

François Legault  en gros plan.

Le premier ministre François Legault considère que le passé d’ancien policier de Ian Lafrenière ne lui nuira pas dans ses efforts pour améliorer les relations avec les Autochtones.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

M. Lafrenière a cependant maintenu la ligne gouvernementale selon laquelle il n’existe pas de racisme systémique au Québec, une position que dénoncent des Autochtones.

Je reconnais qu’il y a du racisme, je reconnais qu’il y a du profilage, je reconnais qu’il y a de la discrimination. Je reconnais aussi présentement que le terme racisme systémique ne fait pas unanimité.

Honnêtement, tant qu’à mettre beaucoup d’énergie là-dessus, à se convaincre mutuellement que c’est le bon terme, moi je pense que ce que les gens veulent sur le terrain, c’est des actions, a-t-il déclaré.

M. Legault n’a d’ailleurs pas changé son fusil d’épaule à ce sujet, même s’il convient que cela contribue à brouiller les relations avec les Premières Nations.

: moi, je ne veux pas m’asseoir tant qu’on ne reconnaît pas qu’il y a du racisme systémique”,”text”:”Notre gouvernement ne reconnaît pas qu’il y a du racisme systémique et il y a des nations qui disent: moi, je ne veux pas m’asseoir tant qu’on ne reconnaît pas qu’il y a du racisme systémique”}}” lang=”fr”>Notre gouvernement ne reconnaît pas qu’il y a du racisme systémique et il y a des nations qui disent : moi, je ne veux pas m’asseoir tant qu’on ne reconnaît pas qu’il y a du racisme systémique, a-t-il dit sans détour.

Ce qu’on doit faire, c’est de les convaincre qu’on est prêts à agir pour réduire et éventuellement éliminer ce racisme, qui existe à des endroits au Québec, a-t-il enchaîné.

Je n’aime pas ce débat. Pour moi, il n’y a pas de système. […] En tout cas, s’il y a un système, je ne le connais pas. Mais je sais qu’il y a du racisme. Et je vais me battre. Je n’en veux pas de racistes au Québec.

Ian Lafrenière a assuré qu’il s’attelait dès maintenant à contacter chacun des chefs des nations autochtones du Québec pour établir des ponts.

Ce que je veux c’est une discussion ouverte. Vous avez entendu le premier ministre […] Il m’a passé une commande très claire. Il veut des résultats. Alors, vous comprenez que je dois livrer, a-t-il dit.

Un départ devenu inévitable

Le remplacement de Mme D’Amours, engluée dans la crise déclenchée par la mort de Joyce Echaquan, apparaissait inévitable depuis que M. Legault a refusé à trois reprises jeudi de lui réitérer sa confiance.

Je suis en train de regarder la situation, avait-il fini par dire après avoir observé que ça n’avance pas assez vite, les suites aux recommandations du rapport Viens sur les relations avec les Autochtones.

La démission de Mme D’Amours avait été réclamée il y a 10 jours par l’opposition officielle, après que Mme Echaquan, une mère de famille atikamekw de 37 ans, a rendu l’âme dans des circonstances troubles à l’hôpital de Joliette.

La cheffe libérale Dominique Anglade avait été outrée par un communiqué de la ministre qui vantait l’action gouvernementale un an après le dépôt du rapport de la commission Viens, mais passait sous silence la tragédie.

Je pense qu’avec ce communiqué, elle a déjà écrit sa lettre de démission. Je ne pense pas qu’elle ait la confiance du milieu du tout pour exercer ses fonctions aujourd’hui, avait-elle dit.

Sylvie D'Amours assise à une table devant un drapeau du Québec.

Sylvie D’Amours a également perdu son titre de ministre responsable de la région des Laurentides.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Mme D’Amours a aussi été délestée par le premier ministre de son titre de ministre responsable de la région des Laurentides, qui a été attribué à la ministre des Relations internationales et de l’Immigration, Nadine Girault.

Députée de Mirabel, Mme D’Amours avait été nommée ministre responsable des Affaires autochtones après la victoire de la Coalition avenir Québec à l’élection générale de l’automne 2018.

M. Lafrenière était jusqu’ici adjoint parlementaire de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. Il fait aussi partie du groupe d’action contre le racisme du gouvernement et préside la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.

Sa nomination a par ailleurs pour effet de réduire à 11 le nombre de femmes au sein du Conseil des ministres, contre 16 hommes, y compris le premier ministre.

M. Legault a plaidé qu’avec un Conseil des ministres composé à 40 % de femmes, il demeurait néanmoins dans la zone paritaire comprise entre 40 % et 60 % de femmes.

La reconnaissance du racisme systémique réclamée

Réagissant sur Twitter, Mme Anglade a estimé que le départ de Mme D’Amours est le reflet de l’échec de ce gouvernement avec les Premières Nations.

Ian Lafrenière aura la lourde tâche de réparer les pots cassés par le premier ministre et Mme D’Amours. Un premier pas, reconnaître le racisme systémique.

Selon elle, M. Lafrenière doit se mettre à la tâche immédiatement pour rebâtir les ponts avec les Premières Nations et avoir un vrai dialogue de respect avec elles.

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a affirmé que le nouveau ministre a nié l’existence du profilage racial lorsqu’il était porte-parole du SPVM.

Son premier geste à titre de nouveau ministre des Affaires autochtones doit être de reconnaître le racisme systémique. Il en va de sa crédibilité. On a des ponts à rebâtir, a-t-elle indiqué dans un tweet.

Le chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, soutient pour sa part que le départ de Mme D’Amours n’est une surprise pour personne alors que même les Premières Nations le réclamaient.

la CAQ ne peut plus se permettre de faux pas. Le nouveau ministre Ian Lafrenière devra rapidement reconstruire des ponts et faire ses preuves”,”text”:”Avec son bilan désastreux en matière de relations avec les autochtones,la CAQ ne peut plus se permettre de faux pas. Le nouveau ministre Ian Lafrenière devra rapidement reconstruire des ponts et faire ses preuves”}}” lang=”fr”>Avec son bilan désastreux en matière de relations avec les Autochtones, la CAQ ne peut plus se permettre de faux pas. Le nouveau ministre Ian Lafrenière devra rapidement reconstruire des ponts et faire ses preuves, a-t-il écrit sur Twitter.

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, a félicité le nouveau ministre. Sa nomination offre l’opportunité de renouveler les relations avec le gouvernement Legault, a-t-il dit.

M. Picard a demandé la tenue rapide d’une rencontre, au cours de laquelle il souhaite discuter du dossier des enquêtes sur la mort de Joyce Echaquan, celui de la chasse à l’orignal dans la réserve faunique La Vérendrye, ainsi que celui de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Évidemment, tous ces dossiers ont comme point commun l’enjeu de la reconnaissance du racisme systémique, a-t-il souligné.

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