Le ministre des Transports, François Bonnardel, a annoncé la formation d’un groupe d’intervention pour trouver des pistes de solutions pour l’avenir des dessertes aériennes régionales au Québec.

Cette décision du ministre des Transports survient à la suite de l’annonce d’Air Canada d’interrompre 30 liaisons régionales et de fermer huit escales. La compagnie aérienne attribue ces changements à la crise de la COVID-19. Parmi les destinations abandonnées par le transporteur, on retrouve les villes de Baie-Comeau, Mont-Joli, Gaspé et Val-d’Or.

Cette initiative est menée en collaboration avec différents partenaires, dont la Fédération québécoise des municipalités (FQM), l’Union des municipalités du Québec (UMQ), l’Association québécoise du transport aérien (AQTA), le ministère de l’Économie et de l’Innovation, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec et les aéroports de Québec et de Montréal.

D’autres groupes feront également partie du comité, notamment Hydro-Québec, ainsi qu’un député provenant de chaque formation politique présente à l’Assemblée nationale.

Les membres du comité doivent se réunir pour la première fois la semaine prochaine. Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, doit participer à la rencontre.

Le groupe d’intervention devra d’abord mettre en place une stratégie pour le court terme afin de pouvoir desservir les destinations abandonnées dès le 1er septembre.

Pour assurer un service aérien, le groupe pourrait entre autres conclure des partenariats avec des compagnies aériennes québécoises comme Pascan Aviation, Air Liaison, Air Creebec, Air Inuit et Chrono aviation.

Le ministre s’attend à une fréquence des vols de niveau potable en septembre vers les destinations abandonnées. Il s’attend également à des coûts compétitifs et à un service à la clientèle de premier ordre.

Une solution à long terme

Par la suite, le groupe aura aussi la tâche d’élaborer d’ici la fin de l’année 2020 une stratégie provinciale pour le moyen et le long terme.

On devra trouver une piste de solution pérenne pour assurer un transport aérien dans toutes les régions du Québec pour les prochaines années.

M. Bonnardel est catégorique : Air Canada est un partenaire incontournable. On devra aussi s’associer et travailler avec Air Canada, affirme-t-il.

Il explique qu’il faudra arrimer les vols régionaux assurés par de nouveaux fournisseurs aux aéroports desservis par Air Canada, afin de permettre aux citoyens de prendre des vols nationaux et internationaux.

En trouvant une solution pérenne, le ministre espère pouvoir desservir adéquatement toutes les régions de la province.

M’assurer que si on fait cela, bien qu’Air Canada nous donne le champ libre pour toutes les autres destinations. […] On devra s’asseoir avec eux. Après ma rencontre avec eux lundi dernier, il y a une ouverture, a-t-il reconnu.

Le ministre en pleine allocution sur le tarmac de l'aéroport de Sherbrooke.

Le ministre des Transports, François Bonnardel.

Photo : Radio-Canada

Toutefois, il craint une éventuelle concurrence de la compagnie aérienne à l’avenir, soit après la fin de la pandémie.

Si Air Canada décide de revenir sur le marché dans deux ou trois ans parce que la pandémie s’est résorbée, je ne veux pas voir Air Canada revenir et écrémer le marché et anéantir le travail que nous aurions préparé avec les différents joueurs, a-t-il dit.

Selon les informations obtenues par Radio-Canada, le gouvernement du Québec aimerait qu’Ottawa soit plus proactif dans ce dossier et considère que, pour l’instant, la participation du gouvernement fédéral est décevante.

François Bonnardel a rencontré le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, vendredi dernier. En conférence de presse, il a dit que son vis-à-vis s’était montré sensible à la question du transport régional.

J’aurai besoin que le fédéral soit facilitant aussi pour la suite, pour les liaisons qu’on pourrait ajouter, pour qu’on ait les autorisations le plus rapidement possible avec eux, sans qu’on ait encore une fois à avoir des délais administratifs, qui pourraient anéantir les projets qu’on souhaite mettre en place pour l’aviation régionale, a-t-il plaidé.

Par ailleurs, M. Bonnardel a annoncé qu’il prolongeait le programme d’urgence de 40 M$ pour les transporteurs aériens mis en place au début de la pandémie jusqu’au 31 octobre prochain pour donner toute la possibilité à ces sociétés aériennes d’offrir un service dans les différentes régions les plus éloignées du Québec.

Différentes options

Dans les régions, l’idée de fonder une compagnie aérienne locale est de plus en plus évoquée. La direction de l’aéroport régional de Mont-Joli entend déjà mettre sur pied Régionair, son propre service aérien, dès septembre pour remplacer les liaisons aériennes suspendues par Air Canada.

Il y a la possibilité de bonifier la desserte aérienne d’un transporteur existant qui dessert déjà toutes les régions du Québec, dont Montréal, pour pouvoir s’arrimer aux autres transporteurs.

Le 2 juillet, après le retrait massif d’Air Canada du transport régional à travers le pays, le ministre Bonnardel n’a pas exclu que le gouvernement du Québec crée sa propre entreprise pour desservir les régions.

L’annonce d’Air Canada a suscité de nombreuses réactions, mais surtout l’inquiétude dans les régions où l’on craint l’enclavement.

Cette décision vient nous enclaver encore plus, avait déclaré la députée bloquiste de Manicouagan, Marilène Gill. La compagnie aérienne, quant à elle, a justifié sa décision par la pandémie de COVID-19, qui a plombé l’industrie aérienne partout dans le monde.

Avec les informations d’Alex Boissonneault

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