Le parti du premier ministre albertain a provoqué la controverse sur les réseaux sociaux, en publiant la citation d’une pédiatre qui affirmait qu’il « est extrêmement rare, et peut-être même impossible, d’attraper le virus simplement en se trouvant dans la même pièce qu’une personne infectée », contrairement à ce que pensent plusieurs experts. Cette dernière a depuis cherché à nuancer sa déclaration.

Dans le but de rassurer les parents inquiets face à la rentrée scolaire, le Parti conservateur uni (PCU) a publié cette phrase sur les réseaux sociaux mercredi :

Bien se laver les mains avant de toucher de la nourriture ou son visage et éviter les contacts rapprochés avec les autres quand c’est possible sont des stratégies qui sont probablement efficaces; il est extrêmement rare, et peut-être même impossible d’attraper le virus simplement en se trouvant dans la même pièce qu’une personne infectée.

Il a joint un lien vers la lettre ouverte d’où est tirée la citation, publiée quelques heures auparavant dans l’Edmonton Journal.

Or, de nombreux internautes ont noté l’apparente contradiction avec les recommandations des experts, qui déconseillent fortement les rassemblements intérieurs.

En 22 heures, cette publication sur la page officielle du caucus du PCU a provoqué 306 réactions sur Facebook, dont 263 étaient des émoticônes en colère.

Nos experts médicaux nous disent depuis des mois que les grands rassemblements intérieurs sont la plus grande source de propagation de la COVID-19, souligne une internaute.

Si c’est ce que vous pensez, il ne faut pas s’étonner que l’Alberta voie actuellement le plus haut taux de nouvelles infections par habitant de tout le pays, commente un autre.

L'évolution de la COVID-19 d'heure en heure.

L’auteure clarifie ses propos

L’auteure de la lettre, la Dre Joan Robinson, pense avoir été mal comprise, en partie par sa propre faute.

Ce que je voulais dire, c’est que la façon de contracter le virus quand on se trouve dans la même pièce qu’une personne infectée, c’est en touchant les choses que cette personne a touchées ou en se trouvant trop près d’elle , explique la pédiatre spécialisée en maladies infectieuses de l’Hôpital Stollery d’Edmonton.

Selon elle, les preuves que le SRAS-CoV-2 peut se transmettre par l’air sur de longues distances sont cependant insuffisantes. C’est également la position officielle de l’Organisation mondiale de la santé, même si de nombreux experts croient le contraire.

Après coup, la Dre Robinson a d’ailleurs ajouté une note à la fin de son texte pour mieux expliquer ce qu’elle voulait dire. Le PCU a toutefois gardé sa publication sur Facebook telle quelle.

Le contexte compte, selon un expert

Or, la nuance est importante, selon le microbiologiste médical de l’Hôpital Saint-Boniface Philippe Lagacé-Wiens.

Car, si cette citation n’est pas fausse sur le plan factuel, %”,”text”:”elle ne s’applique pas à 100%”}}” lang=”fr”>elle ne s’applique pas à 100 % dans un contexte scolaire, puisque la distanciation physique n’y sera pas toujours possible et que les élèves seront vraisemblablement amenés à toucher les mêmes surfaces.

Le message a été un peu perdu, puis il a été transmis, et c’est devenu de la mal information, croit-il.

Les politiciens devraient savoir qu’il faut s’assurer de vraiment envoyer des messages qui sont clairs et bien écrits pour éviter la confusion chez le public, parce qu’il n’y a rien de plus dangereux qu’un public qui est mal informé.

Questionné au sujet du message envoyé par le Parti, un porte-parole du PCU a déclaré par courriel que la Dre Robinson est une professionnelle grandement respectée et que le parti ne souhaitait pas répondre aux attaques d’activistes sur Twitter qui veulent salir sa réputation.

Les débats autour de la rentrée persistent

Le gouvernement albertain a dû défendre à plusieurs reprises son plan pour une rentrée scolaire quasiment normale en septembre, alors que l’Alberta a le plus haut taux de cas actifs de COVID-19 par habitant au Canada.

L’opposition officielle et des associations de parents et d’enseignants lui demandent d’investir plus d’argent pour réduire le nombre d’élèves par classe et assurer plus de distance entre les pupitres.

Dans sa lettre intitulée Opinion : Les parents albertains ne devraient pas se sentir coupables de laisser leurs enfants retourner à l’école, la Dre Robinson admet que des éclosions dans les écoles sont inévitables. Elle croit toutefois que les risques qui y sont associés sont moindres en comparaison du coût social du maintien de la fermeture des écoles.

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