« Je ne vais pas signer un chèque en blanc pour les budgets dans l’avenir », a déclaré le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon, après que le premier ministre Blaine Higgs eut demandé à ses opposants de s’engager à éviter des élections jusqu’en 2022.

Le premier ministre progressiste-conservateur a avoué dans une lettre envoyée lundi que le déclenchement d’élections lui a pesé sur la conscience. S’il ne souhaitait pas envoyer les citoyens aux urnes durant une pandémie, il se disait préoccupé par l’instabilité du gouvernement minoritaire devant la teneur des enjeux à venir.

Il a mentionné avoir d’abord réfléchi à deux principaux scénarios, tous deux imparfaits : celui où des élections seraient déclenchées cet automne, alors que la pandémie sévit toujours, et celui où des élections seraient déclenchées de manière surprise dans le cadre d’un gouvernement instable. Il existe toutefois une troisième avenue, a-t-il écrit dans sa lettre.

Dans ce troisième scénario, les quatre partis élus à l’Assemblée législative, soit le Parti progressiste-conservateur, le Parti libéral, le Parti vert et l’Alliance des gens, s’entendent sur un plan commun, qu’ils s’engagent à appuyer jusqu’en 2022.

« Nous n’allons pas suspendre la démocratie »

Higgs est immense. Je suis d’accord que nous devons augmenter la collaboration à l’Assemblée législative dans le contexte de la COVID-19. Mais nous n’allons pas suspendre la démocratie au Nouveau-Brunswick”,”text”:”La proposition de M.Higgs est immense. Je suis d’accord que nous devons augmenter la collaboration à l’Assemblée législative dans le contexte de la COVID-19. Mais nous n’allons pas suspendre la démocratie au Nouveau-Brunswick”}}” lang=”fr”>La proposition de M. Higgs est immense. Je suis d’accord que nous devons augmenter la collaboration à l’Assemblée législative dans le contexte de la COVID-19. Mais nous n’allons pas suspendre la démocratie au Nouveau-Brunswick, a affirmé David Coon.

Ce dernier estime qu’il existe d’autres solutions que celle proposée par le premier ministre Higgs, qui selon la politologue Stéphanie Chouinard, cherche à s’acheter un gouvernement majoritaire sans passer aux urnes.

Le chef des verts signale qu’il présentera une autre proposition demain.

C’est très important d’assurer la stabilité dans un gouvernement minoritaire dans le contexte de la COVID-19 avec tous les autres défis qui existent au Nouveau-Brunswick. Mais il y a beaucoup de possibilités pour assurer la stabilité [autre que celle proposée], a dit M. Coon.

Le chef du Parti libéral, le principal parti d’opposition, a montré une ouverture aux discussions, mais a lui aussi émis quelques réserves. Kevin Vickers espère qu’ils pourront s’entendre sur un plan qui inclut les priorités de son parti.

Kevin Vickers devant un drapeau du Nouveau-Brunswick.

Kevin Vickers, chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, le 4 mars 2020.

Photo : Radio-Canada

Il y a plusieurs questions qui, à mon avis, doivent être prioritaires – la santé et la sécurité des Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises en cette période de pandémie, le déclenchement des deux élections partielles dans les circonscriptions qui ont été sans représentation pendant si longtemps et la nécessité de mettre l’accent sur la reprise économique. La réouverture sécuritaire des écoles doit également être une priorité, a détaillé Kevin Vickers.

Nous avons adopté une position ferme sur la protection des hôpitaux ruraux et cela continuera d’être un enjeu prioritaire pour nous, a-t-il ajouté.

Le député indépendant de Shippagan-Lamèque-Miscou se montre plus sceptique quant à bonne foi du premier ministre.

Robert Gauvin pris en photo à l'extérieur, souriant, en août 2020.

Robert Gauvin, député indépendant de Shippagan-Lamèque-Miscou.

Photo : Radio-Canada / Guy LeBlanc

Un premier ministre qui est à cinq sièges de la majorité, qui demande une majorité, sans l’appui de la population, on n’a jamais vu ça.

