Le ministère de la Santé a reçu plus de 3600 plaintes d’employés du réseau depuis que l’ancienne ministre Danielle McCann a lancé la boîte de courriel onvousecoute@msss.gouv.qc.ca, le 16 mai dernier. L’objectif était de leur permettre de signaler en toute confidentialité les situations inacceptables qu’ils vivent au travail.

Le ministère affirme avoir en fait reçu 4332 courriels de la part de travailleurs du réseau de la santé. De ce nombre, 3639 sont des signalements en bonne et due forme.

% des courriels, constitue des suggestions ou même des bons coups réalisés”,”text”:”La part restante, soit 16% des courriels, constitue des suggestions ou même des bons coups réalisés”}}” lang=”fr”>La part restante, soit 16 % des courriels, constitue des suggestions ou même des bons coups réalisés, précise Robert Maranda, porte-parole du ministère.

Parmi les sujets les plus fréquemment abordés dans ces courriels, on retrouve en haut de liste les conditions de travail, notamment les horaires instables et la surcharge de travail. La question de l’admissibilité aux primes et celle des longs délais nécessaires pour leur application figurent aussi parmi les grandes préoccupations des travailleurs de la santé.

Il y a également des plaintes concernant les décisions de gestion, jugées insatisfaisantes, les mesures de contrôle et de prévention des infections ainsi que les risques de propagation de la COVID-19 dans certains établissements de santé.

Une infirmière manipulant son téléphone portable.

Québec affirme vouloir préserver la confidentialité des courriels reçus.

Photo : iStock

Certains courriels abordent en outre le manque de reconnaissance envers le personnel, souvent évoqué en relation avec le fait que certaines catégories d’employés n’ont pas eu droit aux primes, précise encore M. Maranda.

Il refuse toutefois de fournir plus de détails sur ces plaintes, évoquant la nécessité de respecter la confidentialité des courriels. Le ministère de la Santé tient à s’assurer que les employés se sentent en confiance d’écrire à cette adresse, répète-t-il.

Comment se fait le suivi?

Une fois qu’un signalement est envoyé, un courriel de suivi est expédié aux travailleurs à l’origine des plaintes, assure Québec.

Et, lorsque la situation le justifie, un état de situation peut être demandé à l’établissement concerné afin de remédier aux problèmes.

Les établissements sont informés de la problématique soulevée sans que le courriel soit transmis de façon intégrale, afin d’assurer la confidentialité des gens qui écrivent […] Les directions du ministère peuvent également être informées de certaines préoccupations reçues afin d’y trouver une solution.

M. Maranda précise par ailleurs que c’est le bureau du sous-ministre qui CISSS et des CIUSSS dans le cadre du service OnVousEcoute”,”text”:”assure le suivi auprès des CISSS et des CIUSSS dans le cadre du service OnVousEcoute”}}” lang=”fr”>assure le suivi auprès des CISSS et des CIUSSS dans le cadre du service OnVousEcoute.

Jusqu’ici, 13 établissements ont été interpellés par le gouvernement à la suite de la réception d’un nombre important de courriels les concernant.

Le volume de courriels reçus pour les autres établissements ne justifiait pas l’envoi d’un état de situation personnalisé, souligne encore M. Maranda.

Ces établissements, que le ministère ne souhaite pas identifier, ont mis en place des plans d’action pour résoudre les problématiques alléguées et éviter que les situations [dénoncées] ne se répètent, ajoute le porte-parole. Lorsque nécessaire, des relances sont faites pour obtenir les plans d’action en réponse aux états de situation généraux envoyés.

Une personne s'apprête à désinfecter une chambre à l'Hôpital général juif de Montréal.

La surcharge du travail figure en tête des plaintes des travailleurs de la santé qui se sont adressés au gouvernement.

Photo : Radio-Canada / Martin Thibault

Des réponses sans effets?

Mais, malgré les efforts que Québec assure déployer, plusieurs infirmières affirment à Radio-Canada que la situation reste inchangée dans les établissements où elles travaillent, plusieurs mois après l’envoi d’un courriel de signalement.

Martine, qui préfère ne pas révéler son identité par peur de représailles, travaille dans un hôpital à deux heures de Montréal. Elle affirme avoir envoyé un courriel quelques semaines après le lancement du service OnVousEcoute. Plusieurs de ses collègues ont fait de même, selon elle, pour signaler des abus qui découlent de l’arrêté ministériel permettant aux gestionnaires d’annuler des vacances et d’imposer des heures supplémentaires au besoin.

Nous avons tous eu droit à une réponse copiée-collée disant qu’ils étaient désolés, mais que c’était nécessaire pour assurer les soins sécuritaires à la population en raison de la pandémie, dit-elle.

On dirait qu’ils n’ont même pas pris le temps de lire comme il faut le courriel et qu’ils avaient déjà des réponses préfaites qui ne répondaient pas à la demande précise. Aucune action n’a été faite.

Nous sommes très sensibles à votre situation relative au travail à temps complet et aux conditions de travail modifiées par voie d’arrêté ministériel, peut-on lire dans le courriel que le ministère a envoyé à Martine et que Radio-Canada a pu consulter.

Toutefois, nous souhaitons vous préciser que le contexte actuel est vraiment exceptionnel. […] L’état d’urgence sanitaire permet notamment [au ministère] de la Santé et des Services sociaux de mettre en place toute mesure requise pour s’assurer que le [réseau] dispose des ressources humaines nécessaires pour dispenser les soins et services à la population, est-il encore écrit.

La bataille qui est actuellement livrée au quotidien par le [réseau] est sans précédent et certaines situations dépassent celles normalement rencontrées dans le cadre de vos fonctions. C’est pourquoi nous comptons sur votre entière collaboration pour faciliter cet exercice, malgré les inconvénients associés à ces mesures temporaires.

L’infirmière à l’origine du courriel de dénonciation affirme toutefois qu’il n’y a eu aucun cas de COVID-19 dans l’établissement où elle travaille depuis le début de la pandémie.

Le ministère de la Santé n’envisage pas de suspendre le service de dénonciation à court terme. Il restera fonctionnel tant que ce sera nécessaire, indique son porte-parole.

Ce dernier ajoute toutefois qu’une réflexion est en cours pour élaborer une politique qui encadrerait les pratiques entourant la confidentialité et les communications publiques, notamment sur les médias sociaux, ainsi qu’un mécanisme de communication des enjeux non résolus.

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