Le chef progressiste-conservateur Blaine Higgs a fait le minimum pour tenter de séduire l’électorat francophone lors du grand rendez-vous des chefs, une rencontre politique en français, mais sans échanges croisés, mercredi soir.

M. Higgs devait aller chercher l’auditoire francophone. C’était l’occasion. Il a fait le service minimum.

Tout comme le chef de l’Alliance des gens, Kris Austin, et le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Mackenzie Thomason, le premier ministre sortant Blaine Higgs a choisi de se prévaloir de l’interprétation simultanée. Deux chefs, David Coon, du Parti vert, et Kevin Vickers, du Parti libéral, ont décidé de s’exprimer en français.

Une image sur le sol où les cinq chefs en lice pour le scrutin du Nouveau-Brunswick apparaissent.

Les principaux chefs de parti au Nouveau-Brunswick ont répondu aux questions des électeurs en français — avec interprétation simultanée.

Photo : Radio-Canada

Aux élections générales précédentes en 2018, plusieurs organismes acadiens avaient dénoncé l’absence de débat en français. Cette formule était donc l’occasion pour les chefs de parti de s’adresser directement à l’électorat francophone.

Malgré tout, l’image politique de la province à cette occasion était plutôt uniforme, a noté la chargée d’enseignement en information-communication à l’Université de Moncton, Natalie Melanson Breau.

On a eu droit hier soir à un débat avec cinq hommes blancs qui ont comme première langue l’anglais. Ce n’est pas tant un reproche ici à ces hommes qui ont tout à fait le droit d’être là comme chef de parti, c’est plutôt une prise de conscience pour le reste de la province par rapport au fait qu’il n’y avait pas de diversité tant culturelle que de genre que linguistique ou autre, a fait remarquer Natalie Melanson Breau.

Du point de vue de l’image générale, notre province, c’est vraiment une image politique toute masculine, blanche et anglophone.

Pour Mme Melanson Breau, il est difficile d’analyser la rencontre parce que les propos de trois des chefs étaient interprétés. Elle juge que les deux autres se sont distingués en parlant français.

Si on veut déclarer un gagnant, c’est très difficile encore une fois, mais en tête de peloton c’est certainement David Coon du Parti vert et Kevin Vickers du Parti libéral, tout simplement parce qu’ils se sont exprimés en français, et c’était un débat en français pour des habitants francophones, a souligné la chargée d’enseignement.

Le professeur en science politique à l’Université de Moncton, Roger Ouellette, a noté que tous n’ont pas réussi à parts égales à tirer leur épingle du jeu. Tout comme Mme Melanson Breau, il estime que le performance de David Coon dans la langue de Molière était excellente. L’analyste politique Michelle LeBlanc a elle aussi remarqué que le chef des verts s’est amélioré au cours des ans.

Roger Ouellette en entrevue par vidéoconférence le 9 septembre 2020.

Le politologue Roger Ouellette a analysé la performance des chefs au grand rendez-vous des chefs 2020 de Radio-Canada et de l’Acadie Nouvelle.

Photo : Radio-Canada

Or, Roger Ouellette n’a pas pu pas en dire autant de Kevin Vickers. Vickers, il faudrait peut-être qu’il fasse un peu attention, car il y a une question d’un auditeur sur la culture qui s’est transformée en agriculture. Je pense que c’est une bévue du chef libéral”,”text”:”M.Vickers, il faudrait peut-être qu’il fasse un peu attention, car il y a une question d’un auditeur sur la culture qui s’est transformée en agriculture. Je pense que c’est une bévue du chef libéral”}}” lang=”fr”>M. Vickers, il faudrait peut-être qu’il fasse un peu attention, car il y a une question d’un auditeur sur la culture qui s’est transformée en agriculture. Je pense que c’est une bévue du chef libéral, a noté M. Ouellette.

David Coon, chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des Chefs.

Lors du grand rendez-vous des chefs, David Coon a réitéré qu’il voulait un comité sur les langues officielles et la dualité dans les foyers de soins.

Photo : Radio-Canada

La bonne performance de M. Coon pourrait d’ailleurs accentuer la montée des verts, déjà en voie de menacer certains acquis libéraux. Ce qui barre la route des libéraux, c’est la montée des verts. Ils ont élu trois députés la dernière fois et ils veulent en élire plus cette fois-ci, a mentionné M. Ouellette.

Habitué des joutes politiques, Blaine Higgs a livré une performance adéquate, mais sans éclat, selon Roger Ouellette. Quand M. Vickers et M. Coon ont à tour de rôle avancé qu’ils appuieraient la création d’un comité sur les langues officielles à l’Assemblée législative, le chef du Parti progressiste-conservateur a refusé de se compromettre.

