Le premier ministre du Nouveau-Brunswick ouvre la porte à la création d’un organisme d’enquête indépendant régional, pour enquêter sur des drames comme ceux qui ont coûté la vie à deux Autochtones ces dernières semaines.

Les interventions policières au cours desquelles Chantel Moore et Rodney Levi ont perdu la vie sont examinées par une agence québécoise, le Bureau des enquêtes indépendantes du Québec (BEI).

Ces enquêtes, qui pourraient durer jusqu’à un an, doivent mener à la production d’un rapport qui sera transmis au bureau du coroner et au bureau du directeur des poursuites publiques du Nouveau-Brunswick.

Plusieurs groupes, dont le Parti vert du Nouveau-Brunswick, ont demandé la création d’un organisme d’enquête indépendant provincial afin de réduire les délais.

Mais le premier ministre Blaine Higgs suggère plutôt la création d’un bureau qui desservirait les quatre provinces de l’Atlantique.

L’idée pourrait être acceptable, selon David Coon, mais à certaines conditions. Selon lui, une agence régionale devrait être dotée d’une division provinciale.

David Coon devant un drapeau du Nouveau-Brunswick et derrière un micro.

David Coon, chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada

Oui, c’est possible d’avoir une association pour l’enquête dans un partnership avec les autres provinces, mais avec un bureau au Nouveau-Brunswick, fait-il valoir.

Qu’est-ce que le BEI?

Créé en 2016, le BEI intervient lorsqu’une personne est blessée gravement ou tuée par un policier. Les enquêteurs recueillent des témoignages et des éléments preuves. L’équipe est composée à parts égales de civils et d’anciens policiers.

Enquête publique : la pression augmente

Depuis 2018, le BEI compte parmi ses rangs une agente de liaison d’origine autochtone. Cette dernière fait partie des équipes chargées d’enquêter sur la mort de Chantel Moore et Rodney Levi.

Des chefs malécites réclament tout de même une enquête totalement indépendante, dirigée par des Autochtones.

Cette idée commence d’ailleurs à faire son chemin à Fredericton.

Le premier ministre est ouvert à l’idée, tandis que les verts et les libéraux estiment qu’elle serait essentielle.

Le chef allianciste est d’accord avec l’idée d’une enquête, même s’il estime qu’il n’y a pas de racisme systémique comme tel. Le système n’est pas raciste, mais il existe des actes racistes à l’intérieur du système, croit Kris Austin.

Pour sa part, Kevin Vickers, un ancien policier, reconnaît l’existence d’un racisme systémique.

Kevin Vickers en entrevue dans un couloir

Le chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Kevin Vickers, a fait une longue carrière dans les forces de l’ordre. Il a notamment été sergent d’armes de la Chambre des communes, un rôle qui l’a propulsé à l’avant-plan alors qu’il a contribué à stopper un tireur présumé qui est entré dans le parlement d’Ottawa en 2014 (archives).

Photo : CBC

Moi-même je faisais partie de la Gendarmerie royale du Canada [GRC], et j’ai passé 29 ans dans cette organisation et je peux vous dire sans hésitation que la discrimination systémique existe à la GRC, comme dans tous les autres secteurs dans notre pays, confie-t-il.

L’idée d’une enquête publique est l’une des questions qui seront abordées mercredi, lors d’une rencontre du premier ministre et de plusieurs de ses ministres avec les chefs des Premières Nations du Nouveau-Brunswick.

D’après les informations de Michel Corriveau et de Bernard LeBel

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