Un an presque jour pour jour après la commission parlementaire sur les pesticides, rien n’a changé au Québec. Des agriculteurs malades s’impatientent.

Les mesures proposées par le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, pour réduire leur utilisation ne sont pas encore connues. On les attend en octobre.

Et son collègue du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, n’a toujours pas annoncé la nouvelle liste des maladies professionnelles reconnues, alors qu’on l’attendait il y a six mois. Il avait promis en janvier de dépoussiérer avant mars la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles.

Ça s’en vient, assure son cabinet.

La liste des maladies reconnues par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) n’a pas changé depuis 1985.

Il y a 43 types de maladies qui y sont reconnues, mais la maladie de Parkinson et les lymphomes non hodgkiniens n’en font pas partie.

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale Jean Boulet

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale Jean Boulet

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Des agriculteurs malades réclament du mouvement. Plusieurs d’entre eux prendront la parole lundi, à l’occasion du lancement de l’association Victimes des pesticides du Québec.

Ce nouveau regroupement vise à défendre les droits des malades et à faire connaître leurs revendications.

Il demande que la maladie de Parkinson et les lymphomes non hodgkiniens soient reconnus comme des maladies causées par les pesticides dans le cadre du travail agricole.

La science montre les pesticides du doigt

Les États-Unis ont mené une vaste étude sur 89 000 personnes (des producteurs agricoles, leurs conjoints et des applicateurs de pesticides) qui a permis d’établir des liens avec certaines maladies, notamment celle de Parkinson.

En France, depuis 2012, cette maladie est reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs.



Au Québec, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a publié cet été une revue de littérature qui dresse les effets sanitaires des pesticides agricoles les plus vendus au Québec.

Les conclusions apparaissent beaucoup plus prudentes qu’en France et aux États-Unis.

Parmi les vingt-cinq pesticides étudiés ici, les données scientifiques quant à la possibilité d’effets cancérogènes ne sont pas encore concluantes, mais certaines associations ont tout de même été trouvées.

Selon l’IRSST, il ne manque, pour ces pesticides considérés probablement ou possiblement cancérogènes, que quelques études épidémiologiques de grandeur et de qualité satisfaisante qui montreraient une association positive avec l’exposition à ces pesticides pour les reclasser comme cancérogènes avérés. La prudence s’impose donc.

En ce qui concerne la maladie de Parkinson et les autres maladies neurodégénératives, l’IRSST est également prudente.

Quelques revues de littérature sur le lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson parmi les travailleurs agricoles rapportent une augmentation significative du risque de développer la maladie de Parkinson, mais d’autres n’en rapportent pas.

L’Institut ajoute tout de même : Il est connu depuis des décennies que les pesticides ont des effets neurotoxiques selon divers mécanismes qui affectent particulièrement les insectes, mais également les humains.

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