Les conseils scolaires en Ontario auront le choix entre trois modèles d’enseignement à la rentrée, soit un enseignement en classe à temps plein avec nettoyage renforcé des écoles, des cours en ligne uniquement ou une approche hybride combinant ces deux modèles.
Les écoles élémentaires et secondaires en Ontario ont été fermées jusqu’à l’automne à cause de la COVID-19. Depuis le printemps, les 2 millions d’élèves ontariens ont accès à la place à quelques heures de cours en ligne par semaine.
Selon le plan dévoilé par le premier ministre Doug Ford et son ministre de l’Éducation Stephen Lecce vendredi, chaque conseil scolaire décidera pour laquelle des trois stratégies il optera à l’approche de la rentrée.
Cette décision sera fondée sur le nombre d’infections dans chaque région et les conseils des bureaux locaux de la santé publique, explique le ministre Lecce.
Nous choisissons une approche très, très prudente.
Nous demandons aux conseils scolaires de préparer un plan pour chacun des trois scénarios
, ajoute le ministre Lecce, qui dit privilégier la flexibilité, se défendant de simplement reporter une décision sur la rentrée à plus tard.
Dans le cas de l’enseignement en classe à temps partiel, le nombre d’élèves sera limité à 15 par groupe en septembre, pour faciliter la distanciation physique.
Les élèves viendraient à l’école un jour ou une semaine sur deux, selon l’option retenue par le conseil scolaire.
La province assure aussi que les parents qui craignent de renvoyer leur enfant à l’école auront accès à de l’enseignement en ligne.
Le ministère de l’Éducation a par ailleurs annoncé vendredi que le financement par élève serait haussé de 250 $ à l’automne, soit environ 2 %. Cet argent doit servir à bonifier les programmes d’éducation de l’enfance en difficulté et pour les Autochtones, l’enseignement des langues et les services en santé mentale, notamment.
Le modèle du Québec
Le gouvernement du Québec a déjà opté pour un retour en classe de tous les élèves du primaire et du secondaire en septembre, selon les ratios normaux d’élèves par classe, mais avec certaines mesures de distanciation physique.
L’hôpital pour enfants SickKids, à Toronto, a présenté plus tôt cette semaine une série de recommandations pour la réouverture des écoles en Ontario, affirmant qu’un retour en classe s’imposait pour le bien-être psychologique des enfants, malgré le risque d’éclosions.
Certains experts ont toutefois affirmé que ces recommandations minimisaient le risque posé par la reprise des classes et contredisaient les directives de la santé publique en matière de distanciation physique et au sujet du port du masque.
Les demandes des enseignants
La Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) a dévoilé, jeudi, 40 recommandations pour assurer une rentrée « sécuritaire ».
Parmi ces recommandations :
- réduire la taille des classes pour faciliter la distanciation physique
- fournir de l’équipement protecteur aux enseignants (le port du masque serait autorisé à l’école voire obligatoire si c’est ce que recommandent les experts en santé publique)
- ajouter des éviers dans les écoles pour se laver les mains
- apposer des lignes sur le plancher pour marquer la distanciation physique
- réorganiser les circuits d’autobus scolaire pour éviter les contacts entre élèves de différentes écoles
- retarder l’entrée en vigueur du nouveau programme provincial de mathématiques
- annuler les évaluations provinciales de l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE)
- bonifier les ressources en santé mentale et pour les élèves ayant des difficultés d’apprentissage
La santé et la sécurité des élèves, des éducateurs, du personnel et de leur famille respective devraient être la priorité pour décider quand et comment les écoles rouvriront.

La page couverture du plan pour la rentrée de la FEEO dépeint des élèves portant un masque.
Photo : FEEO
La Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) avait présenté des suggestions similaires le week-end dernier, affirmant également que la province devrait évaluer la possibilité de permettre aux élèves dont la santé est vulnérable de poursuivre leurs études de la maison.
Le président du syndicat, Harvey Bischof, soutient que le gouvernement Ford n’a mené aucune consultation substantielle
auprès de ses membres sur la rentrée.
Pour sa part, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) n’a pas rendu publiques des recommandations, mais dit avoir soulevé auprès de la province des questions importantes pour la santé et la sécurité des élèves et des membres de l’AEFO pour la réouverture des écoles, ainsi que pour la livraison de l’enseignement.
Reste à voir si le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, aura retenu nos conseils et nos recommandations.
Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a affirmé, jeudi, que son gouvernement avait consulté les syndicats d’enseignants et nombre d’experts, y compris ceux de l’hôpital pour enfants de Toronto, dans l’élaboration de son plan pour la rentrée.
Beaucoup de parents et d’experts en Ontario ont appuyé la décision du gouvernement Ford de garder les écoles fermées jusqu’à la fin de l’année scolaire par précaution, contrairement au Québec qui a rouvert ses écoles primaires en mai.
L’annonce de vendredi sur la rentrée était donc attendue avec impatience dans le milieu de l’éducation et chez les familles en Ontario.
Plus tôt cette semaine, le premier ministre Ford a assuré qu’advenant un retour en classe en Ontario, aucun enseignant à la santé précaire ou devant s’absenter du travail pour veiller sur un proche qui a la COVID-19 ne perdrait son poste.