Blaine Higgs, chef du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des Chefs.

Le progressiste conservateur Blaine Higgs est l’un des chefs qui ont décidé de s’exprimer en anglais et de se prévaloir de l’interprétation simultanée dans ce forum en français.

Photo : Radio-Canada

D’autres enjeux plus spécifiques, mais non reliés à la francophonie, ont reçu le même traitement. Pour quelqu’un qui cherche un gouvernement majoritaire, il a été très évasif dans ses réponses, a observé Roger Ouellette.

Si David Coon est celui qui, à son avis, a le mieux performé en français, le grand vainqueur de cette rencontre, selon Roger Ouellette, est sans contredit le chef intérimaire du NPD, Mackenzie Thomason.

Si je devais dire qui a le mieux performé ce soir, je dirais que c’est le jeune chef du NPD de 23 ans.

Mackenzie Thomason, chef du Nouveau Parti démocratique du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des Chefs.

Mackenzie Thomason, chef du Nouveau Parti démocratique du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des chefs.

Photo : Radio-Canada

S’exprimant sans détour et avec éloquence, Mackenzie Thomason a donné une bonne leçon aux chefs plus âgés, d’après le politologue.

Les autres tiers partis, qui avaient fait une percée historique en 2018, ont quant à eux profité de cette tribune pour souligner le danger d’un gouvernement majoritaire. Selon eux, un gouvernement Higgs majoritaire serait allé de l’avant avec le projet de fermeture de six salles d’urgence régionales la nuit.

À ce sujet, le chef libéral Kevin Vickers a accusé Blaine Higgs d’avoir été malhonnête quand il s’est présenté aux élections précédentes.

2018] et il a promis qu’il n’y aurait pas de coupures. Ensuite, il a fait exactement l’opposé. Je ne peux pas faire confiance à M.Higgs.”,”text”:”Blaine Higgs a regardé les gens dans les yeux [en2018] et il a promis qu’il n’y aurait pas de coupures. Ensuite, il a fait exactement l’opposé. Je ne peux pas faire confiance à M.Higgs.”}}” lang=”fr”>Blaine Higgs a regardé les gens dans les yeux [en 2018] et il a promis qu’il n’y aurait pas de coupures. Ensuite, il a fait exactement l’opposé. Je ne peux pas faire confiance à M. Higgs.

Kevin Vickers, chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des Chefs.

Kevin Vickers a profité du grand rendez-vous des chefs pour insister sur l’occasion économique que représentent les petits réacteurs et sur l’importance des liens avec le gouvernement fédéral.

Photo : Radio-Canada

Le chef progressiste-conservateur a répété qu’il regrettait cette décision, mais a affirmé qu’une réorganisation des hôpitaux restait à son avis nécessaire. Sur la question de la santé, le premier ministre sortant a encore une fois vanté sa gestion de la COVID-19.

D’autres thèmes récurrents ont retenu l’attention, comme l’économie, l’éducation et l’urgence climatique. À propos de la relance économique, Kevin Vickers a insisté sur l’occasion que représentent les petits réacteurs modulaires et sur l’importance des liens avec le gouvernement fédéral. David Coon et Mackenzie Thomason ont affirmé que cette relance doit être faite dans une approche qui tient compte de l’environnement. De son côté, Blaine Higgs a évoqué une réforme municipale qui mettrait de l’avant l’autonomie des régions.

En ce qui concerne l’éducation, tous les chefs ont critiqué les gouvernements successifs, qui modifient les programmes d’études et n’améliorent pas un programme d’immersion française qui ne connaît qu’un taux de réussite de 10 %.

Et si l’immersion française ne fait pas le travail que nous nous devons de faire en tant que Néo-Brunswickois, nous devrons nous pencher sur des méthodes de rechange comme le font d’autres nations et pays pour s’assurer que nos enfants ont des opportunités dans les deux langues, a déclaré le chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, Kris Austin.

Kris Austin, chef du parti de l'Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des Chefs.

Kris Austin, chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, le mercredi 9 septembre lors du grand rendez-vous des chefs 2020.

Photo : Radio-Canada

Malgré tout, selon le politologue Roger Ouellette, c’est une rencontre sans événement à laquelle ont été conviés les électeurs francophones mercredi soir.

Les chefs étaient très disciplinés, a renchéri l’éditorialiste à l’Acadie Nouvelle, François Gravel.

Les chefs avaient déjà débattu la semaine dernière, en anglais, sur les chaînes du réseau Rogers. Ils se réuniront à nouveau jeudi soir pour une table ronde virtuelle organisée par CTV.

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