Le cancer emporte l’ex-députée bloquiste de Rimouski-Neigette-et-La Mitis Suzanne Tremblay, décédée samedi à l’âge de 83 ans.

L’ex-députée qui résidait à Saint-Fabien s’est éteinte samedi des suites d’un cancer au Centre hospitalier régional de Rimouski, a confirmé à Radio-Canada une proche de Mme Tremblay.

En mon nom et en celui des membres et députés du Bloc québécois, j’offre mes sincères condoléances aux proches de Suzanne Tremblay. Nous rendons hommage à une battante, à une femme dévouée à ses convictions, a déclaré le chef du parti, Yves‑François Blanchet, par voie de communiqué.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a pour sa part évoqué une femme proche de ses citoyens et défenderesse des régions du Québec, particulièrement du Bas-Saint-Laurent.

Suzanne Tremblay est née le 24 janvier 1937 à Montréal. Elle est la 13e d’une famille de 15 enfants.

Suzanne Tremblay fait ses études aux quatre coins du monde. En plus d’un baccalauréat en pédagogie familiale à l’Université de Montréal et en pédagogie scolaire à l’Université Laval, elle obtient une maîtrise en éducation préscolaire à l’Université Tufts près de Boston, un certificat en études éducationnelles à l’Université de Lyon et un certificat en soins pédiatriques à l’Université de Londres.

Elle s’installe à Rimouski en 1970 pour amorcer une carrière de professeure. Elle enseignera à l’Université du Québec à Rimouski jusqu’en 1993.

Pendant son passage à l’UQAR, Suzanne Tremblay participe à la création du syndicat des professeurs. Elle siège également au conseil d’administration de l’établissement.

Suzanne Tremblay est assise à une table et sourit.

Suzanne Tremblay lors d’une entrevue avec Bernard Derome en 1995

Photo : Radio-Canada

Entrée à la Chambre des Communes

Suzanne Tremblay devient candidate de Rimouski—Témiscouata pour le Bloc québécois aux élections fédérales de 1993. Élue avec une forte majorité de 60 % des voix, elle est l’une des 54 députés du Bloc québécois qui font leur entrée à la Chambre des Communes.

L’événement est historique. Deux ans seulement après son congrès de fondation en 1991, le Bloc québécois réussit ainsi l’exploit de devenir la première opposition officielle.

Elle portera de nombreux chapeaux à la Chambre des Communes, dont celui de porte-parole de l’opposition officielle en matière de Patrimoine canadien.

Les électeurs de sa circonscription, devenue Rimouski-Neigette-et-La Mitis, lui renouvellent leur confiance en 1997. La même année, elle devient la première femme leader parlementaire de l’opposition à Ottawa.

En mars 1999, elle reçoit un diagnostic de cancer du sein et se retire de la vie politique le temps de subir une opération.

Suzanne Tremblay et Gilles Duceppe, parmi d'autres bloquistes, se tiennent par la main et sourient.

Suzanne Tremblay et Gilles Duceppe à l’occasion d’un conseil spécial du Bloc québécois en octobre 2000.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Ayant retrouvé la santé, elle se présente aux élections fédérales de 2000. Sa victoire lui permet d’entamer un troisième mandat.

Tout au long de sa carrière politique, Suzanne Tremblay fait de la défense des travailleurs et des plus démunis son principal cheval de bataille.

À chaque fois qu’on manifeste qu’on n’est pas contents au gouvernement, normalement, si on a affaire à des gens intelligents, ils vont prendre en compte l’opinion de la population.

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L’ancienne députée bloquiste Suzanne Tremblay s’éteint

Une députée qui n’a pas peur de la controverse

Sa carrière politique est également truffée de controverses.

En 1995, elle qualifie Hull de ville la plus laide du monde.

La même année, elle fait réagir en affirmant que seul un Québec souverain peut sauver les communautés francophones du Canada de l’assimilation.

En 1997, elle révèle le véritable prénom du premier ministre québécois Jean Charest, John James Charest, insinuant qu’il n’est pas un vrai Québécois.

