L’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) réclame du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, qu’il renouvelle l’engagement pris par sa prédécesseure, Danielle McCann, de doter la province d’une nouvelle stratégie de prévention.
Chaque jour, au Québec, trois personnes meurent par suicide et le nombre le plus élevé de victimes s’observe chez les personnes qui ont entre 50 et 64 ans.
Au Canada, dix personnes par jour s’enlèvent la vie et selon l’Association canadienne pour la prévention du suicide, jusqu’à 200 autres tentent de le faire.
Resserrer le filet de sécurité
Le 10 septembre a été désigné Journée mondiale de prévention du suicide. Pour l’AQPS, c’est l’occasion de rappeler qu’en cette période où l’on appréhende une deuxième vague de propagation de la COVID-19, il faut plus que jamais plus vulnérables“,”text”:”resserrer le filet de sécurité autour des personnes qui pourraient être plus vulnérables”}}” lang=”fr”>resserrer le filet de sécurité autour des personnes qui pourraient être plus vulnérables
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L’AQPS appelle le gouvernement de François Legault à reprendre les travaux pour l’élaboration d’une stratégie de prévention du suicide.
Fin octobre, l’an dernier, les ministres Danielle McCann et Marguerite Blais (ministre des Aînés et des Proches aidants) s’étaient engagées à prendre des mesures concrètes
pour que cette stratégie voie le jour. Et en décembre, les travaux avaient bel et bien commencé, affirme Jérôme Gaudreault, directeur général de l’AQPS. Même qu’en février, les discussions avaient réuni près d’une centaine d’organisations, soit l’ensemble des partenaires nationaux, dit-il.
Et puis le coronavirus a frappé. Les autorités de la santé publique ont dû mettre ça de côté
, explique M. Gaudreault au sujet de cette politique tant attendue, la précédente datant de 1998.
On aimerait que le ministre [Christian Dubé] confirme l’engagement à relancer les travaux dès que possible
, dit-il, précisant que le ton des discussions qu’il a eues avec le cabinet du ministre était très bon
.
Jeudi, le cabinet du ministre Dubé a confirmé à radio-canada.ca son intention d’adopter une nouvelle stratégie nationale de prévention du suicide, sans toutefois préciser l’échéancier des travaux à venir. Christian Dubé rappelle que le gouvernement de la Coalition avenir Québec a consacré, en mai dernier, 31 millions de dollars pour rehausser l’accès aux services psychosociaux. En août, 17 millions ont été injectés dans les organismes communautaires en santé mentale.
Investir en prévention
Au Québec, 35 organisations ont fondé un collectif pour mettre de l’avant les enjeux liés au suicide et aux problèmes de santé mentale.
Les membres du collectif viennent d’horizons variés : on y retrouve l’Ordre des psychologues du Québec, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, le Regroupement provincial pour la santé et le bien-être des hommes ou encore la Fondation Jeunes en tête, pour ne nommer que ceux-là.
Le collectif promeut l’idée qu’investir en prévention est rentable
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Des doutes sur l’efficacité du système
Mais les investissements en santé mentale sont de toute évidence insuffisants pour des familles qui ont vu, impuissantes, une personne de leur entourage mettre fin à ses jours après avoir cherché, en vain, de l’aide appropriée. Pour ces proches endeuillés et ébranlés à vie, la tentation est forte de conclure que rien ne change en matière de prévention du suicide. Que leur message n’est pas entendu.

Bien que les hommes soient plus à risque de mettre fin à leurs jours, les femmes sont trois fois plus à risque de faire une tentative de suicide. Au Canada, le suicide arrive au neuvième rang des causes de décès.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Chaque histoire de suicide est une histoire tragique
, dit Jérôme Gaudreault, qui reconnaît l’effet démoralisant qu’ont ces témoignages de gens qui ont vu leur proche dans une impasse. C’est extrêmement inquiétant par rapport à l’efficacité de notre système de santé, et cela amène des doutes importants.
Ces histoires de personnes confrontées aux ratés du système doivent être dénoncées parce qu’elles ne devraient pas arriver
, insiste M. Gaudreault.
Cependant, il est important de rappeler que nous avons un système qui fonctionne quand même relativement bien, en général, nuance-t-il. Nous avons une ligne téléphonique disponible 24 heures par jour, 7 jours sur 7. En tout temps, on peut parler à un intervenant spécialisé.
Il est important de savoir que les ressources existent. Il faut les utiliser. Quand ça ne fonctionne pas, ça arrive, il faut le reconnaître et améliorer.
Un geste de soutien
La Journée mondiale de prévention du suicide en est à sa dix-huitième année. La population est invitée à allumer une chandelle en signe d’appui à la prévention du suicide, en guise de soutien aux endeuillés par suicide ou en souvenir d’un être cher.
Chaque année, davantage de gens partagent leur photo [de chandelle] sur Instagram ou Facebook, dit M. Gaudreault. On veut surtout que les gens posent un geste.
Le directeur général de l’AQPS croit qu’il y a des progrès et que la population est plus au fait des enjeux liés à la santé mentale. Plus de gens sont prêts à en parler, pour démonter tabous et préjugés. Ça fait son chemin
, dit-il.