Un total de 79 % des personnes âgées de 65 à 84 ans ont voté lors des élections générales de 2018 au Nouveau-Brunswick. Cette tranche d’âge, qui correspond aux personnes les plus susceptibles de contracter la COVID-19, représente la plus grande proportion d’électeurs de la province.

Mais cette fois-ci, il n’y aura pas de bureaux de vote dans les foyers de soins ni de visites de représentants d’Élections Nouveau-Brunswick. L’organisation dit préconiser le vote par correspondance.

Or, le vote par correspondance n’est pas populaire chez les électeurs. En 2018, 65 % des Néo-Brunswickois qui ont exercé leur droit de vote se sont rendus à leur bureau de scrutin, le jour J, pour tracer leur croix. Ils ne sont que 12 % à avoir choisi de voter par bulletin spécial.

On n’a pas une habitude de voter par bulletin spécial au Nouveau-Brunswick. Normalement, on se rend directement au bureau de scrutin… surtout s’il est dans notre foyer de soins, explique le professeur de science politique à l’Université de Moncton Roger Ouellette.

Les jeunes aussi pourraient bouder les urnes le 14 septembre prochain. Traditionnellement, les électeurs de 34 ans et moins sont les moins nombreux à voter.

Cette année, les 18 universités et collèges communautaires de la province ne disposeront pas de bureaux de vote spéciaux, pandémie oblige. En 2018, ces bureaux de vote ont entraîné une augmentation de 19 % du taux de participation sur les campus par rapport à 2014.

votes”,”text”:”Dans la circonscription de Memramcook-Tantramar, c’est vraiment les jeunes du campus de Sackville qui ont fait en sorte que la candidate verte a gagné par 11votes”}}” lang=”fr”>Dans la circonscription de Memramcook-Tantramar, c’est vraiment les jeunes du campus de Sackville qui ont fait en sorte que la candidate verte a gagné par 11 votes, dit Roger Ouellette. David Coon, le chef des verts, a été élu par les campus de l’Université du Nouveau-Brunswick et de Saint-Thomas lors de sa première élection.

Les électeurs seront-ils mobilisés?

Il n’y a pas que la crise sanitaire qui pourrait changer le comportement des électeurs. Ils pourraient être plus nombreux à s’abstenir lors de cette élection surprise, qui n’a pas été déclenchée par un discours du Trône ou un vote sur le budget. Pour l’instant, il semble n’y avoir que la question du leadership qui se dégage comme question de l’urne, avance Roger Ouellette.

On pourrait notamment voir une baisse du taux de participation en ville, estime le professeur. Les électeurs en milieu rural ont l’habitude de se déplacer pour voter : ils sont près de 70 % à s’être présentés aux urnes, en 2018, contre 64 % dans les milieux urbains.

En milieu rural, on vote plus parce que le lien entre les candidats et la population est plus étroit. On connaît le candidat alors on fait sortir le vote plus facilement, suggère Roger Ouellette.

C’est d’ailleurs dans des circonscriptions urbaines où l’on comptait le moins d’électeurs en 2018.

On note aussi une légère différence entre les votes francophone et anglophone. Lors du dernier scrutin général, près de 70 % des électeurs résidant dans une circonscription à majorité francophone ont voté, contre 65 % du côté anglophone. Un atout précieux pour Kevin Vickers, croit l’analyste politique. Les personnes âgées francophones ont tendance à voter libéral. Alors s’ils ne participent pas, il y aura moins de votes pour les libéraux.

On constate d’ailleurs que les trois circonscriptions où le taux de participation est le plus élevé sont aussi les circonscriptions comptant le plus de personnes dont la langue maternelle est le français (au-dessus de 95 %).

Le Nouveau-Brunswick pourrait servir de modèle pour d’autres provinces canadiennes ou États américains qui se lanceront en élections prochainement. Les observateurs seront nombreux à noter l’incidence de ce scrutin en temps de pandémie sur le comportement de l’électorat.

Kimberly Poffenroth assise à un bureau devant une affiche d'Élections NB.

La directrice générale des élections du Nouveau-Brunswick, Kim Poffenroth, a encouragé jeudi les citoyens à voter par anticipation (archives).

Photo : La Presse canadienne / Kevin Bissett

Pour l’instant, les exemples précédents n’annoncent rien de bon. % du taux de participation”,”text”:”En France, on a tenu des élections municipales en 2020. On a constaté une baisse de 20% du taux de participation”}}” lang=”fr”>En France, on a tenu des élections municipales en 2020. On a constaté une baisse de 20 % du taux de participation, conclut Roger Ouellette.

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