Depuis sa création en 1990 en réaction à l’échec de l’accord du lac Meech, le Bloc québécois a eu des hauts et des bas. De son rôle d’opposition officielle à la Chambre des communes à son dernier succès électoral, en passant par ses crises intestines, retour en 10 temps sur l’histoire mouvementée du parti.


1. NAISSANCE D’UN PARTI

Le 22 mai 1990, Lucien Bouchard, alors ministre fédéral de l’Environnement dans le gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney, démissionne de son poste. Avec cinq autres députés de la Chambre des communes, il forme dans les semaines suivantes un nouveau groupe parlementaire qui prône la souveraineté du Québec. En juin de l’année suivante, le Bloc québécois devient officiellement un parti politique lors d’un congrès de fondation.

Le premier député élu sous la bannière du Bloc est Gilles Duceppe, dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie, lors de l’élection partielle du 13 août 1990.


2. DOMINATION ÉLECTORALE ET OPPOSITION OFFICIELLE

Au cours des six élections fédérales qui se tiennent de 1993 à 2011, le parti remporte une majorité des 75 sièges du Québec. Aux élections fédérales de 1993, qui mènent les libéraux de Jean Chrétien au pouvoir, le Bloc remporte 54 sièges au Québec et devient de fait l’opposition officielle à la Chambre des communes. Pour la première fois, un parti indépendantiste québécois fait office d’opposition officielle à Ottawa.


3. LUCIEN BOUCHARD SE RETIRE

La démission du premier ministre du Québec Jacques Parizeau après l’échec du référendum d’octobre 1995 mène à un repositionnement des forces souverainistes.

Lucien Bouchard, chef du Bloc, quitte le parti qu’il a fondé pour remplacer M. Parizeau à la tête du Parti québécois, devenant premier ministre du Québec le 29 janvier 1996.


4. LES ANNÉES DUCEPPE

Les trois hommes lèvent leurs bras.

Jacques Parizeau, Gilles Duceppe et Lucien Bouchard, lors d’un rassemblement du Bloc québécois en novembre 2000.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Après un bref intermède pendant lequel le parti est dirigé par Michel Gauthier, Gilles Duceppe prend les rênes du Bloc québécois. Il reste à la tête du parti de 1997 à 2011 et le mène lors de cinq campagnes électorales.


5. L’EFFONDREMENT ET LA CRISE EXISTENTIELLE

Gilles Duceppe annonce son départ à la suite de la défaite électorale de 2011.

« Le Québec a voulu donner une dernière chance à un parti fédéraliste. Je respecte ce choix et j’en assume la responsabilité, au nom du Bloc québécois. » Gilles Duceppe.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Aux élections de 2011, la vague orange néo-démocrate de Jack Layton balaie le Québec, reléguant le Bloc au rôle de tiers parti.

Le Bloc ne fait élire que quatre députés, et perd son statut de parti officiel à la Chambre des communes.

Battu dans sa propre circonscription, Gilles Duceppe quitte le navire.


6. EXPULSION DE MARIA MOURANI

Daniel Paillé prend la relève de Gilles Duceppe, de 2011 à 2013. On retient de son passage l’expulsion du caucus de la députée d’Ahuntsic Maria Mourani. Effet, cette dernière s’opposait au projet de charte des valeurs québécoises du gouvernement de Pauline Marois, en faveur duquel le Bloc s’était prononcé.


7. ESPOIR D’UNE RECONQUÊTE

À la veille des élections fédérales de 2015, coup de théâtre : le chef Mario Beaulieu quitte ses fonctions et laisse la place à Gilles Duceppe, de retour à la tête du Bloc.

La baisse de popularité du NPD et des conservateurs au Québec laissent espérer le meilleur, mais au fil de la campagne les appuis s’effritent et les espoirs s’amenuisent.

Le Bloc obtient finalement des résultats légèrement en baisse par rapport à ceux de 2011, mais fait quand même élire 10 députés.

Gilles Duceppe, qui n’a pas été élu dans sa circonscription, remet sa démission.


8. AU BORD DE L’IMPLOSION

Martine Ouellet est désignée chef du Bloc en mars 2017. L’ex-députée péquiste devenue indépendante, qui avait été candidate à la chefferie du PQ en 2015 et 2016, décide de conserver son poste à l’Assemblée nationale du Québec.

Son style de leadership ne fait pas l’unanimité et la grogne s’installe rapidement.

En février 2018, 7 des 10 députés finissent par quitter le parti et siègent comme indépendants. En juin, Mme Ouellet démissionne après avoir perdu un vote de confiance.


9. LA RÉSURRECTION DU BLOC

Yves-François Blanchet et sa conjointe les mains en l'air sur la scène devant les partisans du Bloc québécois.

Yves-Francois Blanchet a remporté son pari, faisant au passage gagner 22 sièges à son parti.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Yves-François Blanchet, ex-ministre de l’Environnement du Québec, devient le nouveau chef du parti en janvier 2019. Sa performance lors de la campagne électorale de 2019 permet au parti de remonter la pente et de faire élire 32 députés.


10. LOUIS PLAMONDON, LE DOYEN

Louis Plamondon sourit en regardant la caméra pendant qu'il marche dans la rue, l'hiver.

Le député de Bécancour-Nicolet-Saurel Louis Plamondon marche dans la rue Wellington.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

Parmi les élus, on trouve le doyen de la Chambre des communes, Louis Plamondon.

Élu pour la première fois en 1984 sous la bannière du Parti progressiste-conservateur, le député de la circonscription de Bécancour-Nicolet-Saurel est devenu un des fondateurs du Bloc québécois.

Louis Plamondon, qui a célébré en 2019 sa 11e victoire électorale, avait quitté le parti temporairement dans la foulée de la crise du leadership de Martine Ouellette.

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