Préoccupé par l’augmentation des cas de COVID-19 observée ces derniers jours au Québec, le ministre de la Santé, Christian Dubé, demande à la santé publique de lui fournir des données « très précises » sur les lieux de contagion avant d’envisager une éventuelle fermeture des bars.
En conférence de presse jeudi, devant une clinique mobile de Montréal, où des milliers de personnes ont convergé ces derniers jours pour subir un test de dépistage, Christian Dubé s’est dit inquiet de la situation, notamment dans la région de Montréal.
Une cinquantaine de personnes ont été infectées dans des bars de la métropole, dont une douzaine dans un seul établissement.
À travers la province, les cas journaliers sont au-dessus de la centeine depuis le week-end dernier. On recensait jeudi 142 nouveaux cas à travers la province.
J’ai demandé ce matin au directeur de la santé publique, M. Arruda, et aussi aux santés publiques régionales […] de regarder où sont les foyers d’éclosion afin de bien comprendre, pas uniquement pourquoi on augmente, mais où on augmente
, a dit le ministre.
Rappelant qu’il a imposé récemment des mesures sévères aux bars et aux établissements licenciés, en réduisant notamment leurs heures d’ouverture et de vente d’alcool, Christian Dubé veut savoir si elles ont été efficaces ou non avant de reconfiner les bars de la province. Plusieurs cas de contagion dans les bars sont survenus avant la mise en place de ces mesures, a souligné le ministre.
Au moment où je vous parle, je n’ai pas encore fait le lien entre l’augmentation des cas de façon générale et les bars. J’ai besoin d’avoir des données très précises. Je vais me fier énormément sur la santé publique au cours des prochaines heures pour voir si on peut faire une corrélation entre ce qui se passe dans les bars et avant et après nos mesures
, a expliqué le ministre de la Santé.
J’avais averti les associations de bars qu’on ne tolérerait aucun danger qui viendrait des bars, mais en même temps, je dois donner la chance au coureur. Il y en a qui ont fait du bon travail au cours de la dernière semaine.
Les bars, mais les « partys privés » aussi
De passage en Beauce, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a expliqué que la situation au Québec est évaluée d’heure en heure et que le premier ministre Legault est informé et conseillé chaque jour sur les mesures à prendre pour contrôler l’épidémie.
C’est vrai que les bars sont reconnus dans plusieurs pays, particulièrement aux États-Unis qui sont actuellement complètement dans une autre condition que la nôtre, mais ça peut être une source de contamination
, a reconnu le Dr Arruda.
Toutefois, a-t-il précisé, il faut s’assurer que si on décidait de les fermer, on ne déplacerait pas le problème ailleurs, notamment dans les fêtes privées qui ont été à l’origine de nombreux cas de contagion récemment.
Si on ferme tous les bars, on peut transférer le problème dans les partys privés, les rassemblements de famille ou les campings.
Expliquant que la santé publique dispose de plusieurs options, Horacio Arruda a expliqué que des données précises sont encore nécessaires avant de déterminer quelle sera la prochaine étape.
Par exemple, le Dr Arruda n’exclut pas la possibilité de recommander la fermeture de certains débits de boisson seulement, plutôt que d’imposer un reconfinement dans l’ensemble de la province.
Une réunion impliquant tous les directeurs de santé publique devait d’ailleurs être tenue en fin d’après-midi pour faire le point sur la situation.
Renaud Poulin, le président-directeur général de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec, dit être surpris par la menace du gouvernement de refermer les bars.
On pense que le plupart des établissements ont bien géré [la situation]. On a certains établissements qui ont eu des problèmes. Oui, il y a eu des gens qui ont eu le virus dans les bars, mais ils l’ont peut-être attrapé à la plage ou dans un party de famille
, dit-il, en ajoutant que le gouvernement doit aider absolument financièrement les bars, sans quoi des milliers d’établissements risquent de fermer leurs portes dans les prochains mois.
Augmentation des ressources de dépistage à Montréal
Pour ce qui est des files d’attente de plusieurs heures devant les cliniques de dépistage de Montréal, Chistian Dubé a exprimé son mécontentement tout en soulignant que de nouvelles cliniques ont été ouvertes à Montréal ces dernières heures pour améliorer la situation.

Clinique de dépistage de la COVID-19 à l’hôpital Hôtel Dieu.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Plusieurs voix s’étaient élevées depuis lundi, dont celle de la mairesse Valérie Plante, pour dénoncer le fait qu’il faille attendre parfois jusqu’à 5 heures en file à l’extérieur pour subir un test de dépistage dans les cliniques de Montréal.
Ces centres ont connu une grande affluence de Montréalais, qui ont répondu à l’appel de la santé publique qui a exhorté samedi la clientèle des bars de la métropole à se faire dépister en raison de la propagation du virus dans certains établissements.