Trois importants syndicats font front commun pour demander au gouvernement de Doug Ford d’abolir les foyers de soins de longue durée privés en Ontario. La demande survient alors qu’une nouvelle étude confirme que les foyers privés sont plus susceptibles de connaître des éclosions de COVID-19 et des décès que les foyers publics.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Unifor ainsi que SEIU Healthcare (Union internationale des employés des services en santé), qui représentent des milliers de travailleurs ontariens, exigent que l’Ontario mette fin au régime privé de soins de longue durée.

Les conditions de prise en charge des résidents et les conditions de travail du personnel de soins sont inacceptables. Nous avons besoin d’engagements de la part de Doug Ford pour qu’un changement survienne, indique Candace Rennick, la secrétaire-trésorière du SCFP Ontario.

Les syndicats demandent aussi à ce qu’un registre des préposés aux soins soit créé.

On laisse n’importe qui travailler dans ces foyers, parce qu’on manque de personnel. Mais ce n’est pas n’importe qui qui peut faire ce travail, estime Sharleen Stewart, la présidente de SEIU Healthcare. 

Les syndicats lancent donc une campagne publicitaire baptisée Care Not Profits afin de transmettre leur message.

Nous devons réparer le système et on a besoin de vous. Nos aînés méritent tellement mieux.

Les associations aimeraient même que leur message ait une portée nationale, afin de faire changer le système dans d’autres provinces également.

Ce sera un enjeu électoral et on jugera les gouvernements par leurs réponses, croit Jerry Dias.

Deux fois plus de morts dans le système privé

Une étude (Nouvelle fenêtre) publiée mercredi dans le Canadian Medical Association Journal confirme que les éclosions de COVID-19 dans les foyers de soins de longue durée privés étaient beaucoup plus graves que dans les foyers publics en Ontario. On parle presque du double des décès et des cas.

Selon les auteurs de l’étude, l’un des facteurs déterminants de cette différence est la conception des établissements.

On a été surpris de voir comment le design était important… On a aussi été déçus de voir que plusieurs établissements ont toujours un design qui date de 1972, explique Andrew Costa, l’un des auteurs de l’étude.

Les foyers privés ont été pour la plupart bâtis bien avant les établissements publics, ce qui fait en sorte qu’ils ne respectent pas nécessairement les normes actuelles.

Ce sont des endroits horribles pour vivre, parce qu’on y manque d’espace, mais c’est évidemment aussi très mauvais pour le contrôle des infections, souligne M. Costa en faisant référence aux vieux bâtiments.

Il note que dans les vieux établissements, les résidents peuvent parfois être quatre par chambre. Un facteur facilitant la propagation du virus, évidemment.

L’Association des foyers de soins de longue durée de l’Ontario, qui représente 70 % des foyers de la province, renvoie la balle au gouvernement au sujet de l’étude.

La Commission doit examiner à la fois ce qui s’est passé pendant la pandémie et les problèmes systémiques qui ont laissé les foyers de soins de longue durée confrontés à une situation catastrophique, écrit un porte-parole de l’association.

Le gouvernement de Doug Ford a annoncé en mai qu’une commission d’enquête aurait lieu pour faire la lumière sur la crise qu’ont subie les foyers de la province durant la pandémie.

La COVID-19 a coûté la vie à 1400 résidents de foyers pour aînés en Ontario.

Les foyers de soins de longue durée ontariens en chiffre :

  • 626 foyers de soins de longue durée en Ontario
  • 58 % appartiennent à des particuliers 
  • 24 % sont sans but lucratif
  • 16 % appartiennent à des municipalités 
  • Environ 300 foyers ont besoin d’être rénovés 

Sources : Long-Term Care Utilization Report, February 2019, Ontario Ministry of Health and Long-Term Care; Ontario Long Term Care Association, internal database, 2019

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