La présidente de l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (AIIO) demande la démission immédiate du Dr David Williams, évoquant la nécessité d’avoir un « leadership fort ».

Un besoin de changement est devenu de plus en plus urgent, s’exclame Doris Grinspun, alors que la réouverture à grande échelle des écoles de l’Ontario et une possible deuxième vague de COVID-19 se profilent.

Nous traversons une période difficile et c’est pourquoi nous disons que nous avons besoin d’un leadership fort au sommet et que nous réclamons qu’un changement se produise maintenant, dit-elle.

Doris Grinspun décrit le Dr Williams comme un communicateur médiocre et lui reproche une certaine lenteur dans la prise de mesures préventives.

Doris Grinspun lors d'une entrevue en vidéoconférence.

Doris Grinspun, chef de la direction de l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario, affirme que le Dr Williams n’est pas apte à diriger la province lors d’une éventuelle deuxième vague de la pandémie.

Photo : CBC

Les demandes des infirmières et des travailleurs de la santé sont souvent restées sans réponse, assure-t-elle, surtout au plus fort de la crise dans les établissements de soins de longue durée de l’Ontario.

Selon la présidente du corps des infirmières et infirmiers, les dirigeants locaux de la santé publique ont été plus proactifs et efficaces pour répondre à la pandémie.

Fronde dans les coulisses du corps médical, selon Doris Grinspun

Le Dr David Fisman, épidémiologiste de l’Université de Toronto, s’est joint à la demande d’un changement. Cette semaine, sur Twitter, il a indiqué que le moment de la démission du responsable de la santé publique provinciale est venu.

Le Dr Fisman et la présidente de l’AIIO affirment que des collègues et des dirigeants d’établissements de santé, y compris les PDG de certains hôpitaux de Toronto, expriment en privé leur souhait qu’un nouveau médecin prenne les rênes du poste de chef de file sanitaire de la province.

Le Dr Williams a été nommé par l’ancien gouvernement libéral de Kathleen Wynne en février 2016. Il était auparavant médecin hygiéniste du Bureau de santé du district de Thunder Bay.

Doug Ford soutient le Dr Williams

Le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario bénéficie du soutien du premier ministre Doug Ford, qui a réitéré mardi maintenir toute la confiance du monde envers le Dr Williams et son équipe.

La ministre de la Santé, Christine Elliott, a ajouté que le médecin hygiéniste en chef a fait de son mieux pour assurer la sécurité des Ontariens pendant la crise.

Doug Ford en conférence de presse.

Le premier ministre ontarien Doug Ford, accompagné de la ministre de la Santé, Chirstine Elliott, et du médecin hygiéniste en chef, le Dr David Williams (archive)

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn

En entrevue avec CBC, Doris Grinspun décrit des mois de conversations privées avec le bureau de Doug Ford, au cours desquelles son organisation a exprimé des inquiétudes quant à la performance du Dr Williams pendant la pandémie.

Le Dr Williams met en garde contre la désinvolture des travailleurs infectés par la COVID-19

Mme Grinspun met en avant les commentaires de Williams lors d’une conférence de presse tenue le 27 août comme point de basculement.

Dans sa réponse à une question sur les risques auxquels font face les enseignants lors du prochain retour en classe, le Dr Williams a fait une comparaison avec les travailleurs de la santé et a suggéré que nombre de ceux qui ont été infectés n’ont pas réellement contracté le virus au travail, mais à l’extérieur.

Si vous rentrez chez vous, sortez avec désinvolture et ne portez pas de masque, allez au centre commercial ou ailleurs et vous exposez, ce sera vraiment mauvais, a-t-il déclaré.

Les personnes qui sont très prudentes et qui sont cohérentes dans leurs pratiques, généralement, lorsque nous les interrogeons, elles ne sont pas infectées.

Selon les chiffres provinciaux, 2642 membres du personnel de santé des établissements de soins de longue durée ont contracté la COVID-19 et huit d’entre eux en sont morts.

Doris Grinspun affirme que les commentaires du Dr Williams constituent une accusation injuste envers ces travailleurs. Selon son estimation, moins de la moitié des travailleurs de la santé de l’Ontario ont contracté le virus en dehors du travail, bien qu’elle ne dispose pas de données pour appuyer cette évaluation.

Cela montre une incapacité à faire preuve d’empathie et une incapacité à comprendre à quel point les professionnels de la santé travaillent d’arrache-pied pour servir les Ontariens, déclare-t-elle à propos des commentaires du Dr Williams.

Il est inimaginable que n’importe quel agent de santé publique, sans parler du médecin hygiéniste en chef de cette province, juge bon de faire ce commentaire désinvolte et peu réaliste.

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