Quelques heures après que l’organisme UNIS se fut désisté de son entente pour gérer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique a annoncé qu’il se penchera sur la conduite de Justin Trudeau dans l’octroi de ce contrat de plus de 900 millions de dollars.

Le député conservateur Michael Barrett a publié sur Twitter, vendredi après-midi, la lettre du commissaire Dion, confirmant l’ouverture d’une enquête visant à savoir si le premier ministre a contrevenu à Loi sur les conflits d’intérêts.

Le choix de l’organisme UNIS avait causé la controverse en raison de ses liens avec Justin Trudeau et sa conjointe.

Justin Trudeau et Sophie Grégoire ont participé à plusieurs événements organisés par l’organisme, qui a été créé en 1995 par les frères Marc et Craig Kielburger. La femme du premier ministre, Sophie Grégoire, anime par ailleurs un balado pour UNIS.

Le commissaire Mario Dion examinera si Justin Trudeau a contrevenu aux articles 6(1), 7 et 21. Le commissaire fédéral à l’éthique a toutefois estimé qu’il n’y avait pas de motifs raisonnables pour se pencher sur le respect des articles 5,9 et 11(1), comme l’avaient demandé le député conservateur Michael Barret et le député néo-démocrate Charlie Angus.

  • L’article 6(1) interdit à tout titulaire de charge publique de prendre une décision ou de participer à la prise d’une décision dans l’exercice de sa charge s’il sait ou devrait raisonnablement savoir qu’il pourrait se trouver en situation de conflit d’intérêts.
  • L’article 7 interdit à tout titulaire de charge publique d’accorder, dans l’exercice de ses fonctions officielles, un traitement de faveur à une personne ou un organisme en fonction d’une autre personne ou d’un autre organisme retenu pour représenter l’un ou l’autre.
  • L’article 21 demande à tout titulaire de charge publique de se récuser lorsqu’une discussion, une décision, un débat ou un vote à l’égard de toute question pourrait le placer en situation de conflit d’intérêts.

Cette nouvelle enquête met le gouvernement Trudeau dans l’embarras. Le chef du parti du conservateur, Andrew Scheer, a réagi à l’ouverture de cette enquête et s’est dit perturbé par le fait qu’un commissaire à l’éthique enquête encore sur le premier ministre.

Andrew Scheer croit que des dizaines d’autres organismes de bienfaisances auraient pu administrer le programme fédéral.

En entrevue à CBC, Andrew Scheer a pressé le premier ministre Trudeau d’expliquer pourquoi, selon lui, UNIS était le seul organisme apte à gérer ce programme.

Plus tôt cette semaine, les conservateurs se sont également adressés à la vérificatrice générale, Karen Hogan, car ils sont d’avis que la décision de sous-traiter la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant à UNIS mine la capacité du Parlement à surveiller le programme. Les conservateurs ont aussi interpellé l’ombudsman à l’approvisionnement.

UNIS ne gérera plus la Bourse pour le bénévolat étudiant

Plus tôt vendredi, le gouvernement fédéral a annoncé que la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant ne serait plus gérée pas l’organisme UNIS.

Dans un communiqué, Bardish Chagger, le ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse, a fait état d’une décision mutuelle. Il a indiqué que l’organisme UNIS, connu sous le nom de WE Charity en anglais, avait également décidé de retourner les fonds déjà reçus.

La compagnie UNIS a décidé de se retirer de ce travail avec le gouvernement et nous appuyons cette décision.

Sur les raisons de ce retrait, M. Trudeau s’est contenté de répéter que cela revenait aux dirigeants de cet organisme et qu’il appuyait leur décision.

Dans une déclaration écrite, UNIS a indiqué avoir mis fin à l’entente avec Ottawa pour éviter que la controverse des derniers jours ait un effet négatif sur le programme et sur les étudiants.

Vendredi matin, son ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse ne donnait pas non plus les raisons du retrait de cet organisme du programme gouvernemental. Il déclarait : 000demandes au cours de la première semaine, à l’avenir, ils ne géreront pas le programme”,”text”:”Même si UNIS a lancé le programme et reçu plus de 35000demandes au cours de la première semaine, à l’avenir, ils ne géreront pas le programme”}}” lang=”fr”>Même si UNIS a lancé le programme et reçu plus de 35 000 demandes au cours de la première semaine, à l’avenir, ils ne géreront pas le programme.

Tout en se disant déçu, Justin Trudeau a plusieurs fois rappelé que son gouvernement allait continuer à aider les organismes qui œuvrent pour les jeunes. Désormais, les fonctionnaires fédéraux seront responsables d’administrer les bourses liées à la pandémie, a-t-il expliqué.

Le programme fédéral doit verser jusqu’à 5000 $ en bourses d’études aux jeunes qui feront jusqu’à 500 heures de bénévolat. Il s’adresse aux étudiants qui ne trouvent pas de travail cet été en raison de la pandémie de COVID-19.

Deux jeunes hommes portant un masque de protection.

Deux jeunes volontaires lors d’une campagne de dons d’équipements de protection individuelle à Ottawa.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Un organisme dans la tourmente

UNIS a connu une vague de démissions de ses cadres dans les derniers mois. L’organisme a également été secoué par plusieurs démissions et licenciements. Les raisons de ces départs demeurent nébuleuses.

Cette tourmente administrative a eu lieu au moment où UNIS venait de décrocher le contrat gouvernemental pour gérer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.

Kate Bahen, directrice générale de l’organisme de surveillance Charity Intelligence Canada, se demande pourquoi le gouvernement de Justin Trudeau a cru qu’UNIS possédait l’expérience suffisante pour mettre en oeuvre le programme fédéral.

Je ne sais pas comment on peut évaluer les antécédents ou les capacités d’un organisme de bienfaisance si cet organisme n’a jamais effectué une telle mission, s’interroge-t-elle.

Avec des informations de CBC News

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