Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, persiste et signe : le gouvernement fédéral ne présentera pas d’excuses pour avoir utilisé la Loi sur les mesures de guerre, en octobre 1970, pour répondre à la crise provoquée par le Front de libération du Québec (FLQ).

De passage à l’émission Tout un matin, sur les ondes d’ICI Première, M. Trudeau a évoqué un moment très sombre de notre histoire, à propos de l’enlèvement du ministre Pierre Laporte par les membres du FLQ, qui l’ont ensuite assassiné.

Et je pense que tous les différents paliers de gouvernement, soit la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral, doivent réfléchir à la façon dont ils ont agi dans ces circonstances, a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement fédéral n’a cependant pas voulu donner plus de détails sur la nature de cette « réflexion », se bornant à souligner que depuis [la crise d’Octobre], la violence n’a jamais été utilisée comme outil politique au Québec, comme au Canada.

Par la suite, a poursuivi M. Trudeau, les débats politiques parfois extrêmement corsés ont toujours eu lieu dans le respect, et c’est une victoire pour notre démocratie.

Les personnes arrêtées sans mandat, en vertu des pouvoirs conférés par la Loi sur les mesures de guerre, ont-elles été arrêtées par la police fédérale, par la Sûreté du Québec, ou par la police de Montréal? a demandé le premier ministre.

M. Trudeau a toutefois dit considérer comme intéressante la proposition mise de l’avant par la cheffe libérale du Québec, Dominique Anglade, pour que les trois paliers de gouvernement présentent des excuses pour les agissements d’octobre 1970.

Cette proposition, mise de l’avant par la cheffe du PLQ après que son parti eut refusé d’appuyer une précédente motion du Parti québécois – et appuyée par la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire – exigeant des excuses d’Ottawa dans cette affaire, a été à son tour rejetée mardi. Le leader parlementaire de la CAQ, le ministre Simon Jolin-Barrette, a refusé d’en débattre.

[Montréal et Québec] ont demandé au fédéral d’amener cette Loi sur les mesures de guerre parce qu’ils avaient peur, ils étaient très inquiets par rapport à ces révolutionnaires qui voulaient renverser le gouvernement, a encore déclaré Justin Trudeau.

Ce dernier serait-il plus enclin à présenter des excuses au nom du gouvernement fédéral si ce n’était pas son propre père qui était au pouvoir à l’époque? Mon père et son legs se défendent très bien par des historiens et par d’autres, a rétorqué Justin Trudeau.

Moi, je suis préoccupé par les dossiers dont je dois traiter; pour moi, présentement, c’est la COVID-19. Je comprends qu’il y a des gens préoccupés par des événements d’il y a 50 ans, mais moi, ce sont les événements d’il y a cinq jours, cinq semaines, ou dans cinq semaines qui me préoccupent le plus.

Outre les 500 arrestations réalisées sans mandat, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont subi des perquisitions de la part des forces de l’ordre dans le cadre de la crise d’Octobre.

Martel d’accord avec Trudeau, contrairement à Blanchet

Le lieutenant québécois du Parti conservateur, Richard Martel, ne croit pas non plus que des excuses sont nécessaires pour les personnes arrêtées ou visées par des perquisitions de façon arbitraire pendant la crise d’Octobre.

Bien, moi, je ne les présente pas, mes excuses, a-t-il lancé à la sortie d’une rencontre du caucus de son parti, mercredi midi, faisant ainsi écho aux commentaires de M. Trudeau.

M. Martel dit qu’il se souvient d’avoir suivi le déroulement des événements à la télévision, alors qu’il était assez jeune.

C’était une situation extrêmement difficile. D’abord, il y a un ministre qui a été tué, le ministre Pierre Laporte, et justement, je profite de l’occasion parce que mes pensées sont avec la famille aujourd’hui. Puis il y avait des bombes qui éclataient partout, il fallait réagir, a-t-il commenté.

Malheureusement, il y a eu des arrestations, c’est certain, mais [le Front de libération du Québec] était une organisation terroriste à ce moment-là. Je peux vous dire que c’était une première et on ne savait pas tout à fait comment réagir, mais il fallait réagir, a-t-il ajouté.

De son côté, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’explique mal pourquoi M. Trudeau refuse de s’excuser.

Je trouve ça extrêmement délicat, parce que M. Trudeau est devenu une très [prodigue] usine à excuses et autres larmoiements, sauf lorsqu’il s’agit de présenter des excuses à qui que ce soit qui aurait quelque chose de francophone, a affirmé Yves-François Blanchet, citant également la déportation des Acadiens d’il y a plus de 250 ans.

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