Le décor est minimaliste. On n’entend aucune musique. Toute la lumière est mise sur un homme d’une cinquantaine d’années qui regarde tout droit la caméra. Francis est un ancien entrepreneur qui se croyait en pleine forme, jusqu’à ce que la COVID-19 le frappe de plein fouet et le laisse avec les séquelles d’une trachéotomie.

Il a été hospitalisé 45 jours, dont 12 dans le coma. Depuis, il ne peut plus travailler. J’étais chez un ami. On jasait dans le cadre de porte, rien de plus banal que ça, explique-t-il avant de conclure en disant : Croyez-moi, la COVID-19, c’est sérieux.

La semaine dernière, le premier ministre François Legault a demandé au responsable de la publicité gouvernementale de trouver des survivants de la COVID-19. Et pas n’importe lesquels. Ceux qui ont dû traverser l’enfer pour s’en sortir. La commande était grande.

Le Secrétariat à la communication gouvernementale a lancé de nombreux appels durant le week-end afin de trouver des témoignages suffisamment poignants pour convaincre les Québécois qui doutent encore de la gravité du virus.

La première de trois publicités percutantes sera diffusée dans tous les médias dès la fin de la journée, mardi. Ce n’est pas une question de faire peur. C’est de s’assurer de rendre un peu plus concret l’impact de la pandémie, explique Michel Léveillé, le secrétaire général associé à la communication gouvernementale.

La difficulté de faire entendre le message

Six mois après le début de la pandémie, le mandat de Michel Léveillé et de son équipe n’est pas simple. Comment faire entendre le message à la population, malgré la saturation publicitaire et la lassitude des Québécois?

: dans mon réseau, on fait attention, donc, je peux me le permettre! Il faut s’assurer qu’on maintienne l’adhésion aux consignes et qu’on soit bien alignés avec le sentiment des gens. Cet élément-là nous semble un élément sur lequel il faut travailler davantage.”,”text”:”Les jeunes, comme les plus vieux, sont informés des consignes, mais se disent: dans mon réseau, on fait attention, donc, je peux me le permettre! Il faut s’assurer qu’on maintienne l’adhésion aux consignes et qu’on soit bien alignés avec le sentiment des gens. Cet élément-là nous semble un élément sur lequel il faut travailler davantage.”}}” lang=”fr”>Les jeunes, comme les plus vieux, sont informés des consignes, mais se disent : dans mon réseau, on fait attention, donc, je peux me le permettre! Il faut s’assurer qu’on maintienne l’adhésion aux consignes et qu’on soit bien alignés avec le sentiment des gens. Cet élément-là nous semble un élément sur lequel il faut travailler davantage.

Convaincre les gens de limiter les rassemblements privés est devenu son principal défi, tout comme c’est le cas pour la santé publique qui tient ces rencontres responsables de la hausse des cas.

La ligne est fine pour ne pas aller sur une forme de jugement de valeurs, de culpabilisation ou de donner des leçons. Il faut faire attention. Le public réagit généralement plus ou moins bien. Là, il faut s’assurer d’aller un cran plus loin. C’est l’appel à l’action, à la mobilisation des gens. Encore une fois, c’est un défi parce qu’il faut s’assurer que notre message ait le bon ton, au bon moment, ajoute M. Léveillé.

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M. Léveillé répond aux questions de la journaliste Véronique Prince.

Une publicité-choc pour convaincre les Québécois de suivre les consignes

Photo : Radio-Canada

Une campagne d’information sans précédent

En moyenne, chaque mois, depuis mars, le gouvernement dépense 10 millions de dollars en placements dans près de 540 médias traditionnels et numériques. Des publicités ont été traduites dans 21 langues pour joindre les allophones.

Pour ce qui est du site web Québec.ca, où toute l’information gouvernementale sur le coronavirus est centralisée, on compte près de deux millions de clics depuis le début de la pandémie.

Avant le 12 mars, le Secrétariat à la communication gouvernementale remarquait des pointes de 2000 internautes qui consultaient le site en même temps. Quand le Québec a été mis sur pause, 65 000 personnes cherchaient de l’information simultanément sur Québec.ca.

En mars, il n’y avait qu’une seule page d’information sur la COVID-19. Une centaine ont été créées au fil des mois, que ce soit pour informer les gens sur les différentes mesures ou pour les diriger vers des ressources.

Multiples défis

En plus des publicités avec les survivants du virus, le gouvernement a relancé des appels à des vedettes québécoises populaires auprès des jeunes. L’animateur et ex-joueur de football Étienne Boulay a répondu présent. Cette clientèle, qui comprend aussi les adultes dans la vingtaine, demeure celle qui est la plus difficile à joindre.

Le déconfinement du printemps et les restrictions actuelles, qui changent d’une région à l’autre, sont aussi complexes. Les médias choisis pour diffuser les messages doivent être plus ciblés.

Selon Michel Leveillé, on est rendus à une étape où il faut cerner davantage. Il faut être plus précis dans quels sont les facteurs, en termes de communication, qui vont permettre d’inciter davantage au mode vigilance. Je pense qu’on est rendus là. Nous, on fait le pari que la formule des témoignages rende la situation plus concrète… aller un pas de plus.

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