Si la Saskatchewan n’a pas été frappée aussi durement par la COVID-19 que d’autres provinces, elle n’a pas été épargnée pour autant par les contrecoups financiers de la pandémie. Malgré une reprise graduelle de l’économie, des experts soulignent que le prochain gouvernement devra faire face à beaucoup de défis économiques.

En cette campagne électorale, les deux principaux partis politiques, le Parti saskatchewanais du premier ministre sortant, Scott Moe, et le Nouveau Parti démocratique (NPD) de la Saskatchewan de Ryan Meili, proposent des visions diamétralement opposées pour assurer l’avenir financier et la reprise économique de la province.

Élections Saskatchewan 2020

Comment va l’économie de la Saskatchewan?

La situation économique de la Saskatchewan n’est pas aussi reluisante qu’elle l’était avant l’arrivée du nouveau coronavirus et la chute des cours du pétrole.

Pour une deuxième année d’affilée, la province des Prairies était alors en voie d’atteindre l’équilibre budgétaire, l’une des promesses phares du Parti saskatchewanais et de la ministre des Finances, Donna Harpauer. Cependant, comme d’autres provinces, la Saskatchewan a vu ses finances plonger dans le rouge depuis le début de la pandémie.

L’économie de la Saskatchewan, en bref :

  • Déficit budgétaire : 2,1 milliards de dollars (comparativement à 2,4 milliards de dollars en juin 2020)

  • Taux de chômage : 7,9 % (comparativement à 5,1 % en 2019) 

  • Investissement en capital  : 2,7 milliards de dollars (-14,9 % comparativement à 2019)

  • Plus important secteur d’emploi : le commerce



Source : Gouvernement de la Saskatchewan

Le professeur agrégé d’économie à l’Université de Regina Jason Childs avance que, malgré les conséquences de la pandémie, la Saskatchewan se porte un peu mieux que la plupart des provinces.

Il explique que cela est en partie grâce à un faible taux de chômage, à un plus bas nombre de cas de COVID-19 que dans d’autres provinces et à une remontée des cours du pétrole.

L’économiste en chef du Conference Board du Canada, Pedro Antunes, note une croissance quand même assez forte du revenu disponible des ménages saskatchewanais, après impôts et subventions.

Les programmes d’aide mis en place par la Saskatchewan et par Ottawa, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), ont soutenu, malgré les pertes d’emplois, les revenus des ménages, selon lui.

Cette reprise économique a permis durant les derniers mois que l’emploi revienne, que les ventes au détail reviennent, ajoute Pedro Antunes.

Que propose le Parti saskatchewanais pour l’économie?

Dans le cadre de la campagne électorale, le Parti saskatchewanais et son chef, Scott Moe, mettent l’accent sur la relance économique, la création d’une économie et d’une Saskatchewan forte.

Scott Moe s'adresse aux médias à l'extérieur, en été (archives).

Le chef du Parti saskatchewanais, Scott Moe, mise tout particulièrement sur la relance et la croissance économique (archives).

Photo : Radio-Canada / Albert Couillard

Les principaux objectifs du parti sont de créer des emplois, de rendre la vie plus abordable ainsi qu’un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2024.

Le parti veut rassurer les électeurs qui craignent des réductions budgétaires dans les services, en éducation et en santé :  Nous avons la réputation d’accroître les investissements dans les soins de santé, l’éducation et les services sociaux, et nous n’allons pas réduire les services.

Tous nos engagements électoraux seront entièrement chiffrés dans le plan pour rétablir l’équilibre budgétaire.

Que propose le NPD de la Saskatchewan?

De son côté, le NPD de la Saskatchewan de Ryan Meili promet que, s’il est élu, il mettra la population de la Saskatchewan à l’avant-plan, comme l’indique le slogan de campagne du parti, People First, La population au premier plan.

Ryan Meili se tient devant le logement abritant son bureau de la circonscription Saskatoon-Meewasin (archives).

Le chef du NPD de la Saskatchewan, Ryan Meili, mise sur des investissements, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation (archives).

Photo : Radio-Canada / Alexis Lalemant

$ l’heure, des investissements dans les soins de santé et l’éducation, des services de garde accessibles à 25$ par jour et l’engagement d’embaucher en priorité des travailleurs et des compagnies de la Saskatchewan pour les projets publics”,”text”:”Notre plan comprend un salaire minimum de 15$ l’heure, des investissements dans les soins de santé et l’éducation, des services de garde accessibles à 25$ par jour et l’engagement d’embaucher en priorité des travailleurs et des compagnies de la Saskatchewan pour les projets publics”}}” lang=”fr”>Notre plan comprend un salaire minimum de 15 $ l’heure, des investissements dans les soins de santé et l’éducation, des services de garde accessibles à 25 $ par jour et l’engagement d’embaucher en priorité des travailleurs et des compagnies de la Saskatchewan pour les projets publics, indique l’équipe de communications du parti dans un courriel envoyé à Radio-Canada.

Le parti dit ceci aux électeurs qui craignent que le NPD n’augmente le déficit budgétaire plutôt que de le réduire : Ce n’est pas le moment de couper dans les services sur lesquels les gens comptent.

C’est plutôt le temps d’investir dans les gens de la Saskatchewan et leurs collectivités, de prioriser les gens, afin que notre croissance soit plus forte, peut-on lire dans le courriel.

Les défis économiques à anticiper, selon deux experts

Selon Jason Childs, l’équilibre budgétaire et la gestion financière de façon responsable afin de maintenir les frais de service de la dette à un bas niveau pourraient s’avérer des enjeux prioritaires.

L’austérité fera partie de notre avenir. La question est simplement de savoir quand et jusqu’à quel point [ce le sera]. La situation pourrait empirer si nous attendons trop longtemps.

Les problèmes économiques potentiels en Saskatchewan, outre la pandémie de COVID-19 :


Selon Pedro Antunes, du Conference Board du Canada :

  • Les déficits budgétaires provincial et fédéral

  • Les taux d’intérêt à moyen terme

  • La croissance économique

  • Le rétablissement de l’investissement privé dans les secteurs des ressources naturelles et de l’énergie


Selon Jason Childs, de l’Université de Regina :

  • L’équilibre budgétaire

  • Les taux d’intérêt et les paiements des intérêts

  • La gestion fiscale responsable pour maintenir de faibles frais de service de la dette

  • La gestion des relations avec les partenaires de commerce international et le maintien des corridors commerciaux existants

Pedro Antunes estime que l’avenir pourrait s’annoncer très, très difficile avant l’arrivée d’un vaccin contre la COVID-19, particulièrement pour les secteurs de la restauration, de l’hébergement, des arts, de la culture et de l’événementiel.

Selon les observations du Conference Board du Canada, la sécurité d’emploi et la sécurité des revenus sont les questions qui semblent le plus préoccuper les Saskatchewanais.

La prochaine année va être très difficile. Je pense que le [gouvernement] fédéral et les provinces doivent être en mesure de soutenir les ménages sur cette période-là.

Il estime toutefois qu’il faudrait garder une chose en tête : Quels seront les services que les gouvernements vont pouvoir livrer en termes de santé [et] d’éducation à l’avenir si nous y allons trop fort sur cette période de crise?

C’est sûr qu’on peut chercher à ce qu’un gouvernement comble nos salaires avec ces programmes-là [comme la PCU, NDLR], mais il faut aussi penser à long terme.

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