Le Canada adopte une nouvelle approche dans la gestion de ses relations avec son plus important allié, selon deux sources bien au fait de la situation.
Un texte de Katie Simpson et d’Alexander Panetta, de CBC
Un plus grand nombre de ministres devront désormais transiger directement avec leurs homologues américains, a appris CBC. Le Cabinet du premier ministre relâche ainsi quelque peu le contrôle très serré qu’il exerçait sur les relations entre le gouvernement canadien et l’administration de Donald Trump.
La vice-première ministre et maintenant ministre des Finances, Chrystia Freeland, qui a dirigé la renégociation de l’ALENA, était jusqu’à tout récemment la seule véritable personne-ressource pour tout ce qui concernait les États-Unis.
Comme elle a un nouveau rôle à jouer à Ottawa, d’autres ministres hériteront de certaines de ses responsabilités, selon les sources de CBC.
Celles-ci affirment que la ministre du Commerce international, Mary Ng, traitera dorénavant directement avec son homologue américain, le secrétaire au Commerce Robert Lighthizer.
Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, aura également lui aussi davantage affaire à son vis-à-vis, le secrétaire d’État Mike Pompeo.
Et le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, qui a fait un travail de premier plan dans la négociation des restrictions à la frontière canado-américaine qu’a entraînées la pandémie de COVID-19, assumera lui aussi plus de responsabilités.

Chrystia Freeland est devenue mardi la première femme de l’histoire du Canada à accéder au poste de ministre des Finances.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Mme Freeland ne sera cependant jamais bien loin, insistent les sources de CBC. Le gouvernement s’attend à pouvoir continuer de compter sur les relations privilégiées qu’elle a développées avec plusieurs joueurs-clés de l’administration américaine.
Néanmoins, ses collègues seront plus actifs.
Pas question de se mêler de la présidentielle
Malgré ces changements, les priorités du Canada face à son puissant voisin demeurent les mêmes. En tête de liste : le maintien d’une solide relation en matière de sécurité et d’économie.
Tous devront aussi s’assurer de ne pas contrarier le président Donald Trump, ne serait-ce que par inadvertance.
Une source a signalé que les ministres avaient reçu la consigne très claire de ne pas se prononcer dans la campagne électorale présidentielle.
Cet avertissement fait écho à celui lancé en 2016 par l’ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis David MacNaughton.
À l’approche du scrutin, M. MacNaughton avait prévenu les ministres canadiens qu’il valait mieux ne rien dire au sujet du candidat républicain, qui était alors à la traîne dans les sondages derrière la démocrate Hillary Clinton.
Il avait signalé que Donald Trump pouvait très bien devenir président, et qu’il ne fallait surtout pas sous-estimer le risque qu’il s’emporte.
Les sources de CBC notent tout de même qu’Ottawa est en voie de retrouver une approche plus traditionnelle dans ses relations avec Washington, après trois années et demie passablement difficiles à traiter avec l’impulsivité de l’administration Trump.