C’est la course contre la montre pour les partis politiques du Nouveau-Brunswick, alors qu’il ne leur reste que six jours pour confirmer leurs équipes et présenter leurs candidats. Dans ce sprint de dernière minute, les techniques de recrutement sont très différentes d’une couleur à l’autre. Mais qu’en est-il de la parité homme-femme dans la sélection des candidats? Tous les partis s’accordent à dire qu’il s’agit d’une priorité… mais difficile à atteindre.

Alors que les verts et les libéraux dénoncent les progressistes-conservateurs pour le déclenchement d’élections surprises, l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick présentait samedi ses nouveaux candidats.

Montage de 4 photos des chefs de parti photographiés en août 2020.

Les chefs de parti de gauche à droite : Kris Austin (Alliance des gens), Blaine Higgs (Parti progressiste-conservateur), Kevin Vickers (Parti libéral) et David Coon (Parti vert).

Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Hughes

Des élections hâtives comme celles-ci permettent une certaine souplesse supplémentaire aux chefs de partis, contrairement à ce qu’on voit lors d’élections à date fixe, où les partis ont plusieurs mois pour trouver et sélectionner leurs candidats.

D’ici le 28 août, date limite pour présenter les membres de son parti, plusieurs candidats seront nommés sans congrès d’investiture.

Kris Austin livre un discours et trois hommes avec des manques se tiennent devant lui.

27 candidats feraient partie des rangs de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick jusqu’à maintenant, affirme Kris Austin.

Photo : Radio-Canada

Certains partis en profitent pour augmenter le nombre de femmes dans leurs rangs, comme l’indique Louis Léger, chef d’équipe de campagne pour les progressistes-conservateurs.

Ben écoutez, nous on aimerait avoir autant une représentation qui est représentative autant que possible, on a travaillé très fort là-dessus. Aujourd’hui je peux vous dire qu’il y a une possibilité de 17 à 18 candidates, ce qui je pense serait un nombre record pour nous, dit-il.

Louis Léger en entrevue.

Louis Léger, chef d’équipe de campagne pour les progressistes-conservateurs

Photo : Radio-Canada

Mais pour Norma Dubé, ancienne sous-ministre adjointe à la direction de l’égalité des femmes au Nouveau-Brunswick, le fait que les chefs ont plus de pouvoir sur le choix des candidats ne veut pas nécessairement dire qu’il y aura davantage de femmes représentées.

Si on veut s’assurer que la représentation à l’Assemblée législative soit différente, il ne faut pas juste qu’on vise des chiffres, mais définitivement des circonscriptions où les partis donnent la chance de faire gagner des femmes, dit Mme Dubé.

Un défi de taille pour les partis.

Étant donné que le premier ministre Higgs a convoqué des élections rapides et inutiles, tous les partis d’opposition doivent trouver des personnes prêtes à présenter leur candidature dans toutes les circonscriptions provinciales dans un délai très court, ce qui est regrettable, indique le chef des Libéraux, Kevin Vickers.

La date limite pour soumettre une candidature pour les élections 2020 est le 28 août.

La présence des femmes

Le groupe Femmes pour 50 % a communiqué jeudi avec chaque parti politique de la province pour réitérer l’importance de la représentation féminine aux élections du 14 septembre.

Chaque parti politique devrait aussi s’assurer […] que les femmes ne soient pas invisibles, déclare Norma Dubé.

Norma Dubé croit que la mesure la plus importante pour encourager les candidatures féminines dans l’immédiat est l’engagement des chefs de partis. On demande aussi aux chefs d’utiliser tous les outils qu’ils ont, avec leur pouvoir, de nommer des candidates.

L’éducation publique joue aussi un grand rôle pour la représentation féminine dans la sphère politique.

Ce n’est pas toujours facile pour les femmes de prendre leur courage en main et de dire : bon, je me lance, je prends ma chance , explique Norma Dubé. Elles savent qu’elles peuvent être sujet à des commentaires, des propos et des comportements sexistes.

Portrait de Norma Dubé

Norma Dubé, ancienne sous-ministre à la Direction de l’égalité des femmes au Nouveau-Brunswick, est l’une des fondatrices du groupe Femmes pour 50 %.

Photo : CBC

La fondatrice du groupe Femme pour 50 % estime que cette culture politique fait parfois hésiter les femmes à se lancer en politique.

Plus il va y avoir de femmes, plus on va jaser du rôle et de l’importance d’avoir cette voix, vu qu’on est 50 % de la population et plus, ça va avec le temps changer la perspective sociétale, dit-elle.

Norma Dubé a aussi indiqué tenir les partis politiques responsables de s’assurer que les femmes soient candidates dans des circonscriptions où elles ont la chance de gagner.

L’histoire des femmes en politique

La toute première femme à avoir été élue députée au Nouveau-Brunswick était Brenda Robertson, en 1967, dans la circonscription d’Albert. Depuis, plusieurs autres ont fait leur chemin jusqu’à l’Assemblée législative à Fredericton. La sphère politique provinciale actuelle est toutefois loin d’illustrer une parité hommes-femmes.

Lors des dernières élections, en 2018, la performance des partis au chapitre des candidatures féminines était inégale, avec un total de 93 des 241 candidats, soit 38,6 % des candidats. Un total de onze femmes sur ce nombre ont été élues.

Lors des élections provinciales de 2014, les femmes représentaient 32,2 % des candidats.

Pour Norma Dubé, ancienne sous-ministre adjointe à la direction de l’égalité des femmes au Nouveau-Brunswick, cela demeure bien loin du compte. Chaque parti peut encore faire du progrès énorme, et c’est ce que l’on s’attend de la campagne actuelle.

Cette dernière est aussi l’une des fondatrices du groupe Femme pour 50 %, pour encourager les femmes à faire de la politique au Nouveau-Brunswick.

On a des femmes extrêmement compétentes et prêtes dans la province.

Si plusieurs personnes ne s’attendaient pas à retourner aux urnes si vite, les attentes pour 2020 du groupe Femmes pour 50 % demeurent les mêmes : assurer l’égalité des sexes des candidats.

Avec les informations de l’émission La matinale et de la journaliste Laurianne Croteau

Add Your Comment