En 2001, sa réaction aux propos de Bernard Landry, qui avait qualifié le drapeau canadien de chiffon rouge, fait le tour du pays.

Agiter le chiffon rouge, ça veut dire provoquer. C’est un terme en tauromachie. Comme Monsieur Landry a une excellente culture espagnole, qu’il est très versé là-dedans, apprenez-la. C’est très, très bon et ça n’a rien à voir avec le drapeau canadien.

Suzanne Tremblay lit un document debout dans la Chambre des Communes.

Suzanne Tremblay annonce son départ de la Chambre des Communes en 2004.

Photo : Radio-Canada

De la politique fédérale à la politique municipale

Suzanne Tremblay quitte la Chambre des Communes en 2004, à 67 ans, à la suite de nouveaux problèmes de santé qui la forcent, entre autres, à subir un triple pontage coronarien.

J’ai décidé de profiter des quelques années qui peuvent me rester maintenant que j’ai recouvré totalement la santé, explique-t-elle peu de temps après dans une entrevue à Michaëlle Jean à Radio-Canada.

La même année, elle se présente au poste de conseillère municipale du Bic. Elle perdra aux mains de Pierre Garon.

Par la suite, elle devient conseillère municipale à Saint-Fabien.

Elle sera maintes fois sollicitée à se prononcer sur les élections ou les courses à la chefferie des différents partis. Entre autres, à l’aube des élections provinciales de 2014, elle appuie ouvertement la candidate de Québec solidaire Marie-Neige Besner.

Suzanne Tremblay parle au micro d'un lutrin, entourée de Marie-Neige Besner et d'Amir Khadir.

En 2014, Suzanne Tremblay appuie la candidate de Québec Solidaire dans Rimouski, Marie-Neige Besner.

Photo : Radio-Canada

L’implication après la politique

Après sa carrière politique, Suzanne Tremblay continue de s’engager dans la communauté régionale.

Dès 2004, elle prend la direction de la campagne de financement pour l’ouverture de la première maison de soins palliatifs de Rimouski, la maison Marie-Élisabeth. Celle-ci ouvre ses portes en 2010.

À la fin des années 2000, elle devient présidente de la Coalition urgence rurale, poste qu’elle occupera pendant plus de 10 ans.

Elle joint aussi le mouvement Touche pas à mes régions.

Il faut absolument que les gouvernements soient conscients que les régions, ça existe. Et que grâce aux régions, les grands centres urbains comme Montréal et Québec peuvent [vivre]. Le Québec ne croîtra pas sans les régions.

Gros plan sur le visage de Suzanne Tremblay qui répond aux questions d'une journaliste.

Suzanne Tremblay s’est engagée au sein de la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi.

Photo : Radio-Canada

En 2017, elle est aussi membre du Regroupement diocésain pour la sauvegarde de la cathédrale de Rimouski.

Nombreux hommages et distinctions

En juillet 1999, elle est faite Chevalier de l’Ordre de la Pléiade.

En octobre 2010, elle reçoit la Médaille de l’Assemblée nationale aux côtés de deux autres ex-députées de la région de Rimouski, Monique Vézina et Solange Charest.

En décembre 2017, une soirée est organisée en son honneur au Théâtre du Bic pour souligner son dévouement à la région et à la cause souverainiste.

Suzanne Tremblay reçoit la médaille de l’UQAR en décembre 2018 pour sa contribution au développement régional et son engagement auprès des communautés rurales.

Face à tous ces hommages, Suzanne Tremblay reste humble. Si je suis qui je suis, c’est grâce à tout ce beau monde-là qui est autour de moi. On ne peut pas arriver à ce que je suis sans que des gens nous aident à être comme ça, souligne-t-elle en 2017.

Suzanne Tremblay pose avec une plaque honorifique. Jean-Pierre Ouellet se tient à ses côtés.

Le recteur Jean-Pierre Ouellet remet la médaille de l’UQAR à Suzanne Tremblay en 2018.

Photo : Université du Québec à Rimouski

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