Robert Gauvin, qui a quitté le caucus progressiste-conservateur l’hiver dernier en opposition au projet de fermeture des urgences de six hôpitaux la nuit, dit ne pas avoir reçu d’invitation pour participer aux discussions de cette semaine.

Je suis un député élu à l’Assemblée législative et moi je n’ai pas eu d’invitation. Voilà aussi pourquoi je doute du sérieux de l’affaire.

Selon lui, le premier ministre cherche à s’arroger des pouvoirs aux dépens de la démocratie.

millions à Saint-Jean. Donc, en muselant l’opposition, j’aurais peur des décisions qui seraient prises”,”text”:”On dirait que depuis le début de la pandémie, on essaie d’enlever le droit de parole à la population. Moi j’ai énormément de difficulté avec ça. Déjà vous avez vu les fonds du Nord, on les a changés et on vient de donner 10millions à Saint-Jean. Donc, en muselant l’opposition, j’aurais peur des décisions qui seraient prises”}}” lang=”fr”>On dirait que depuis le début de la pandémie, on essaie d’enlever le droit de parole à la population. Moi j’ai énormément de difficulté avec ça. Déjà vous avez vu les fonds du Nord, on les a changés et on vient de donner 10 millions à Saint-Jean. Donc, en muselant l’opposition, j’aurais peur des décisions qui seraient prises, a-t-il admis.

Robert Gauvin voit même un piège dans la proposition du premier ministre, puisqu’à son avis, la question de déclencher ou non des élections lui revient entièrement.

Higgs, s’il ne veut pas d’élections, il a juste à ne pas en appeler.”,”text”:”Je pense pas que c’est une bonne idée de faire des élections en pleine pandémie. Et M.Higgs, s’il ne veut pas d’élections, il a juste à ne pas en appeler.”}}” lang=”fr”>Je pense pas que c’est une bonne idée de faire des élections en pleine pandémie. Et M. Higgs, s’il ne veut pas d’élections, il a juste à ne pas en appeler.

La difficulté de tout planifier jusqu’en 2022

Le politologue Mario Lévesque estime lui aussi que les partis d’opposition devront réfléchir sérieusement aux projets qu’ils souhaitent voir d’ici 2022 avant d’accepter la proposition du premier ministre.

Mario Lévesque, politologue.

Mario Lévesque, politologue.

Photo : Radio-Canada

Vickers, il faut qu’il pense [à ce] qu’il veut faire. Et ça va dépendre des problèmes qu’ils veulent essayer d’avancer dessus. C’est-tu les problèmes de la santé? La fermeture des hôpitaux la nuit? L’environnement? C’est-tu baisser les taxes ici, quelles taxes?”,”text”:”C’est sûr que M.Vickers, il faut qu’il pense [à ce] qu’il veut faire. Et ça va dépendre des problèmes qu’ils veulent essayer d’avancer dessus. C’est-tu les problèmes de la santé? La fermeture des hôpitaux la nuit? L’environnement? C’est-tu baisser les taxes ici, quelles taxes?”}}” lang=”fr”>C’est sûr que M. Vickers, il faut qu’il pense [à ce] qu’il veut faire. Et ça va dépendre des problèmes qu’ils veulent essayer d’avancer dessus. C’est-tu les problèmes de la santé? La fermeture des hôpitaux la nuit? L’environnement? C’est-tu baisser les taxes ici, quelles taxes?

Selon M. Lévesque, la difficulté de la tâche réside justement dans la nécessité de tout planifier au quart de tour, afin d’éviter une mauvaise surprise qui n’aurait pas été incluse dans le contrat.

Faut tout soit décidé à l’avance pour les deux prochaines années. C’est ça qui va faire ça difficile pour les partis, qui devront tout décider ensemble des détails.

Avec des renseignements de Jean-Philippe Hughes et d’Héloïse Rodriguez-Qizilbash

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