Plusieurs dizaines de personnes rassemblées devant l’édifice de l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, à Fredericton, jeudi après-midi, ont réclamé une enquête publique sur le système judiciaire provincial.

Les organisateurs préparaient l’activité depuis des semaines. Peu importe qui remporte les élections, le groupe veut que le prochain gouvernement s’engage à effectuer cette enquête publique, explique un organisateur du rassemblement, Nate Gaffney.

Tous les chefs autochtones de la province se sont réunis avec le premier ministre Blaine Higgs, en juillet, pour lui demander une enquête publique à la suite de la mort des Autochtones Chantel Moore, Rodney Levi et Brady Francis. Mais M. Higgs n’a pas pris d’engagement en ce sens.

Nate Gaffney parle à la foule.

Nate Gaffney a organisé le rassemblement. Il a dit qu’il voulait agir dès maintenant, ne pas attendre des années et regretter de n’avoir rien fait.

Photo : CBC/Logan Perley

Des membres des familles Moore, Levi et Francis ont participé au rassemblement. L’activité s’inscrit dans une volonté de maintenir la pression sur Fredericton, a indiqué Nate Gaffney.

La sénatrice Sandra Lovelace-Nicholas a pris la parole durant l’événement. Nous devons éclairer le passé douloureux et les actions injustes et violentes dans notre système, a-t-elle déclaré en refoulant ses larmes.

Selon la sénatrice, le fait que le gouvernement a refusé de lancer une enquête publique est une injustice en soi et une source de vive déception pour les peuples autochtones et les familles bouleversées par ces morts récentes.

Sandra Lovelace-Nichola.

La sénatrice Sandra Lovelace-Nicholas s’est adressée aux participants en peinant à retenir ses larmes.

Photo : CBC/Logan Perley

Le racisme systémique n’est pas une nouveauté, a ajouté la sénatrice en parlant de ses propres souvenirs d’enfance. Ses parents, a-t-elle relaté, lui disaient de se cacher quand des policiers étaient dans les environs.

Les chefs des partis politiques au Nouveau-Brunswick devraient envisager d’emboîter le pas à la Colombie-Britannique qui a une loi adoptant la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, a ajouté Mme Lovelace-Nicholas. Ce serait, selon elle, une protection pour les peuples autochtones et le respect des traités.

Une autre participante, Darrah Beaver, directrice de l’éducation dans la Première Nation de Tobique, estime qu’il n’y a pas de justice pour les Autochtones. Il faut, selon elle, une forme de surveillance indépendante des corps policiers lorsqu’ils interviennent auprès d’Autochtones.

Tobique par exemple, explique-t-elle, a créé un service de sécurité qui surveille les agents de la GRC chaque fois qu’ils interviennent dans la communauté. Cette mesure, dit-elle, assure la sécurité des résidents. Selon elle, le service de sécurité remporte du succès là où la GRC connaît des échecs.

Darrah Beaver.

Darrah Beaver croit que la demande de faire monter les enjeux autochtones sur la liste des priorités du gouvernement ne proviendra pas seulement des peuples autochtones.

Photo : CBC/Logan Perley

Plusieurs personnes qui ne sont pas d’origine autochtone ont participé au rassemblement. Mme Beaver espère que l’appui de cette cause par la population va augmenter. Cet appui, selon elle, peut faire croître l’importance accordée par les politiciens aux problèmes des Autochtones.

Tous les chefs de parti politique en campagne électorale devraient s’en préoccuper, ajoute Mme Beaver. Une enquête publique sur le racisme systémique ne serait qu’une première étape pouvant mener à des changements. Elle croit que le gouvernement conservateur sortant a été effrayé par les coûts potentiels des changements nécessaires pour corriger les méfaits et les lacunes du système.

David Coon.

Le chef du Parti vert, David Coon, dit croire qu’il y a des moments dans l’histoire où les choses doivent changer et que c’est le cas au Nouveau-Brunswick.

Photo : CBC/Logan Perley

Le chef du Parti vert, David Coon, était aussi présent. Selon lui, le moment est bien choisi pour faire des changements.

David Coon a déjà appuyé auparavant la demande des chefs autochtones pour une enquête publique sur le racisme systémique.

Le meilleur moyen d’agir est d’écouter les personnes qui ont subi des difficultés et d’entendre leur version des faits pour trouver des solutions positives à ces problèmes, estime M. Coon.

Le chef des verts juge que la position prise par le premier ministre dans ce dossier est honteuse et incompréhensible.

Il faut bâtir une relation avec les peuples autochtones de la province qui tienne compte des traités et du fait qu’ils n’ont pas cédé leurs terres, selon David Coon. Il croit que le public doit participer au processus pour comprendre cette réalité.

Le ministre sortant des Affaires autochtones, Jake Stewart, avait appuyé l’idée d’une enquête publique malgré la prise de position de Blaine Higgs.

Avec les renseignements de Logan Perley, de CBC

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