Alors que plusieurs secteurs de l’économie sont encore une fois durement touchés par les mesures sanitaires, le gouvernement Legault planche sur des incitatifs pour que les 200 000 « chômeurs pandémiques » qu’il a identifiés continuent de travailler et de participer à la relance.

Parmi les mesures envisagées : la formation accélérée, l’aide financière et des passerelles pour obtenir des diplômes,des titres ou des certifications plus rapidement.

Formation accélérée et travail-études

Après avoir formé 8000 préposés aux bénéficiaires en trois mois, le gouvernement compte répéter l’expérience dans d’autres secteurs.

Ça peut devenir très démotivant de se dire que ça va prendre 5 à 7 ans d’études pour une réorientation de carrière. Je pense que les formations accélérées sont vraiment adaptées à notre époque, affirme Michel-Alexandre Broekaert.

Virtuose en musique, la COVID-19 l’a forcé à échanger le clavier de son piano pour un clavier d’ordinateur. Au cours des neuf dernières semaines, il a suivi un cours de programmation informatique à l’école Le Wagon, de Montréal.

C’est sûr que depuis la pandémie, la majorité de mes contrats ont été annulés pour la prochaine année et ça continue. L’avenir est devenu super incertain! dit-il, à l’instar de son collègue violoniste à l’international, Juan-Miguel Hernandez.

Le milieu de la culture ayant été durement éprouvé par le virus, lui aussi a subi l’annulation des festivals et des concerts cet été. J’avais déjà l’idée d’explorer d’autres options dans la vie, mais je dirais que la pandémie a accéléré ma décision.

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Replacer dans de nouveaux domaines les travailleurs affectés par la COVID-19

En attendant de recommencer à pratiquer leur art, la formation du Wagon leur offre un plan B viable pour assurer leur avenir, alors que de nombreuses entreprises ont dû se tourner vers la technologie pour continuer de fonctionner en temps de pandémie.

Pour ceux qui ne seront pas en mesure de suivre une formation en accélérée comme l’ont fait Juan-Miguel et Michel-Alexandre, le ministre du Travail Jean Boulet mise sur l’alternance travail-études.

La personne travaille tout en étudiant. Pendant ses études, elle bénéficie d’une certaine rémunération. Ça se sera fait sous forme d’aide financière, explique-t-il. Les deux étudiants considèrent d’ailleurs cette aide financière essentielle pour permettre à des gens de réorienter leur carrière.

Passerelle et reconnaissance des acquis

Une jeune serveuse portant un couvre-visage transporte un petit panier de pommes de terre frites qu'elle tient avec un bâtonnet.

Le secteur de la restauration a été durement touché par la pandémie.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Le ministre Boulet réfléchit à une meilleure reconnaissance des acquis des travailleurs, mais également des passerelles pour faciliter l’obtention de titres, de diplômes, ou de certifications.

Il reconnaît qu’il y a des ajustements réglementaires qui devront être faits, notamment dans le secteur de la construction.

Sachant que plusieurs entreprises font encore face à une pénurie de main-d’œuvre, ces passerelles sont souhaitables pour Véronique Proulx, la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec.

On ne peut pas attendre plusieurs années pour former tous ces gens-là. Des fois, il leur manque le papier ou parfois c’est seulement certaines compétences additionnelles qu’ils doivent aller chercher. Ce n’est pas la formation au complet qui est requise, mais certaines compétences clés et c’est là où la passerelle devient intéressante

Des conseillers en réorientation de carrière

Près de 240 conseillers en orientation de Services Québec vont également contacter les entreprises qui ont procédé à des licenciements collectifs. Leur objectif sera d’accompagner des travailleurs vers des nouveaux métiers qui survivront à la pandémie.

Une personne qui travaille dans le domaine aéronautique peut avoir une expérience en manutention, en soudure, ou comme machiniste. Cette personne-là, si on lui reconnaît certains acquis, on pourra accélérer son intégration dans le monde de la construction, par exemple, indique M. Boulet.

Selon lui, des travailleurs en hôtellerie et en restauration peuvent également répondre à des besoins de main-d’œuvre dans le système de la santé. Des ingénieurs pourraient aussi rehausser leurs compétences pour élargir leurs possibilités d’emplois.

Avec la crise, je sais qu’il y a beaucoup d’entreprises qui se réinventent en ligne, donc je pense que je suis à la bonne place, croit Juan-Miguel Hernandez.

Michel-Alexandre, quant à lui, pense que les mesures du gouvernement doivent durer à long terme. Je pense que tout le monde veut être utile à la société, travailler et sentir qu’ils font quelque chose de leur vie.

Un forum virtuel sur la requalification des travailleurs est prévu le 16 octobre prochain afin de discuter des enjeux et des défis d’avenir du marché du travail au Québec.

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