En entrevue à l’émission Tout un matin, sur les ondes de Radio-Canada première, la nouvelle présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, a convenu que l’article 50 du projet de loi 61 avait « une portée beaucoup trop large pour les objectifs qui étaient poursuivis ».
Le projet de loi, vivement critiqué par le comité de suivi des recommandations de la commission Charbonneau, aurait permis au gouvernement de déroger à la Loi sur les contrats des organismes publics ainsi qu’aux conditions des appels d’offres.
Dans un mémoire rendu public le 9 juin, le comité de suivi avait dit que le projet de loi [ouvrait] la porte aux malversations
et que son article 50 irait à l’encontre de toutes bonnes pratiques de saine gestion des marchés publics
.
Le projet de loi avait aussi soulevé un tollé dans les trois oppositions. Sonia LeBel ne peut que le constater : effectivement, il a soulevé plusieurs drapeaux rouges
, a-t-elle reconnu.
Celle qui a été procureure en chef de la commission Charbonneau déplore cependant que les partis d’opposition n’aient pas accepté de retravailler cet article avec le gouvernement Legault.
Dans les premiers jours – ça n’a pas été débattu par la suite – [le gouvernement] a enlevé cet article de la table pour le retravailler […]. Malheureusement, ce que je trouve déplorable, c’est qu’on a perdu un été de construction au Québec.
Le gouvernement profitera de l’été pour préciser encore plus ses objectifs, a poursuivi l’ex-procureure de la Couronne, afin de s’assurer que la prochaine mouture du projet de loi y réponde mieux.
Deux grands défis : les finances et les négociations
Sur l’énorme défi que pose l’état des finances publiques malmenées par la pandémie, Sonia LeBel a insisté sur la nécessité de regarder de quelle façon on peut maximiser nos investissements, maximiser l’usage des fonds publics qui sont extrêmement précieux
.
En cette période de crise, c’est là qu’il faut être encore plus vigilants, voir où on peut investir ces sommes d’argent pour qu’elles aient le meilleur impact possible sur les Québécois
, poursuit-elle..
Insistant sur la qualité des gens qui l’entourent dans ses nouvelles fonctions, Mme LeBel considère que le fait de ne pas être issue du monde économique n’est pas un handicap pour elle.
L’idée est d’écouter les gens, de s’entourer des meilleurs experts et de prendre les décisions
, a-t-elle expliqué. Avec les gens qui m’entourent, et au Conseil du Trésor et au ministère des Finances, je suis en très bonne compagnie.
Saluant les qualités de son prédécesseur Christian Dubé, Mme LeBel prévoit négocier avec les syndicats de la fonction publique dans la continuité : Il y aura un changement de ton, au sens où on a des personnalités différentes, mais mon prédécesseur n’avait pas un ton confrontationnel ou agressif, c’est une personne pragmatique et raisonnable; j’entends poursuivre dans la même lignée.