Alors que les tensions avec le gouvernement de l’Alberta s’accentuent, presque la moitié des médecins songent à quitter la province, d’après un sondage de l’Association médicale de l’Alberta.
Le conflit entre les médecins et le gouvernement albertain perdure déjà depuis plusieurs mois.
Après l’échec des négociations au début de l’hiver, le Parti conservateur uni au pouvoir a décidé en février de mettre fin à l’accord de longue date avec les médecins et d’apporter des changements à leur rémunération. Les nouvelles règles sont entrées en vigueur au mois d’avril dernier, malgré les protestations.
Vendredi, la relation entre les deux partis s’est détériorée davantage avec la publication d’un sondage qu’a réalisé l’Association médicale de l’Alberta en ligne auprès de 1470 de ses près de 10 000 membres.
Des médecins qui ont répondu au sondage, 42 % pensent à quitter la province à cause des changements imposés par le gouvernement Kenney.
Le premier ministre a cependant de la difficulté à croire ces résultats : pourquoi les médecins choisiraient-ils de quitter l’Alberta pour aller dans une province où ils seront vraiment moins bien rémunérés et où ils payeraient beaucoup plus d’impôts?
D’après la présidente de l’Association médicale de l’Alberta, la Dre Christine Molnar, ce n’est pas une question d’argent.
Ce qui va retenir les médecins ici, ce n’est pas l’argent, dit-elle. C’est leur relation avec le gouvernement, la manière dont ils sont traités et estimés.
Mais, en réponse au sondage et dans un désir de transparence, Jason Kenney et son ministre de la Santé Tyler Shandro se disent maintenant prêts à rendre publique une liste de tous les noms des médecins avec leur rémunération comme le fait d’autres provinces, dont l’Ontario.
Les médecins, particulièrement les radiologistes et les ophtalmologistes, s’opposent à la divulgation de leur rémunération, car ils jugent que les chiffres ne représentent pas ce qu’ils reçoivent en réalité.
Ils expliquent que leur rémunération sert aussi à payer leurs employés, les frais associés à leur clinique et leur équipement.
Nous traversons une crise économique et fiscale. Tout le monde doit faire partie de la solution
, insiste quand même Jason Kenney.
Le premier ministre a expliqué en conférence de presse vendredi que le budget pour les médecins a subi d’importantes augmentations dans les dernières années, mais avec la situation actuelle, ce n’est plus possible, selon lui.
Quelle fin à ce conflit?
Le climat risque de devenir encore plus toxique, si rien n’est fait pour résoudre ce différend, craint Lorian Hardcastle, professeure associée à la faculté de droit et de médecine de l’Université de Calgary.
Des docteurs menacent de quitter la province, d’autres ont déjà donné leur démission dans les hôpitaux
, dit-elle.
Si Lorian Hardcastle pense que le gouvernement doit prendre les résultats du sondage au sérieux, elle ne croit pas pour autant que tous ceux qui planifient de quitter la province le feront réellement.
D’après elle, le conflit ne peut être résolu que si un juge ordonne aux partis de passer par un processus d’arbitrage.
Justement, en avril l’Association médicale de l’Alberta a lancé une poursuite en justice contre le gouvernement provincial à laquelle celui-ci a répondu formellement par écrit jeudi.
Méthodologie :
Le sondage de l’Association des médecins a été réalisé en ligne auprès de ses membres du 24 juin au 3 juillet. 1470 médecins y ont répondu. Une marge d’erreur ne peut être calculée sur un échantillon non probabiliste comme celui-ci. Toutefois, à titre de comparaison, un échantillon probabiliste de même taille aurait une marge d’erreur de ± 2,4 %, 19 fois sur 20.