Plus autonomes et moins dépendantes des alliés américains. Les forces spéciales d’élite du Canada veulent renforcer leurs équipes et les rendre mieux entraînées.

Un texte de Murray Brewster (Nouvelle fenêtre) CBC

Le gouvernement fédéral a d’ailleurs lancé un appel d’offres accessible sur son site Internet, où il ouvre la porte au poste de conseiller senior du renseignement pour les forces spéciales. Le candidat retenu sera appelé à participer à certaines des missions les plus secrètes et les plus dangereuses de l’armée.

Il aura pour mission de guider la mise en place de capacités spécifiques [de renseignement, de surveillance et de reconnaissance]. Des opérations qui impliqueront des avions.

Un membre de la section de reconnaissance canadienne.

Un membre de la section de reconnaissance canadienne.

Photo : Forces armées canadiennes

L’on apprend que les forces spéciales ont récemment acheté trois nouveaux avions de surveillance aux États-Unis. Ces appareils, qui devraient arriver en 2022, seront équipés entre autres de capteurs de poursuite pour intercepter les transmissions de téléphones portables et autres transmissions électroniques.

Le commandement des forces d’opérations spéciales du Canada (COMFOSCAN) ne livre pas plus d’informations sur la volonté de recourir au recrutement d’un conseiller contractuel.

Toutefois, le porte-parole du COMFOSCAN, le major Amber Bineau, rappelle que l’on engage périodiquement des contractants au cas par cas et précise que ledit conseiller travaillera sous supervision.

Le nouveau conseiller retenu devra également avoir une expérience approfondie de la collaboration avec d’autres services de renseignement alliés.

Il y a trois ans, le gouvernement libéral s’est engagé à renforcer la capacité de collecte de renseignements de l’armée. Cette volonté est aussi reflétée par la section des forces spéciales, qui a mis l’accent sur la collecte de renseignements dans sa stratégie intitulée Beyond the Horizon ( Au-delà de l’horizon).

Selon les spécialistes, cette stratégie est considérée comme un effort important pour recentrer les forces spéciales après près de deux décennies de concentration sur la guerre anti-insurrectionnelle.

La décision de faire appel à des experts extérieurs et de mettre en place des capacités de surveillance et de reconnaissance pour les forces spéciales est un geste important aux yeux de Wesley Wark, de l’Université d’Ottawa, l’un des principaux experts du pays en matière de renseignement. Cela est particulièrement important au moment où les États-Unis s’apprêtent à mettre fin à leur engagement auprès de leurs alliés.

Wesley Wark, expert en renseignement de sécurité, Université d'Ottawa

Wesley Wark, expert en renseignement de sécurité, Université d’Ottawa

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Le Canada a besoin de ses propres capacités indépendantes

Dans le domaine de la collecte de l’information et du renseignement militaire, le Canada s’est traditionnellement appuyé sur les Américains, mais certaines missions futures des forces spéciales pourraient ne pas impliquer de partenariat avec les forces spéciales américaines. Le Canada a besoin de ses propres capacités indépendantes, explique M. Wark.

Si vous travaillez avec différents types de partenaires, on s’attend de plus en plus à ce que vous ayez vos propres sources et à ne pas compter uniquement sur les États-Unis.

Selon M. Wark, on peut s’attendre, par exemple, à ce que les forces spéciales canadiennes soient appelées par les Nations unies pour une aide spécifique en matière de renseignement lors de missions de soutien à la paix, auxquelles les États-Unis ne participeraient pas.

Autre précision de M. Wark : l’appel d’offres évoque une expertise dans le domaine du renseignement sur les médias sociaux parmi les compétences recherchées, ce qui est intéressant et révélateur du type d’opérations complexes auxquelles la force sera confrontée à l’avenir, conclut l’expert.

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