Jean-François Roberge a répété jeudi que le ministère de l’Éducation ne fournira pas de masques aux enseignants du primaire qui retourneront en classe à partir de la mi-mai. Or, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a déjà signalé qu’il était « impensable » que ses membres reprennent le travail sans avoir de protection.

Il y a un paquet de mesures qui font que la santé publique a évalué que ce n’était pas nécessaire d’aucune façon de recommander le port du masque, et donc d’en fournir, a soutenu le ministre Roberge, lors d’une session de travail virtuelle de l’Assemblée nationale consacrée exclusivement au plan de déconfinement des écoles, annoncé lundi par le gouvernement.

Selon le calendrier du gouvernement, les écoles primaires de tout le Québec doivent rouvrir leurs portes dès le 11 mai. Dans la grande région de Montréal, où la propagation de la COVID-19 est plus soutenue, il faudra attendre le 19 mai.

Le fait que le ministère de l’Éducation ne recommande pas le port du masque ou tout autre équipement de protection a fait bondir certains syndicats du réseau, dont la FAE, lundi. : il n’est pas question qu’un prof retourne en classe sans équipement de protection”,”text”:”D’entrée de jeu, je vais être très clair: il n’est pas question qu’un prof retourne en classe sans équipement de protection”}}” lang=”fr”>D’entrée de jeu, je vais être très clair : il n’est pas question qu’un prof retourne en classe sans équipement de protection, avait notamment affirmé, sur les ondes d’ICI RDI, Sylvain Mallette, le président de la Fédération.

Une demande qui semble être demeurée lettre morte auprès du ministre. La santé publique a évalué l’organisation scolaire, le nombre d’enfants par classe. Dans les balises, on demande à ce que les élèves demeurent toujours avec le même groupe, donc ça limite les risques, a expliqué le ministre Roberge.

Ce n’est pas une décision qui a été prise à cause d’un problème de pénurie, a-t-il assuré. Ce n’est pas une décision de logistique. C’est une décision de santé publique.

Gros plan du ministre Jean-François Roberge, de côté, répondant à une question. À l'arrière-plan, le ministre Mathieu Lacombe.

Le ministre de l’Éducation, Jean-Francois Roberge, au moment de présenter les détails du plan de déconfinement, le 27 avril 2020

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

La députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie, tout comme la députée libérale Marwa Rizqy, a toutefois pressé son collègue d’expliquer pourquoi le ministère ne pouvait pas au moins fournir de l’équipement de protection aux professeurs qui souhaitent en porter, puisqu’on n’en manque pas.

Pour répartir les ressources, il faut le faire d’une manière qui est responsable, qui est avisée. Nos experts, ce sont les experts de la santé publique, qui nous disent que ce n’est pas nécessaire, que ce n’est pas avisé, a expliqué le ministre.

On ne va pas se mettre à fournir du matériel alors que nos experts nous disent que ce n’est pas nécessaire.

Jean-François Roberge a toutefois soutenu que les enseignants qui le désirent peuvent se procurer eux-mêmes des masques, s’en fabriquer, ou encore porter un foulard. Ce n’est pas interdit, a-t-il dit. On ne veut pas que des gens se fassent peur et sentent qu’ils sont brimés dans cette liberté.

Pas question d’ouvrir à temps partiel

L’idée de permettre aux écoles qui le souhaitent d’offrir des demi-journées ou des journées alternées a été suggérée par Mme Labrie et par la députée péquiste Véronique Hivon. Cette dernière a d’ailleurs affirmé qu’elle avait recueilli de nombreux témoignages de parents favorables à cette solution.

Les deux élues estiment que les demi-journées, ou les journées alternées, permettraient de respecter les normes sanitaires établies par la santé publique, tout en évitant une grande partie du casse-tête logistique. Tous les élèves pourraient ainsi demeurer avec l’enseignant qui leur a déjà été attitré en début d’année, sans craindre de dépasser le ratio imposé de 15 élèves pour un professeur.

Cette solution permettrait également d’éviter de transférer des groupes vers des écoles secondaires. Ainsi, les concierges des écoles secondaires pourraient venir prêter main-forte à leurs collègues du primaire pour désinfecter plus fréquemment les lieux utilisés par les élèves.

Le ministre leur a cependant opposé une fin de non-recevoir. C’est un compromis qu’on n’a pas le goût de faire.

Si on y va par demi-journées, on offre aussi un demi-service. On offrirait aux élèves l’équivalent de trois semaines. […] C’est très peu.

% des enfants dont les parents feront le choix de les envoyer à l’école.”,”text”:”On pense que c’est possible, avec l’intelligence et la débrouillardise sur le terrain, d’accueillir à temps plein 100% des enfants dont les parents feront le choix de les envoyer à l’école.”}}” lang=”fr”>On pense que c’est possible, avec l’intelligence et la débrouillardise sur le terrain, d’accueillir à temps plein 100 % des enfants dont les parents feront le choix de les envoyer à l’école.

À ce titre, le ministre a répondu à certaines interrogations relayées par les députés. En ce qui concerne la désinfection des écoles, il a affirmé que les administrations scolaires locales pourraient engager plus de personnel ou faire appel aux employés d’entretien d’écoles secondaires qui ne rouvriront pas.

Il a aussi expliqué que si jamais un manque d’espace survenait dans certaines écoles, il serait possible d’utiliser des bâtiments municipaux actuellement fermés – des bibliothèques, par exemple – pour accueillir ces élèves.

Enfin, concernant la possibilité d’une pénurie d’enseignants et de l’épuisement des listes de suppléance, le ministre a évoqué la possibilité de faire appel à des professeurs du secondaire, aux quelque 5500 étudiants en éducation qui viennent d’obtenir leur diplôme, ou encore aux milliers d’entre eux qui sont en voie de l’obtenir. On a des gens prêts, a-t-il assuré.

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