Un sacrifice qui s’impose, selon la province du Pacifique, au moment où les choses reviennent tranquillement à la normale.

Dans le no man’s land entre les postes douaniers, le symbole est imposant. Une immense arche, la Peace Arch, célèbre l’amitié entre le Canada et les États-Unis. On y lit, gravé à l’intérieur, le souhait que ces portes ne soient jamais fermées, comble de l’ironie, car seuls les camionneurs transportant des biens essentiels et les citoyens qui reviennent dans leur pays auront eu le droit de franchir la frontière pendant un minimum de trois mois.

Le poste frontalier de Peace Arch.

Le poste frontalier de Peace Arch est fermé.

Photo : Radio-Canada

Rencontrés par hasard sous l’arche, les frères américains Steven et Mark Langford s’y sont donné rendez-vous pour prendre un café, arrivant chacun d’un côté de la frontière. À défaut de pouvoir jouer au golf ensemble, ils considèrent que ce petit pèlerinage vaut son pesant d’or après des mois de discussions sur FaceTime.

mai, parce que Mark quitte bientôt Seattle pour déménager en Californie, je voulais le voir avant qu’il ne s’éloigne davantage.”,”text”:”Je suis tellement content de le voir en personne, dit Steven qui vit en banlieue de Vancouver avec sa femme canadienne. J’espérais vraiment que la frontière rouvre le 21mai, parce que Mark quitte bientôt Seattle pour déménager en Californie, je voulais le voir avant qu’il ne s’éloigne davantage.”}}” lang=”fr”>Je suis tellement content de le voir en personne, dit Steven qui vit en banlieue de Vancouver avec sa femme canadienne. J’espérais vraiment que la frontière rouvre le 21 mai, parce que Mark quitte bientôt Seattle pour déménager en Californie, je voulais le voir avant qu’il ne s’éloigne davantage.

Comme il est citoyen américain, Steven Langford pourrait traverser la frontière, mais il craint de ne pas pouvoir faire le chemin inverse pour revenir au Canada, où il a un permis de travail.

Les frères Steven et Mark Langford respectant la distanciation physique.

Les frères Steven et Mark Langford se sont donné rendez-vous à la frontière.

Photo : Radio-Canada

Si proches, mais incapables de se rendre visite, les frères sont toutefois conscients de l’importance de ce sacrifice.

Je comprends très bien pourquoi les Canadiens veulent que les Américains restent chez eux pour continuer d’aplatir la courbe.

White Rock, ville frontalière

À un jet de pierre de l’arche, on retrouve la ville britanno-colombienne de White Rock. Connue pour ses plages, son quai et ses restaurants de poisson, la coquette petite municipalité ne fait normalement qu’un avec Blaine, dans l’État de Washington.

Sauf qu’en ces temps inédits, fini le voisinage, et personne du côté canadien ne semble pressé de retrouver ses amis américains.

Normalement, vous et moi, on pourrait sauter dans un bateau et aller prendre une bière aux États-Unis, et vice-versa. […] Mais pour l’instant, on préfère que les Américains restent de leur côté de la frontière, dit le maire Darryl Walker.

Avant que la frontière ne rouvre, il faudra être sûr qu’il y n’a plus aucun risque pour la santé, soutient-il. Quand la frontière redeviendra ouverte comme il se doit, c’est que ce sera sécuritaire autant pour nous que pour les Américains, expose Darryl Walker, qui souhaite aussi qu’on ne subisse pas une deuxième vague de la pandémie.

À White Rock, les touristes américains représentent environ 10 % des visiteurs. Une portion du chiffre d’affaires des commerçants situés sur le bord de mer, qu’ils sont prêts à sacrifier.

La santé en premier! Du point de vue des affaires, on voit les pertes, mais il est plus sécuritaire de garder la frontière fermée pour l’instant, répond Shafique Saleemi, propriétaire d’un restaurant et d’une crèmerie.

Une province prête à tout

Porte d’entrée canadienne de l’Asie, voisine d’un important foyer d’infection dans l’État de Washington, la Colombie-Britannique a été une des premières provinces à recenser un cas de COVID-19 au Canada. On y prend très au sérieux la question de la frontière et de l’arrivée de voyageurs étrangers.

Pas surprenant donc que le gouvernement de John Horgan demande à Ottawa de garder la frontière fermée aussi longtemps que possible.

Nous pensons que, maintenant, ce n’est pas le moment de risquer tout ce qu’on a fait en ouvrant cette frontière, a affirmé le ministre de la Santé Adrian Dix après l’annonce de la prolongation de la fermeture.

Avec la réouverture des restaurants et des salons de coiffure, la vie revient tranquillement à la normale en Colombie-Britannique. Mais l’habitude de traverser une frontière qu’on ne souhaite jamais fermée, elle, devra s’interrompre.

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