« Rien ne justifie actuellement […] de ne pas appliquer et de ne pas respecter le contrat de travail des professionnels en soins.  » C’est ce qu’a affirmé Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)mercredi, alors que des infirmières manifestaient partout au Québec pour obtenir de meilleures conditions de travail.

En entrevue à Midi info, Nancy Bédard a qualifié d‘opportunisme la manière dont le gouvernement de François Legault se comporte vis-à-vis des professionnels en soins.

La présidente de la FIQ en a contre les arrêtés ministériels successifs auxquels recourt le gouvernement Legault .

Une manière de faire qui n’a rien de mobilisateur, selon elle, et qui n’ajoute rien de positif pour les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes qui combattent la COVID-19 depuis deux mois et demi.

Ces arrêtés-là bafouent les droits des professionnels en soins, a dit Mme Bédard à Radio-Canada

Mercredi, des syndicats affiliés à la FIQ ont tenu des rassemblements sous le thème Mortes de fatigue à Montréal, à Terrebonne, à Longueuil, à Québec et à Trois-Rivières, notamment.

Les syndiqués ont voulu exprimer leur ras-le-bol face à leurs conditions de travail et plus particulièrement face à l’incertitude entourant l’octroi de leurs vacances d’été.

La semaine dernière, des dizaines d’infirmières avaient manifesté devant les bureaux du premier ministre pour dénoncer la suspension prolongée de plusieurs aspects de leur contrat de travail, dont le droit aux vacances.

Durant son point de presse du jour, M. Legault n’avait pas caché son mécontentement, affirmant qu’il aurait préféré discuter plutôt que d’avoir des manifestations devant son bureau.

Lieux des manifestations :

  • CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci, à Montréal, de 11 h à 13 h
  • Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal, de 11 h à 13 h
  • Hôpital Notre-Dame, à Montréal, de 15 h 30 à 16 h
  • Hôpital général juif, à Montréal, de 15 h 30 à 16 h 30
  • Hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne, à 15 h 45
  • Hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil, de 15 h 45 à 16 h
  • Hôtel Le Concorde (centre désigné pour les patients COVID-19), à Québec, dès 11 h 30
  • Siège social du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, à Trois-Rivières, à 14 h

Conventions suspendues, infirmières à bout de souffle

L’octroi des vacances aux infirmières est actuellement incertain en raison de la suspension de plusieurs aspects de leur convention collective, décrété par le gouvernement Legault dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.

Kathleen Bertrand, qui préside le Syndicat des professionnelles en soins du Nord-de-l’Île-de-Montréal, fait écho aux propos de Nancy Bédard, en affirmant qu’il est extrêmement difficile pour les infirmières de se faire imposer arrêté sur arrêté ministériel. Et ce, alors qu’elles travaillent à un rythme infernal depuis que l’épidémie est apparue.

Il faut démontrer à notre employeur, mais aussi au gouvernement, qu’on a besoin de toutes nos vacances, des vacances qui étaient planifiées, à l’horaire, pour la période estivale, mais également pour signifier qu’on a besoin de congé.

Mme Bertrand compare cette façon de gouverner à la méthode du bâton et de la carotte. nanane et si tu ne fais pas ce que je te dis, tu vas avoir un coup de bâton”.”,”text”:””Je te donne un petit nanane et si tu ne fais pas ce que je te dis, tu vas avoir un coup de bâton”.”}}” lang=”fr”>“Je te donne un petit nanane et si tu ne fais pas ce que je te dis, tu vas avoir un coup de bâton”.

On nous promet et on nous fait miroiter d’avoir des primes ou des montants forfaitaires qui ne seront appliqués qu’à une infime partie des membres, et de l’autre côté, on s’assure, du côté de la gestion, de nous forcer à être présents au travail avec les arrêtés ministériels.

On en demande toujours plus

Si ce rythme de travail continue, ce qu’on risque de voir arriver, c’est de plus en plus d’épuisement professionnel, de plus en plus d’arrêts de travail […]. Il se pourrait aussi qu’il y ait plus de gens qui décident de quitter la profession ou qui décident de quitter le milieu de la santé.

Actuellement, à toutes les semaines, moi je reçois de deux à trois démissions, parce que les gens ne peuvent tout simplement plus continuer ce rythme de travail. Les journées sont longues, sont éreintantes, autant physiquement que psychologiquement, et on en demande toujours plus.

Selon Mme Bertrand, les gestionnaires du réseau refusent de présenter aux syndicats des éléments permettant de justifier de possibles annulations de vacances pourtant accordées aux syndiqués plus tôt ce printemps.

: “on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir et on ne voudrait pas se retrouver avec des problématiques de personnel””,”text”:”On n’a aucune donnée, aucune explication sur leur analyse factuelle. Ce qu’on nous dit c’est: “on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir et on ne voudrait pas se retrouver avec des problématiques de personnel””}}” lang=”fr”>On n’a aucune donnée, aucune explication sur leur analyse factuelle. Ce qu’on nous dit c’est : “on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir et on ne voudrait pas se retrouver avec des problématiques de personnel”, déplore-t-elle.

On comprend qu’ils ne veulent pas se retrouver avec des problématiques de personnel, mais entre des problématiques qui sont réelles et ce qu’ils pensent, il peut y avoir une marge, poursuit la cheffe syndicale.

Les gestionnaires manqueraient de temps

Les syndicats du milieu de la santé ont soumis plusieurs propositions pour trouver des voies de passage, assure Mme Bertrand. Mais ils se feraient dire, par les gestionnaires, que le temps manque pour les mettre en œuvre.

On nous écoute, mais est-ce qu’on prend vraiment en compte ce qu’on dit? On en doute énormément, et on ne voit pas de réelle volonté d’amoindrir la situation en lien avec les vacances.

Selon Mme Bertrand, il y a maintenant suffisamment de personnel en place pour que ceux et celles qui s’étaient vu accorder leurs vacances puissent bel et bien les prendre.

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