À l’instar de très nombreux employeurs du pays, c’est maintenant au tour des partis politiques fédéraux de demander la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) afin d’éviter de mettre leurs employés à pied.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) ainsi que le Parti libéral du Canada (PLC) et le Parti conservateur du Canada (PCC) ont tous trois soumis une demande en ce sens. Au Bloc québécois, on confirme que ce n’est pas le cas, et on ajoute qu’il est inadmissible qu’un parti politique bénéficie de la mesure.

Nous avons cessé toutes nos activités de financement en personne dès le début du mois de mars. […] Au cours de[s] dernières semaines, le Parti libéral du Canada a répondu aux critères d’admissibilité à la Subvention salariale d’urgence du Canada et il a bénéficié de ce soutien, a déclaré le PLC par courriel.

Le parti précise n’avoir eu à mettre à pied aucun employé depuis le début de la crise de la COVID-19.

Même son de cloche chez les conservateurs. Nous avons fait une demande de subvention salariale fédérale et avons été acceptés, a déclaré le parti, sans préciser depuis quand il en bénéficiait.

Les conservateurs disent comprendre que de nombreux Canadiens ne sont pas en mesure de donner en ce moment.

Au Bloc, on répond que les libéraux et les conservateurs utilisent les fonds publics pour payer des salaires partisans et ainsi préserver leur cagnotte électorale alors qu’ils n’ont pas besoin d’argent.

Les conservateurs à eux seuls ont amassé presque 4 millions de dollars dans le dernier trimestre. Ils n’ont pas besoin de l’argent des Québécois qui se demandent comment ils vont joindre les deux bouts.

Au NPD, si, depuis le début de la pandémie, les 24 députés touchent toujours le salaire que leur verse l’État canadien, la situation pour ceux qui sont employés par le parti devenait difficile.

Comme d’autres partis et d’innombrables organisations l’ont signalé, la collecte de dons a chuté pendant la pandémie, a déclaré la directrice nationale du NPD, Anne McGrath.

Les employés visés ne travaillent ni pour les députés ni pour les équipes parlementaires, mais bien pour les partis eux-mêmes.

Mme McGrath indique que, dans son parti, ce sont 17 personnes à temps plein et 15 à 20 autres à temps partiel qui sont visées. Des gens, explique-t-on, qui s’occupent des dons, de la comptabilité, de l’administration ou de la gestion des plateformes numériques du parti.

À bout de ressources, le NPD a suivi le même conseil que le gouvernement donne à toutes les organisations qui ont vu ce genre de baisse de revenus et ont demandé à bénéficier de la SSUC.

Plutôt que de mettre les employés à pied et de pousser davantage de personnes à bénéficier de la Prestation canadienne d’urgence (PCU), le parti préfère ainsi retenir ses employés expérimentés.

L’objectif de la SSUC est de permettre aux entreprises de garder leurs employés, qu’ils travaillent ou non. Plutôt que de procéder à des mises à pied, Ottawa honore ainsi 75 % de leurs salaires, et l’entreprise ou l’organisation doit dans la mesure du possible payer les 25 % restants.

Du mal à récolter des dons

En 2018, la dernière année pour laquelle ces données sont disponibles, le NPD avait une masse salariale d’environ 2,5 millions de dollars. Mais le parti a des difficultés de financement depuis quelques années.

Selon Mme McGrath, il y aurait eu une hausse des dons après la dernière élection – qui a vu le parti dépasser les attentes –, mais une baisse considérable s’observe depuis que les Canadiens ressentent les effets économiques de la pandémie.

Bien que les chiffres officiels ne soient pas encore disponibles, Mme McGrath indique que les chiffres pour mars et avril 2020 sont inférieurs à ceux de l’année dernière.

En mai 2019, le parti a récolté 400 000 $. On prévoit un montant de 280 000 $ pour le même mois cette année.

Nouvel outil et retour du Parlement

Toujours à Ottawa, vendredi, le gouvernement a lancé un outil en ligne pour aider les Canadiens à naviguer parmi les divers programmes d’aide mis en place depuis le début de la pandémie, tandis que se poursuivait le débat sur la reprise des travaux du Parlement.

Ce nouveau site, nommé Trouver de l’aide financière pendant la COVID-19 (Nouvelle fenêtre), a été présenté par le premier ministre, Justin Trudeau, lors de son point de presse quotidien. Déjà en ligne, il doit permettre aux étudiants, aux personnes âgées et aux Canadiens sans emploi de découvrir les prestations auxquelles ils ont droit.

L’outil sera mis à jour au fur et à mesure que seront modifiés les programmes ou que le gouvernement en créera de nouveaux, a fait valoir la ministre du Gouvernement numérique, Joyce Murray, par communiqué.

Les conservateurs, quant à eux, ont à nouveau fait pression pour que le Parlement reprenne ses fonctions normales dès lundi avec un nombre réduit de députés. Le chef, Andrew Scheer, accuse les libéraux de Justin Trudeau de ne pas considérer toutes les options et de négocier de mauvaise foi.

Le gouvernement ne devrait pas être autorisé à cacher des informations aux Canadiens ou à choisir quand et à quelles questions il répond. Mais c’est exactement ce qui se passe.

Les réunions des comités virtuels ne remplacent pas le Parlement, pas plus que les conférences de presse quotidiennes du premier ministre devant sa maison du Rideau Cottage, a ajouté M. Scheer. Le premier ministre Trudeau a pour sa part déclaré que des discussions sur le retour du Parlement se poursuivent entre tous les partis.

Je pense qu’évidemment nous serons présents physiquement en nombre réduit, quelle que soit la décision finale de tous les partis. Il faudra qu’il y ait un moyen pour les parlementaires de tout le pays d’exprimer leurs préoccupations et de poser des questions au nom de leurs électeurs, a-t-il dit.

C’est le genre de choses que nous mettons en place et je sais que, tout comme nous avons pu siéger ces dernières semaines, trois fois par semaine, et continuer le fonctionnement de notre Parlement, nous pourrons continuer cela dans les semaines à venir.

Avec les informations de Louis Blouin et de John Paul Tasker

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