Les dés sont presque jetés dans la course au leadership du Parti conservateur. Les 269 000 membres n’ont plus que quelques heures pour décider qui deviendra chef de l’opposition officielle à Ottawa ce dimanche.
Mercredi matin, dans un hôtel du centre-ville de Montréal, des bénévoles et des employés de la campagne de Peter MacKay sont déjà à l’oeuvre. Les bureaux sont remplis de cartes et de listes. Leur quartier général pour la métropole québécoise est ici.
Dans une course dont personne ne semble être capable de prédire l’issue, chaque effort compte.
Je continuerai de travailler jusqu’à la fin. C’est nécessaire de jouer très fort jusqu’en troisième période et même plus
, explique Peter MacKay, qui a été pressenti comme le meneur au début de la course.
Il affiche maintenant une confiance prudente.
Son adversaire principal, Erin O’Toole, se montre quant à lui beaucoup plus confiant.
[sic] maintenant grâce à mon équipe et je suis confiant quant aux résultats de dimanche”,”text”:”On a beaucoup de momentum [sic] maintenant grâce à mon équipe et je suis confiant quant aux résultats de dimanche”}}” lang=”fr”>On a beaucoup de momentum [sic] maintenant grâce à mon équipe et je suis confiant quant aux résultats de dimanche
, lance M. O’Toole, qui nous parle depuis une chambre d’ami qu’il a aménagée chez lui et où il a tenu la plupart de ses 500 rencontres virtuelles.
Les deux le concèdent, la pandémie a compliqué la course. Le parti l’a d’abord suspendue, avant de repousser la date du vote.
La recette traditionnelle d’une course à la chefferie a été remplacée par de nouvelles stratégies pour rejoindre le plus grand nombre de militants.
Des attaques acrimonieuses
Cet environnement virtuel a été fertile en dérapages : des attaques personnelles et des accusations de vols de données qui ont mené à une plainte à la police.
Ça, c’est du jamais vu
, lance Éric Montigny, professeur de sciences politiques à l’Université Laval.
Une course au leadership, ça laisse des traces, mais quand des attaques sont plus personnelles, plus virulentes, c’est sûr que c’est plus difficile de travailler ensemble
, ajoute-t-il.
Il y a eu des coups bas et on peut voir des tensions
, soutient l’ex-stratège conservateur Yan Plante.
Les deux principaux candidats reconnaissent l’importance d’unir le parti tout de suite après l’élection du nouveau chef.
Lundi matin, le gagnant devra faire appel aux autres candidats pour commencer les efforts de réunification de notre parti
, explique Peter MacKay, qui rappelle son rôle de premier plan dans la création en 2003 du Parti conservateur moderne.
J’ai investi beaucoup de capital politique [sic] dans ma vie là-dessus. C’est une question de démocratie d’avoir une alternative, c’est la plus grande priorité pour moi.
O’Toole. Nous avons une crise d’unité nationale. On commence avec une équipe unie et, après ça, on va avoir des politiques pour une nation unie.”,”text”:”Notre parti doit rester uni, affirme M.O’Toole. Nous avons une crise d’unité nationale. On commence avec une équipe unie et, après ça, on va avoir des politiques pour une nation unie.”}}” lang=”fr”>Notre parti doit rester uni, affirme M. O’Toole. Nous avons une crise d’unité nationale. On commence avec une équipe unie et, après ça, on va avoir des politiques pour une nation unie.
Les deux promettent qu’ils pourront travailler ensemble.
Peter MacKay veut se présenter probablement dans sa circonscription
en Nouvelle-Écosse, même s’il perd la course.
J’ai fini troisième [lors de la dernière course au leadership] et j’ai travaillé fort pour Andrew Scheer; je vais avoir une approche comme ça encore
, affirme pour sa part M. O’Toole.
Une course serrée
Un résultat clair dimanche soir pourrait faciliter le travail d’unité, explique Yan Plante. À l’inverse, un score serré après plusieurs tours pourrait contribuer aux tensions.
Si la personne qui arrive deuxième alimente cette frustration-là ou si la personne qui termine première n’offre pas quelque chose d’intéressant à celle qui termine deuxième, on va consolider les tensions actuelles. Puis, la personne la plus heureuse dans tout ça va être le premier ministre Trudeau.
À quelques heures de la fin de la course, bien malin qui peut prédire qui l’emportera.
Quand on parle aux gens des deux camps, ils sont confiants, ce qui reflète que la course est très serrée ou qu’un des deux camps est dans le champ
, explique Yan Plante.
La complexité du système électoral d’une course au Parti conservateur fait en sorte que, si un candidat a plus de votes à la fin, ça ne veut pas dire qu’il aura le plus de points
, précise-t-il.
Et ça peut causer des surprises.
Depuis quelques semaines, Leslyn Lewis a le vent dans les voiles, selon plusieurs observateurs.
Plante. Elle a un chemin vers la victoire qui est peu probable, mais qui est possible.”,”text”:”C’est un peu le vote anti-establishment, affirme M.Plante. Elle a un chemin vers la victoire qui est peu probable, mais qui est possible.”}}” lang=”fr”>C’est un peu le vote anti-establishment, affirme M. Plante. Sa victoire est peu probable, mais possible.
Mme Lewis et Derek Sloan, également candidat, ont tous deux refusé nos demandes d’entrevue.
Comment fonctionne le scrutin?
Les conservateurs ont une formule un peu complexe pour se choisir un nouveau chef.
C’est un vote préférentiel. Les membres devront classer les candidats qu’ils préfèrent du premier au quatrième. Si un candidat n’obtient pas la majorité après un tour, le candidat ayant le moins de votes sera éliminé. Le parti va répartir les deuxièmes choix parmi les autres candidats, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité des points.
Mais attention, le tout est calculé selon un système de points et non pas en attribuant un vote à chaque membre.
Chacune des 338 circonscriptions fédérales vaut 100 points, et ce, peu importe le nombre de membres qui s’y trouve. Pour gagner, un candidat doit obtenir 16 901 points. Le Québec, avec ses 78 circonscriptions, vaut donc beaucoup plus que la Saskatchewan (14), l’Alberta (34) et le Manitoba (14), par exemple, même si ces trois provinces comptent beaucoup plus de membres.
Lors de la fusion entre le Parti progressiste-conservateur (PPC) et l’Alliance canadienne, le PPC a insisté sur cette formule afin d’assurer que l’Est du pays puisse garder sa voix dans le parti. Peter MacKay était alors chef du PPC.