Malgré la bonne tenue de l’économie et l’atteinte de ses objectifs de réduction de la dette, le gouvernement québécois renouera avec les déficits d’ici la fin de la nouvelle décennie, prédit l’Institut du Québec. Le ministre des Finances aurait donc tort d’envisager de nouvelles dépenses récurrentes ou une nouvelle réduction du fardeau fiscal.

À moins d’un mois de la présentation du budget, l’organisme a effectué un exercice de simulation pour observer l’effet que différents choix politiques pourraient avoir sur les finances publiques, et plus particulièrement sur la dette du Québec.

Au cours des dernières années, le gouvernement québécois a dégagé d’impressionnants surplus budgétaires, ce qui lui a permis d’atteindre plus rapidement que prévu ses objectifs de réduction de la dette.

Toutefois, note l’Institut, l’amélioration remarquable de la situation financière du Québec au cours des dernières années est attribuable à une conjoncture exceptionnellement favorable. On souligne notamment la croissance économique vigoureuse, un contrôle plus serré des dépenses et la faiblesse des taux d’intérêt.

Créé en 2006, le Fonds des générations vise à atteindre deux objectifs de réduction de la dette : faire en sorte que la dette brute atteigne 45 % du PIB québécois et que la somme des déficits cumulés représente 17 % du PIB. Ces deux objectifs devaient être atteints en 2026. Or, le premier le sera dès la fin de l’année financière en cours tandis que le second le sera en 2023-2024.

Inévitablement, prédit le document, le rythme de croissance de l’économie ralentira, ce qui entraînera une baisse de la croissance des revenus. Au même moment, la population se fera de plus en plus vieille, ce qui provoquera une hausse des dépenses de l’État. À cela s’ajoute de l’incertitude liée aux taux d’intérêt et aux transferts fédéraux.

Ainsi, si le gouvernement québécois maintenait le statu quo et n’apportait pas de changements à la structure de ses dépenses et de ses revenus, il millions de dollars. Les déficits se creuseraient ensuite chaque année pour atteindre 6,2 milliards en 2029-2030″,”text”:”retournerait en déficit dès 2024-2025, avec un manque à gagner de 945millions de dollars. Les déficits se creuseraient ensuite chaque année pour atteindre 6,2 milliards en 2029-2030″}}” lang=”fr”>retournerait en déficit dès 2024-2025, avec un manque à gagner de 945 millions de dollars. Les déficits se creuseraient ensuite chaque année pour atteindre 6,2 milliards en 2029-2030.

Une croissance exceptionnellement vigoureuse retarderait le retour des déficits, mais ne permettrait pas de les éviter complètement. L’Institut apporte toutefois un bémol : même si Québec renouait avec les déficits, le ratio de la dette brute par rapport au PIB continuerait de diminuer pour atteindre 40 % en 2029-2030, comparativement à 45 % à l’heure actuelle.

Même si les finances publiques sont en bien meilleur état maintenant qu’il y a dix ans, la prudence demeure toutefois de mise, notent les auteurs de l’étude. Tôt ou tard, le Québec devra composer avec un contexte économique moins favorable.

Différents scénarios

Afin d’aider le gouvernement à faire des choix éclairés, l’Institut du Québec a élaboré différents scénarios. Accroître les dépenses ou réduire le fardeau fiscal pourrait s’avérer politiquement rentable, mais cela aurait pour effet d’augmenter les déficits et ne serait pas viable à plus long terme.

Dans ce contexte, écrit l’Institut, le gouvernement devrait résister à la tentation de pérenniser une baisse de ses revenus ou une hausse de ses dépenses de programmes. Réduire les impôts et les dépenses, de manière concomitante, serait plus soutenable financièrement, mais imposerait des compressions dans les services publics et serait délicat pour le gouvernement.

L’étude favorise deux possibilités : le statu quo ou l’accroissement des investissements. Dans le premier cas, il s’agirait pour le gouvernement de continuer à réduire sa dette et à faire des provisions afin d’être mieux outillé pour faire face à une éventuelle récession.

Le statu quo représente le choix de la stabilité et de la prudence. […] En ce sens [cette option] pourrait être assimilée à un certain manque de vision, ou du moins à une opportunité manquée d’effectuer certains changements nécessaires au Québec, nuance toutefois le rapport.

La seconde proposition verrait le gouvernement accroître sensiblement ses investissements dans les infrastructures, la décarbonation de l’économie et la transition numérique jusqu’à concurrence de 50 milliards de dollars entre 2025 et 2030. Ce scénario aurait pour effet d’accroître les déficits et d’augmenter les ratios de dette.

Ce faisant, le gouvernement pourrait induire une surchauffe économique et il serait plus exposé advenant une hausse des taux d’intérêt. N’empêche, ces investissements pourraient siècle”,”text”:”contribuer à ce que le Québec modernise ses institutions et son économie afin de faire face aux enjeux du 21esiècle”}}” lang=”fr”>contribuer à ce que le Québec modernise ses institutions et son économie afin de faire face aux enjeux du 21e siècle tout en respectant le principe de l’équité intergénérationnelle, précisent les chercheurs.

Bien que le prochain budget, dont le dépôt est attendu le 10 mars, puisse laisser entrevoir sa préférence, il ne faut pas s’attendre à ce que le gouvernement fasse son lit immédiatement. Le ministre des Finances, Eric Girard, a déjà indiqué qu’il comptait consulter la population et des économistes avant d’exposer sa vision pour l’avenir.

Le premier ministre François Legault a toutefois déclaré, ces dernières semaines, qu’il n’avait pas l’intention de réduire les impôts d’ici la fin de son mandat.

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