Plongé en pleine controverse en raison de l’affaire UNIS, Justin Trudeau a fait acte de contrition ce matin en reconnaissant qu’il avait commis une erreur en ne se récusant pas de la prise de décision concernant l’octroi d’un contrat à UNIS en raison des liens étroits que lui et sa famille entretiennent avec l’organisme.

J’aurais dû me retirer des discussions, et je ne l’ai pas fait, a dit en conférence de presse le premier ministre Justin Trudeau au sujet du programme UNIS, ajoutant qu’il ne « voulait qu’aider les jeunes ».

C’était mon erreur, je m’en excuse profondément.

Le chef libéral concède que la situation ne s’est pas déroulée comme on aurait voulu. Il s’est dit déçu de la tournure des événements et profondément déçu de lui-même.

C’est particulièrement frustrant parce qu’il y a des jeunes qui auraient pu être en train de servir dans leur communauté par ce programme, qui vont devoir attendre encore un peu à cause d’une erreur que j’ai faite, a-t-il admis.

Il a affirmé que l’organisme UNIS a remboursé les sommes obtenues et qu’il va assurer des placements pour les étudiants. Il a précisé que le gouvernement libéral entendait créer un autre programme pour aider la jeunesse.

Pourtant, le premier ministre soutient que des réserves avaient été exprimées sur le fait que donner ledit contrat à UNIS pouvait soulever des questions.

Il y a eu des réflexions par moi-même et par d’autres […] et assurer qu’on fasse attention, que ce soit vraiment la bonne chose à faire. Le fait que la fonction publique ait fait cette recommandation de façon indépendante nous a rassurés un petit peu, a-t-il souligné.

Trudeau savait que ses proches étaient payés

M. Trudeau a reconnu qu’il savait que sa mère et son frère collaboraient avec UNIS, mais il a dit qu’il ignorait les détails de leur rémunération.

Mon frère et ma mère ont travaillé comme conférenciers professionnels. Je savais qu’ils avaient travaillé avec divers organismes, y compris l’organisme UNIS. Je ne savais pas à quel point ils avaient été rémunérés par ces organismes, a-t-il lancé.

J’aurais dû avoir ces détails et je le regrette.

De plus, il a dit qu’il allait étudier l’invitation des conservateurs de témoigner devant un comité parlementaire sur cette affaire et qu’il allait « prendre les décisions en conséquence ». Des ministres vont néanmoins participer au comité en question.

Blâmé deux fois par le commissaire aux conflits d’intérêts, le premier ministre s’est fait demander s’il y avait autre chose que les Canadiens devraient savoir à propos de choix qui auraient pu être faits différemment dans ce dossier.

Je pense que je suis en train d’être très clair. Je n’aurais pu dû être impliqué dans cette décision, a-t-il répondu.

Sur un autre sujet, le leader libéral a annoncé que son gouvernement avait l’intention de prolonger jusqu’en décembre le programme de Subvention salariale d’urgence mis sur pied par Ottawa pour contrer l’impact économique de l’épidémie de la COVID-19.

Son entourage proche d’UNIS

Outre le premier ministre, on apprenait ce matin dans les pages du Globe and Mail que l’actuel ministre des Ressources naturelles Seamus O’Regan et la cheffe de Cabinet du gouvernement Katie Telford avaient également des liens étroits avec l’organisme UNIS.

Le quotidien a rapporté que M. O’Regan et Mme Telford ont aidé à amasser plusieurs centaines de milliers de dollars pour l’organisme avant que les libéraux ne forment le gouvernement.

L’organisme UNIS – connu sous le nom de WE Charity, en anglais – avait été choisi par le gouvernement fédéral pour gérer les 900 millions de dollars de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. UNIS aurait reçu 19,5 millions de dollars pour la gestion du programme.

Mais l’octroi de ce contrat sans appel d’offres a provoqué une levée de boucliers en raison de liens apparents entre l’organisme et la famille Trudeau. Les deux parties ont dû annuler ce contrat.

Justin Trudeau répète que la fonction publique non partisane a recommandé de confier la gestion du programme de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant à UNIS.

Des explications nécessaires

Hier, le Parti conservateur a fait savoir qu’il prévoyait convoquer Justin Trudeau devant le comité permanent des finances de la Chambre des communes pour qu’il explique la décision de son gouvernement de donner le contrat à UNIS.

De plus, les conservateurs ont réclamé vendredi une enquête policière pour savoir si Justin Trudeau a commis une fraude envers le gouvernement dans l’affaire du contrat octroyé à l’organisme UNIS.

M. Trudeau est déjà visé par une enquête du commissaire à l’éthique pour un éventuel conflit d’intérêts dans l’octroi de ce contrat, puisque les liens de longue date de sa famille avec UNIS sont bien connus.

De surcroît, CBC et le site web Canadaland révélaient jeudi que la mère et le frère du premier ministre ont reçu une somme d’environ 300 000 $ de la part d’UNIS pour des discours prononcés à titre de conférenciers.

Par ailleurs, le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, ne s’est pas récusé de l’examen par le gouvernement d’un contrat de 19,5 millions de dollars pour UNIS, malgré la collaboration de deux membres de sa famille immédiate avec l’organisation caritative, a signalé CBC vendredi.

Les deux filles de Bill Morneau ont des liens très étroits avec l’organisation, et l’une d’elles en est une employée rémunérée.

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